Le blog du Pr Christian Perronne – Infectiologue

L’épidémie de grippe qui vient de s’achever a été particulièrement forte. Elle est à l’origine d’une saturation des services d’urgences à la mi-février et d’une surmortalité estimée à 10 200 décès durant les 9 semaines d’épidémie en France. A titre de comparaison, ce chiffre est à peu près comparable à celui des décès observés en Afrique avec le virus Ebola. En Europe, on estime le nombre de décès supplémentaires liés à la grippe à 80 000.
Ce sont surtout les personnes âgées de plus de 65 ans et les personnes fragiles avec des pathologies cardiaques, respiratoires ou des immunodépressions, qui ont fait des formes sévères. Et la mortalité liée à des surinfections secondaires (pneumonies bactériennes) a plus spécifiquement touché les plus de 85 ans.
Quid de la souche 2014-2015?
Cet hiver, la souche était composée de 87% de virus A et de 13 % de virus B. Le virus A est pour un quart (1/4) un descendant du virus A (H1N1) de la pandémie de 2009 qui a perdu de sa virulence et pour les trois quart (3/4) du A (H3N2). Or ce virus majoritaire a muté après conception du vaccin en A (H3N2 bis) pour donner à la fois une souche plus virulente et non sensible à la vaccination antigrippale hivernale.
Cette mutation (après fabrication du vaccin) se produit de temps en temps au fil des années et elle ne laisse malheureusement pas la possibilité aux industriels de refaire un vaccin avant l’arrivée de l’épidémie.
Ces catastrophes imprévisibles sont la preuve indirecte que le vaccin antigrippal annuel est la plupart du temps efficace pour protéger les personnes les plus fragiles.
Citer cet article: Grippe 2015 : l’éclairage de l’infectiologue - Medscape - 30 mars 2015.
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