Risque de cancer après gastrite à H pylori : surveillance obligatoire

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

3 avril 2015

Paris, France -- Devant une gastrite chronique, la recherche, puis l'éradication d'Helocobacter pylori (HP)constituent une méthode de prévention considérée comme efficace contre le cancer gastrique. « La disparition de l'infection réduit le risque de cancer de 40% », a souligné leDr Dominique Lamarque (Hôpital Ambroise-Paré, Boulogne-Billancourt), lors d'une présentation aux Journées francophones d'hépatogastroentérologie et d'oncologie digestive (JFHOD) 2015.

Cependant, l'élimination de H. Pylori a un effet variable selon le stade des lésions gastriques. Si les atrophies ont tendance à disparaitre, en particulier sur les muqueuses du corps de l'estomac, les métaplasies se maintiennent plus fréquemment.

De fait, sur les quelque 6 000 cas de cancers gastriques déclarés chaque année en France, près de 80% se développent à partir de lésions dues à une infection par Helicobacter pylori (HP). Associé à un mauvais pronostic, le cancer gastrique est la troisième cause de mortalité par cancer digestif.

Surveillance endoscopique obligatoire après élimination d'H. Pylori

Par conséquent, après une éradication, « une surveillance par endoscopie œsogastrique doit être obligatoirement envisagée », les lésions pouvant évoluer vers un cancer après plusieurs années. La prévention du cancer gastrique passe par une surveillance régulière avec des biopsies multiples réalisées chaque année ou tous les trois ans.

Il convient d'être particulièrement vigilant en cas d'antécédents familiaux, précise le Dr Lamarque. « Environ deux-tiers des patients développant un cancer de l'estomac présentent des facteurs de risque héréditaires ».

Autres facteurs à prendre en considération : le tabagisme et une alimentation riche en viande ou trop salée, qui favorisent l'apparition de lésions en cas d'infection par HP.

Pratiquer des biopsies étagées

Pour dépister le cancer gastrique, il faut être capable d’en reconnaitre les lésions d’où la nécessité de réaliser plusieurs biopsies étagées lors d'une endoscopie.

En cas d'atrophie diffuse ou sévère ou de métaplasie intestinale sans dysplasie, l'examen est à renouveler tous les trois ans, indique le Dr Lamarque.

Il est alors recommandé d'effectuer une biopsie sur l'angle (à l'entrée de l'estomac), deux au niveau du corps de l'estomac et deux sur l'antre, avant le duodénum.

« Si l'atrophie ou la métaplasie est diffuse dans l'antre ou le corps de l'estomac ou si l'inflammation s'avère sévère, le risque de cancer peut être multiplié par 60, par rapport à la population générale. D'où l'intérêt de réaliser des biopsies étagées », a expliqué le médecin.

Lorsqu'une dysplasie de bas grade est mise en évidence, la surveillance devient annuelle, en raison du risque élevé de cancer.

« Dans les deux années qui suivent la découverte de ce type de lésion, près de 5% des patients développent un cancer de l'estomac ».

Chez ces patients, il est recommandé de réaliser chaque année neuf biopsies sur les trois niveaux de l'estomac.

Cohorte Gastrimed
Afin de faire évoluer les recommandations, une cohorte prospective française, baptisée Gastrimed, a été mise en place. Tous les patients avec métaplasie intestinale gastrique peuvent encore être inscrits sur le site dédié. La surveillance endoscopique sera assurée pendant 4 ans.

REFERENCE :

1. Lamarque D, Quand et comment surveiller une gastrite chronique? JFHOD 2015, 20 mars 2015.

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