LEGACY : effets bénéfiques à long terme de la perte de poids sur la FA

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

20 mars 2015

San Diego, Etats-Unis – Les résultats à 5 ans de la cohorte australienne de patients obèses ou en surpoids LEGACY (Long-Term Effect of Goal Directed Weight Management on an Atrial Fibrillation)viennent d’être présentés au congrès de l’American College of Cardiology (ACC) 2015 et publiés dans le JACC [1]. Ils montrent l’impact très positif et dose-dépendant de la réduction pondérale sur la récurrence des épisodes de fibrillation auriculaire (FA) sur le long terme (5 ans), et ce d’autant, que la perte de poids obtenue lors de la première année est conséquente (>10% de l’IMC initial) et se maintient. Ces effets favorables sont possiblement médiés par la diminution de la pression artérielle, l’effet sur le contrôle diabétique, le profil lipidique, l’inflammation et le remodelage structurel auriculaire.

« L’étude la plus importante du congrès »
Et les résultats sont tellement bluffants que, lors de leur présentation à San Diego, le Dr Richard Fogel, président de la Société américaine de rythmologie, n’a pas hésité à confier au Dr John M. Mandrola (cardiologue et blogueur sur Medscape.com) qu’il s’agissait sans aucun doute de « l’étude la plus importante du congrès ». « Cela modifie entièrement l’approche des patients atteints de FA». Avec une révélation à la clé : « Peut-être qu’au lieu de leur parler de médicaments et d’ablation, je devrais plutôt évoquer avec eux la perte de poids ».

Suivi hygiéno-diététique régulier

L’obésité, tout comme sa flopée de comorbidités cardio-métaboliques (hypertension, diabète, apnée du sommeil), pourraient contribuer à la progression de l’épidémie de FA – dont la prévalence devrait atteindre 15,9 millions d’américains en 2050. Ce sont donc autant de cibles sur lesquelles agir pour contrer l’extension de la FA. L’effet à court terme de la réduction pondérale sur les symptômes de FA a été établi [2]. Restait à démontrer le bénéfice à long terme d’une réduction pondérale initiale, en tenant compte des possibles oscillations de poids.

Pour ce faire, des chercheurs ont inclus 825 patients du Center for Heart Rhythm Disorders de l’Université d’Adélaïde (Australie) avec un IMC ≥ 27 kg/m 2 à qui ils ont proposé un programme diététique comprenant des conseils précis sur l’alimentation et la pratique d’une activité physique. Les patients ont été suivis tous les 3 mois dans un premier temps : l’objectif étant une réduction pondérale de 10%. La pression artérielle, l’intolérance au glucose, le profil lipidique et inflammatoire, de même que les épisodes de FA (fréquence, durée, sévérité) ont fait l’objet d’une surveillance tout au long de l’étude.

En tenant compte des facteurs d’exclusion (FA permanente, IDM ou chirurgie cardiaque pendant l’année précédente, pathologie carcinologique en cours, dysfonction ventriculaire gauche, valvulopathie sévère, insuffisance rénale ou hépatique, maladies auto-immunes ou inflammatoires), la cohorte finale a porté sur 355 patients répartis de la façon suivante :

- Groupe 1 : 135 participants ayant obtenu une perte de poids > 10 % (64% d’hommes, âge moyen : 65 ans)

- Groupe 2 : 103 participants avec une perte de poids de 3 à 9 % (63% d’hommes, âge moyen : 63 ans)

- Groupe 3 : 117 participants avec une perte de poids < 3 % (71% d’hommes, âge moyen : 61 ans)

Les caractéristiques des patients à l’inclusion étaient les mêmes dans les 3 groupes et la durée de suivi de l’ordre de 48 ± 18 mois. A noter que les patients qui ont perdu > 10% de leur poids corporel de départ ont majoritairement (66%) maintenu cette perte pondérale pendant ce suivi.

Bénéfice de la perte pondérale et de l’absence de fluctuations du poids

 
Une réduction pondérale > 10% se traduit ainsi par une probabilité 6 fois plus élevée de survie sans arythmie.
 

Après 5 années de suivi, plus de patients du groupe 1 sont restés exempts d’épisodes de FA (tel que définis par le critère primaire combinant un Holter de 7 jours annuels et une échelle de sévérité de la FA), et ce, sans médicaments anti-arythmiques ou geste d’ablation (soit 45,5% dans le groupe 1 contre 22,2% dans le groupe 2 et 13,4% dans le groupe 3).

Une analyse multivariée fait apparaitre que l’importance de la perte de poids et les fluctuations de poids (p<0.001) comme deux facteurs prédictifs indépendants. Une réduction pondérale > 10% se traduit ainsi par une probabilité 6 fois plus élevée de survie sans arythmie comparé aux deux autres groupes (IC95%: 3,4-10,3, p<0,001). Ce bénéfice est en partie altéré par des fluctuations de poids supérieurs à 5% (entre 2 visites annuelles) qui augmentent alors d’un facteur 2 la probabilité de récurrence de l’arythmie (IC95% 1,0-4,3; p =0,02). Ainsi, 76% des patients

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