Prescrire un placebo (Diapositive 9)

Je suis un peu perplexe, sinon sceptique, concernant les réponses des médecins qui se disent peu enclins à prescrire un placebo. On est dans du déclaratif : il est possible que beaucoup ne veulent pas dire qu’ils donnent des placebos. Il faudrait aller beaucoup plus loin sur cette question, et faire préciser de quel type de placebo il s’agit. Ainsi, un placebo pur est un faux médicament fabriqué par le pharmacien contenant des amidons ou des sucres. Cela est devenu rare même si quelques préparations sont encore parfois demandées aux pharmaciens.
Le placebo impur, en revanche, est un médicament qui existe sur le marché avec une AMM et qui est prescrit pour une tout autre raison à un patient ; ou bien un médicament dont le médecin pense qu’il ne sert strictement à rien mais qui est prescrit pour rassurer le patient. A titre d’exemple, je citerai les anti-arthrosiques que de nombreux rhumatologues prescrivent à leurs patients, sans être convaincus de leur efficacité, et donc en les considérant comme des placebos en l’absence d’alternative thérapeutique. L’usage de médicaments prescrits pour leurs vertus placebo est une pratique extrêmement courante.
L’enquête Medscape ne porte pas sur les pharmaciens mais il y a aussi des pharmaciens qui ont des pratiques de « conseil » qui s’apparentent à la délivrance de placebos. Quand ils proposent des médicaments homéopathiques et qu’ils ne croient absolument pas à leurs effets, on peut considérer que ce sont, de leur point de vue au moins, des conseils de placebos.
Rupture du secret médical en cas de mise en danger d’autrui (Diapositive 10)

Je suis surprise par la diversité des réponses. Les médecins font comme s’il n’y avait pas de règles de déontologie médicale, ni même de loi sur ce sujet. Or, indépendamment de la loi relative aux droits des malades de 2002, Il est dit, dans le code de déontologie médicale, que le médecin doit informer son malade ; il est dit aussi que, pour des raisons que le médecin apprécie « en conscience », le malade peut être tenu dans l’ignorance d’un diagnostic si c’est « dans son intérêt », mais il est également précisé que, lorsqu’il y a un enjeu pour autrui, dans les cas où l’affection dont le patient est atteint expose les tiers à un risque de contamination, le médecin doit obligatoirement transmettre l’information.
RÉFÉRENCES
Enquête Medscape France, Les médecins français et l’éthique médicale.
Sylvie Fainzang, La relation médecins-malades : information et mensonge, Paris, PUF, 2006.
Enquête Medscape, US vs European Physicians: Medscape Ethics Report 2014
Citer cet article: Mentir ou dire la vérité pour le « bien » du patient ? - Medscape - 18 avr 2015.
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