Londres, Royaume-Uni – Il y a 8 ans, nous rapportions dans theheart les résultats d’une étude grecque qui constatait une réduction du risque de coronaropathie chez les adeptes de la sieste post-prandiale, avec un risque relatif de 0,66. La même équipe de l’hôpital général d’Athènes a présenté ce jour au congrès de l’ESC 2015 les résultats d’une étude observationnelle sur l’impact tensionnel de la sieste en milieu de journée, chez des patients hypertendus traités [1]. Pour plus d’information sur le congrès, voir aussi notre Liveblog.
Après ajustement sur différents facteurs confondants, les investigateurs ont constaté que les hypertendus faisant la sieste avaient une pression artérielle systolique (PAS) ambulatoire moyenne (Holter) abaissée de 6 mmHg (baisse de 5%). Plus précisément, la différence de PAS est de 4% en journée (5 mmHg) et de 6% (7 mmHg) durant le sommeil.
« Cela semble peu mais il a été montré qu’une baisse aussi minime que 2 mmHg de la pression artérielle systolique peut réduire le risque d’évènement cardiovasculaire de 10% » a expliqué le Dr Manolis Kallistratos (Asklepieion Voula General Hospital, Athènes).
L’essai a inclus 386 hypertendus âgés en moyenne de 61 ans, 200 hommes et 186 femmes. Les investigateurs ont consigné les habitudes de sieste, la durée du sommeil (en minutes), le mode de vie, la pression artérielle au cabinet, la pression artérielle ambulatoire (PAS et PAD), l’IMC, la vitesse de l’onde de pouls et le résultat de l’échographie cardiaque complète (incluant le volume de l’OG) pour l’ensemble des patients.
L’ajustement a pris en compte l’âge, le sexe, l’IMC, le tabagisme, la consommation de sel et d’alcool, l’exercice physique et la consommation de café.
« Outre la baisse de la pression systolique, nous avons constaté que les hypertendus faisant la sieste avaient une vitesse de l’onde de pouls abaissée de 11% et un diamètre de l’oreillette gauche réduit de 5% » a ajouté le Dr Kallistratos dans sa présentation.
Dans ce travail, la durée de la sieste semble également liée au bénéfice obtenu, une sieste de 60 mn étant associée à une baisse supplémentaire de 4% de la pression ambulatoire et à une augmentation de 2% des sujets avec une baisse nocturne de la PA (deeper).
« La baisse de la pression ambulatoire des 24h et l’augmentation du nombre de sujets « deeper » (baisse nocturne physiologique de la PA) contribuent probablement à réduire les dégâts à long terme sur les vaisseaux et le cœur » a conclu l’investigateur.
Une habitude de vie bénéfique qui modifie probablement le tonus sympathique mais qui est devenue un luxe chez les personnes en activité à l’époque de la journée continue. A moins d’être Winston Churchill ou Margaret Thatcher et d’avoir l’autorité d’imposer sa sieste quotidienne dans l’après-midi.
REFERENCE :
1. Kallistratos M Association of mid-day naps occurrence and duration with bp levels in hypertensive patients. A prospective observational study. Poster session, 29 août, ESC 2015.
Citer cet article: Dr Catherine Desmoulins. La sieste en traitement d’appoint chez l’hypertendu - Medscape - 30 août 2015.
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