Paris, France – Et de deux : un second essai de phase 3 avec une immunothérapie par nivolumab (Opdivo®, Bristol-Myers Squibb) dans le cancer du poumon non épidermoïde non à petites cellules (CBNPC) montre la supériorité de ce traitement en termes de survie globale, de taux de patients répondeurs et de durée de la réponse comparativement à la chimiothérapie de référence par docétaxel.
Un résultat annoncé comme devant faire changer les pratiques dans le cancer du poumon au congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO 2015).
« Le nivolumab devrait devenir le traitement de référence dans le cancer bronchique non épidermoïde non à petite cellules déjà traité », a déclaré le Dr Roy Herbst, (New Haven, Connecticut) qui discutait les résultats. « La survie globale est améliorée et il y a moins de toxicité sous nivolumab que sous docetaxel. Il nous faut maintenant faire bénéficier de ce traitement aux patients en première ligne » a anticipé le Dr Herbst.
Essai CheckMate 057 L’essai CheckMate 057, présenté à l’ASCO compare le nivolumab (3 mg/kg/2 semaines) au docetaxel (75 mg/m2/3 semaine) auprès de 582 patients porteurs d’un CPNPC non épidermoïde, ayant progressé sous doublet de chimiothérapie à base de platine. L’étude montre un taux de patients répondeurs plus élevé sous nivolumab (19,2% vs 12,4%), une durée de la réponse au traitement nettement supérieure (17,1 vs 5,6 mois en moyenne) et une survie globale prolongée de 3 mois (12,2 vs 9,4 mois; HR : 0,73; p = 0,00155). Pour le sous-groupe de sujets présentant un haut niveau d’expression du liguand PD-L1 (programmed death ligand 1), le bénéfice est encore plus marqué avec une survie globale entre 17,2 et 19,4 mois, soit un doublement comparativement au docétaxel. |
« C’est un résultat sans précédent dans ce type de population déjà traitée» a commenté le Dr Luis Paz-Ares (Séville, Espagne), investigateur principal. « En général, les patients qui reçoivent du docétaxel en seconde ligne ont une survie globale de 8 à 10,4 mois ».
Ce dernier a souligné que, bien que les patients qui expriment fortement PD-L1 soient les plus répondeurs, ceux qui expriment faiblement le liguand ne sont pas, pour autant, non répondeurs. L’expression de PD-L1 est donc un biomarqueur prédictif d’une réponse favorable mais il n’a pas d’utilité comme biomarqueurs d’une réponse négative.
Dans la discussion, le Dr Herbst a lui aussi convenu que « l’expression de PD-L1 ne peut pas, à ce stade être utilisée comme biomarqueur. »
Le Dr Paz-Ares s’est dit confiant dans le maintien de la réponse à l’immunothérapie dans le cancer du poumon, comme cela a été constaté dans le mélanome.
Au plan de la tolérance, la survenue d’événements indésirables ayant conduit à l’interruption du traitement est de 5% sous nivolumab contre 15% docetaxel. « Les effets indésirables de cette immunothérapie, liés à l’excès d’immunité, sont très différents de ceux de la chimiothérapie et tout à fait uniques » a commenté le Dr Lynn Schuschter, (Université of Pennsylvania, Philadelphia.)
Cancers épidermoides et non épidermoïdes
C’est la seconde étude de phase 3 a montré un bénéfice sur la survie des CBCPC avec le nivolumab.
La première était CheckMate 017 dans la population de patients porteurs d’un CPNPC épidermoïde, métastatique, à un stade avancé, après une chimiothérapie antérieure. Ses résultats ont fait approuver le nivolumab dans cette indication aux Etats-Unis et ont conduit à recevoir récemment un avis positif de l’Europe .
« Il est possible que ce nouvel essai fasse approuver le nivomumab dans le sous-groupe des cancers bronchiques non épidermoïdes, qui représente la majorité (60%) des cancers du poumon » a prédit le Dr Paz-Ares. Les 40% restant se distribuent entre les cancers épidermoides (25%) et les cancers à petites cellules (CBPPC), qui représentent une entité à part.
Maintien de la réponse à la différence des thérapies ciblées
« L’immunothérapie est un bond en avant dans le cancer du poumon, y compris comparativement aux traitements ciblés, car elle peut bénéficier à tous les patients, a ajouté le Dr Ben Creelan (Tampa, Floride) pour Medscape International.
« Avec le nevolumab, dans une population de patients souffrant de CBCPC non sélectionnée, on peut espérer voir régresser la tumeur chez 20 % des patients et la voir se stabiliser pour 20% d’autres, soit un taux de réponses favorables de 40%.
Le maintien de la réponse, comparativement aux résistances qui surviennent généralement dans les 6 mois suivant la mise en route d’une thérapie ciblée, est un autre avantage conséquent.
Nous avons maintenant des patients qui sont toujours en rémission sous nivolumab depuis 5 ans. La durée de ces réponses est ahurissante pour le cancer du poumon. Il s’agit de patients qui ont participé aux premiers essais avec le nivolumab et qui ont pris le traitement durant 2 ans. Ils demeurent en rémission alors qu’ils ne sont plus sous nivolumab. L’arrivée de l’immunothérapie nous a fait changer notre façon de parler de l’avenir avec nos patients. »
L’étude CheckMate est un essai de Bristol-Myers Squibb. Dr Paz-Ares a déclaré avoir reçu des honoraires de Roche/Genentech, Lilly, Pfizer, Boehringer Ingelheim, Clovis Oncology, Bristol-Myers Squibb et MSD. Quelques co-auteurs sont des employés de BMS. Le Dr Creelan a déclaré des honoraires de Boehringer Ingelheim et Bristol-Myers Squibb. |
Le sujet est fait l’objet d’un article sur Medscape.com
REFERENCES :
Late breaking trials 109, Congrès de American Society of Clinical Oncology (ASCO) 2015; 30 mai 2015; abstract 8009.
Citer cet article: Dr Catherine Desmoulins. Cancer du poumon : résultats sans précédent sous nivolumab - Medscape - 1er juin 2015.
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