Paris, France -- La souche épidémique de grippe 2014-15, de type A(H3N2) a été et reste dans les pays du Nord de l’Europe particulièrement virulente.
En France, la Direction Générale de la Santé (DGS) et l’InVS ont fait un point sur l’épidémie de grippe 2015 : baisse du nombre de cas à la semaine 9 avec un pic atteint en semaine 5 (début février), plus de 2,5 millions de personnes concernées, une surmortalité estimée à 8 500 décès, des personnes âgées sévèrement touchées, plus de 1 200 personnes hospitalisées en réanimation (46 % de syndrome de détresse respiratoire aiguë et 54 % de recours à la ventilation mécanique), une souche A très prédominante, A(H3N2) surtout et A(H1N1). Les saisons grippales 2008-2009 et 2012-2013, dominées par les A(H3N2) avaient déjà été accompagnées d’une surmortalité particulière.
Le réseau de surveillance européen de l’excès de mortalité (Euromomo) conclut aussi à un excès de mortalité des personnes âgés fin février en France, Portugal, Grande-Bretagne, Belgique, Pays-Bas, Espagne et Suisse. Ces décès supplémentaires seraient en rapport avec la circulation de virus de grippe A (H3N2) et avec une période de temps froid et humide sur le sud de l’Europe fin janvier.
Une épidémie qui est sur la fin
L’ECDC est néanmoins rassurant sur les semaines à venir, puisqu’il fait état d’une intensité faible à moyenne de l’épidémie dans les pays du sud de l’Europe. Seuls certains pays du nord tels que l’Allemagne, le Luxembourg, la Suède, la Finlande ou la Suisse restent en situation épidémique.
L’Allemagne fait les comptes Selon le journal Die Welt, cette épidémie 2015 aurait déjà coûté 2,2 milliards d’euros à l’Allemagne, soit 0,3 point de PIB. Pour estimer l’impact d’une épidémie, les économistes tiennent compte du coût des traitements, de l’absentéisme, des décès prématurés et de leur impact sur la consommation. |
Deux grippes tous les 10 ans après l’âge de 30 ans
Il semblerait donc que les pics de grippe, en particulier H3N2, soient associés, de façon régulière, à des pics de mortalité. Cette donnée va dans le sens qu’un article publié début mars dans Plos Biology [1]. En analysant les anticorps circulants dirigés contre 9 souches de grippe A(H3N2) entre 1968 et 2009, les auteurs concluent que les enfants sont concernés par la grippe en moyenne une fois par an et que les adultes âgés de 30 ans à 64 ans, le sont deux fois tous les 10 ans.
La demi-vie d’immunisation moyenne après une infection par le virus A(H3N2) a été estimée à 2,4 ans. Le Dr Adam Kurcharski (Londres, Grande-Bretagne) insiste sur l’intérêt de différentier les vraies grippes des rhinopharyngites causées par des rhino ou des coronavirus. Les vraies grippes sont donc moins fréquentes que l’on imagine, mais il est possible que certaines souches soient plus virulentes et plus transmissibles que d’autres, en particulier lorsque les épidémies surviennent à distance des immunisations précédentes.
Il semble que ce soit le cas de l’épidémie de grippe A(H3N2) de cet hiver….couplé à la faible efficacité du vaccin du fait d’une mutation tardive du virus.
REFERENCE :
Kucharski AJ, Lessler J, Read JM et coll. Estimating the Life Course of Influenza A(H3N2) Antibody Responses from Cross-Sectional Data. PLoS Biol 13(3): e1002082. doi:10.1371/journal.pbio.1002082
Citer cet article: Dr Isabelle Catala. Grippe 2014-2015 : une virulence quinquennale qui plombe l’Europe - Medscape - 6 mars 2015.
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