Démographie médicale : la solution viendra-t-elle de l’étranger ?

Jean-Bernard Gervais

Auteurs et déclarations

2 juillet 2015

Paris, France – Comment faire face aux défis posés par la démographie médicale actuelle en France ? Faut-il réformer le numerus clausus et les épreuves classantes nationale (ECN) ? La publication récente de l’atlas de la démographie médicale 2015 suscite, sur cette problématique, bien des questions [1]. Si le numerus clausus est en augmentation - il a triplé ces dix dernières années, pour atteindre 7497 places - il ne semble pas être à la hauteur pour combler, en temps voulu, le manque de médecins, dans certaines spécialités et certaines régions.

Rappelons que le nombre de médecins en activité régulière a encore baissé de 0,2% cette année.

La solution viendra-t-elle de l’étranger ?

La législation européenne permet de contourner désormais les fourches caudines du numerus clausus. De plus en plus d’étudiants français partent ailleurs en Europe pour décrocher un diplôme européen, ou reviennent en France au moment des ECN, et obtiennent un diplôme français, même si les six premières années de leur cursus ont été effectuées hors de France.

De même, les diplômés étrangers européens peuvent exercer sans entrave sur le territoire français.

Depuis 2007, il semble néanmoins exister une relative stagnation du nombre de médecins à diplôme étranger - qui représentent peu ou prou 25% des médecins nouvellement diplômés.

Leur répartition sur le territoire français est assez inégale : jusqu’à 38% des diplômés en région Centre (18% Union européenne, 20% hors Union européenne) ; 35% des effectifs en Picardie (25% hors UE, 10% UE), 31% en Ile-de-France (20% hors UE, 11% UE).

Pour le Dr Patrick Bouet, président du Conseil National de l’Ordre français « l’immigration de médecins étrangers ne résout pas le problème de la désertification médicale car ils s’orientent dans les mêmes endroits que les médecins français. Résultat, nous n’avons que 60% des postes dans les hôpitaux généraux qui sont pourvus. Tandis que les médecins étrangers, à l’instar des médecins français, préfèrent les grandes capitales régionales, ou le mercenariat. »

Jeux de chaises musicales et risques sanitaires
Ces migrations médicales intra-européennes, souligne le Dr Bouet, ne posent pas tant de problème au pays d’accueil qu’au pays de départ.

« Aujourd’hui, la Roumanie est à l’aube d’un désastre sanitaire. Plus des deux tiers des médecins qu’elle forme quitte le territoire. Ces migrations impactent l’Europe au sens de la stabilité sanitaire des systèmes de santé européens. »

Le problème n’est pas seulement franco-roumain. Des migrations médicales s’observent ailleurs en Europe. « Les conseils de l’Ordre estonien et lettoniens constatent également un flux entrant de médecins, russes cette fois-ci. Tandis que les médecins que ces deux pays ont tendance à migrer. » Les Ordres européens devraient saisir les gouvernements européens pour les avertir de la possible déstabilisation sanitaire que pourraient provoquer ces migrations médicales.

REFERENCE :

  1. Atlas de la démographie médicale 2015.

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