Lutte contre l'obésité: le sport ne peut pas venir à bout de la malbouffe

Vincent Richeux, Jenni Laidman

Auteurs et déclarations

29 avril 2015

Frimley, Royaume-Uni -- Opter pour une alimentation plus saine est bien plus efficace pour perdre du poids que pratiquer une activité physique. C'est le message que soutiennent trois chercheurs, dans un éditorial du British Journal of Sports Medicine [1], accusant par la même occasion l'industrie agroalimentaire d'entretenir l'idée que l'obésité est seulement liée à un manque d'exercice.

Ne pas minimiser les bienfaits de la pratique régulière d'une activité sportive…

« Il est temps d'en finir avec le mythe qui veut que l'exercice soit le meilleur moyen de lutter contre l'obésité » affirment Aseem Malhotra (Frimley Park Hospital, Frimley, Royaume-Uni), Timothy Noakes (University of Cape Town, Newlands, Afrique du Sud) et Stephen Phinney (University of California, Davis, Etats-Unis). « L'activité physique ne peut pas compenser les effets d'une mauvaise alimentation ».

 
L'activité physique ne peut pas compenser les effets d'une mauvaise alimentation . – Les auteurs
 

Pour les auteurs, il ne s'agit pas de minimiser les bienfaits de la pratique régulière d'une activité sportive. Ils rappellent d'ailleurs qu'elle reste un moyen très efficace de prévenir le développement de nombreuses pathologies, comme le diabète ou les maladies cardiovasculaires, mais, selon eux, « elle ne favorise pas la perte de poids ».

Le surpoids est lié à la quantité et à la qualité des calories consommées

Le surpoids est «à relier directement à la quantité et à la qualité des calories consommées ». L'épidémie d'obésité constatée dans les pays occidentaux « n'est que la partie visible des effets néfastes d'une mauvaise alimentation » Celle-ci « induit plus de pathologies qu'un manque d'activité, combinée à une consommation d'alcool et de tabac ».

Or, les chercheurs estiment que le grand public est trompé par « des messages faisant croire qu'un poids sain se maintient en brûlant les calories. Et nombreux sont ceux qui continuent de penser, à tort, que l'obésité est uniquement due à un manque d'exercice ».

 
Une mauvaise alimentation induit plus de pathologies qu'un manque d'activité, combinée à une consommation d'alcool et de tabac. – Les auteurs
 

Cette « fausse perception » serait entretenue par le marketing des industries agroalimentaires, « qui utilisent des tactiques similaires à celles de l'industrie du tabac ».

Ainsi, la marque « Coca-Cola, qui a dépensé 3,3 milliards de dollars en publicité en 2013, fait passer le message que 'chaque calorie compte'. Ils associent leurs produits au sport, suggérant qu'on peut continuer à les consommer, tant que l'on pratique un exercice physique ».

Manipulation par le marketing qui associe boissons sucrées et sport

Pour maitriser son poids, il est nécessaire de prendre en compte l'origine des calories. Les auteurs rappellent que les calories provenant d'aliments sucrés favorisent le stockage des graisses et n'estompent pas la faim, tandis que celles issues des lipides provoquent plus facilement la satiété.

« Pour 150 calories apportées en plus chaque jour par des glucides (soit une canette de soda), la prévalence du diabète de type 2 est 11 fois supérieure à celle observée avec une quantité similaire de calories provenant de lipides ou de protéines », ajoutent les chercheurs, citant une récente étude [2].

« La promotion des boissons sucrées et la banalisation d'une mauvaise alimentation à travers le sport doivent cesser », estiment-ils. « Cette manipulation par le marketing sabote les interventions gouvernementales, qui visent notamment à introduire une taxe sur les boissons sucrées ou interdire la publicité concernant des aliments mauvais pour la santé ».

Interrogée par l'édition internationale de Medscape, le Dr Sara Bleich (Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, Baltimore, Etats-Unis) a rappelé que l'activité physique reste bénéfique, en particulier en aidant à maintenir un poids idéal. « Mais, elle ne peut pas remplacer une alimentation saine ».

Pour cette spécialiste, qui travaille sur la mise au point de méthodes pour modifier les comportements alimentaires, le message essentiel est le même : « c'est ce que vous mangez et non pas le niveau d'activité qui compte réellement lorsqu'il s'agit de perdre du poids ».

Ce sujet a fait l'objet d'une publication dans Medscape.com

 

REFERENCES :

1. Malhotra A, Noakes T, Phinney S, It is time to bust the myth of physical inactivity and obesity: you cannot outrun a bad diet, editorial, British Journal of Sports Medicine, publication en ligne du 22 avril 2015

2. Asu S, Yoffe P, Hills N, The relationship of sugar to population-level diabetes prevalence: aneconometric analysis of repeated cross-sectional data, Plos One,Vol 13, Issue 8, 27 février 2013.

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