Santé, humeur, addiction, sexualité : comment vivent les ados d’aujourd’hui ?

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

26 mars 2015

Paris, France – Une grande enquête, coordonnée par l’Inserm et la Fondation Vallée, portant sur 15 235 jeunes de 13 à 18 ans, dresse un portrait réaliste des adolescents d’aujourd’hui, bien loin, des clichés véhiculés ici et là.

Les résultats réaffirment le caractère complexe de cette période, révèlent des différences de maturité filles/garçons mais les décrivent globalement en bonne santé, prenant soin d’eux (hygiène, look), à l’aise dans leurs relations avec leurs parents, préoccupés par leur scolarité et responsables dans leur sexualité. Donc des ados qui vont plutôt bien, mais pas question de tomber dans l’angélisme non plus. Les auteurs notent en effet un peu plus de tentatives de suicide qu’avant, des filles accros au tabac, des épisodes de « binge-drinking » chez les garçons et un peu moins de 10% de jeunes qui semblent plus en difficulté et usent de pratiques à risque (auto-mutilation/jeux dangereux).Ce sont autant de données qui serviront à la mise en place d’actions de prévention.

L’adolescence : toujours pas une période facile

On les dits matérialistes, accros à leurs portables mais déconnectés de la réalité, désabusés, je-m’en-foutiste et voire décérébrés…l’image des adolescents relève souvent plus de la caricature ou du fantasme des adultes que de la réalité. Pour faire la part des choses, trois « chercheuses » de l’Unité Inserm 1178 « Santé mentale et santé publique » et le pôle Universitaire de la Fondation Vallée, ont analysées les données recueillies au moyen d’auto-questionnaires (anonymes) proposés à un échantillon de 15 235 jeunes âgés de 13 à 18 ans, scolarisés dans trois régions géographiques différentes (4 ème à terminale). L’étude a abordé des sujets aussi divers que leurs loisirs, ou leurs consommations mais s’est focalisée sur leur santé physique et mentale.

 
Dans bien des domaines, [les filles] apparaissent, plus tôt, plus matures et plus lucides, et se posent plus de questions sur elle-même et sur le monde.
 

Transition entre l’enfance et l’âge adulte, l’adolescence est une période de bouleversements psychologique et physiologique complexes, pouvant entrainer certaines difficultés, et mener à des conduites à risque.

Les jeunes interrogés en sont conscients, ils sont d’ailleurs 56 % à considérer que l’adolescence n’est pas toujours une période facile. Cette étude montre toutefois que près de la moitié des adolescents (48,4 %) a confiance en l’avenir (surtout les garçons, 58,6 % contre 38,9 % de filles).

« Dans bien des domaines, celles-ci apparaissent, plus tôt, plus matures et plus lucides, et se posent plus de questions sur elle-même et sur le monde » indique le rapport.

Une grande majorité des jeunes se sent bien dans ses relations avec ses parents, et pense que ces derniers posent un regard positif sur eux. Lucide, la plupart estime, par ailleurs, que « les adultes en général sont trop inquiets pour les adolescents (72,8 %) ».

Sans grande surprise, le sport, la musique, les amis, internet et les jeux sur ordinateurs (surtout les garçons) sont les loisirs les plus plébiscités par les adolescents et 88% d’entre eux sont sur les réseaux sociaux. Pour ce qui est de l’école, une très grande majorité d’entre eux la trouve fatigante, stressante et agaçante, voire pénible, bien qu’ils la considèrent comme essentielle.

Plus lucides qu’il n’y parait
On les pense accros aux marques, sensibles aux dernières nouveautés, mais, sur le papier tout du moins, les jeunes sont moins matérialistes qu’il n’y parait : 88 % (90,3 % des filles versus 85,5 % des garçons) considèrent que leur propre valeur ne dépend pas du nombre d’objets qu’ils possèdent. « La valeur qu’ils s’accordent est liée à l’image qu’ils donnent aux autres, à leurs résultats scolaires, mais aussi à leur créativité. »
Même lucidité en matière d’éducation. Le laxisme n’a plus vraiment la côte. Si plus de la moitié des adolescents pense que les adultes posent trop de limites, ils sont paradoxalement 75% à reconnaitre en avoir besoin. A manier avec précaution toutefois : plus des trois quarts d’entre eux pensent que trop de limites poussent, au contraire, à prendre des risques (77 %).
Enfin, si les ados sont rivés aux écrans, ils n’en sont pas moins très critiques. Ils sont nombreux à trouver les émissions « idiotes ou débiles » et, à plus de 80%, ils détestent la publicité.

 

Les ados consultent régulièrement

Quid de l’état de santé des ados ?

Globalement, 89,9% des jeunes s’en estiment plutôt ou très satisfaits, plus les garçons que les filles (92,2% vs 87,8%). Le médecin fait partie de leur environnement puisqu'ils sont 68,7% à en avoir consulté un dans le mois ou la semaine qui a précédé l’enquête. A noter que les adolescents sont très peu nombreux à évoquer leur santé dans le monde scolaire, éventuellement avec l’infirmière scolaire (la plus désignée 6,1% des adolescents). En revanche, le psychologue ou le psychiatre reste une personne ressource envisageable

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