On observe donc un bénéfice maximal pour une durée de running hebdomadaire comprise entre 1h et 2h30, fragmentée en 2 ou 3 séances, réalisées à intensité faible à modérée. Pour les activités plus soutenues, le bénéfice devient non significatif par rapport à l’absence d’exercice.
Cette notion de courbe en U est confortée par une seconde analyse combinant durée, fréquence et intensité des entrainements. Trois catégories de coureurs ont été définies en combinant ces trois paramètres.
Sans entrer dans le détail de ces combinaisons, pour les coureurs que l’on pourrait qualifier de dilettantes (moins de 2,5h par semaine, en 3 séances maximum, et à une vitesse de l’ordre de 8 km/h), le RR est de 0,22 [0,10-0,47].
Chez les coureurs moyens, chez lesquels la durée, la fréquence ou l’intensité de l’effort est un peu supérieure, le RR est de 0,66 [0,32-1,18].
Enfin, chez les vrais enthousiastes dont la vitesse dépasse 11 km/h, le risque devient supérieur à ce que l’on observe chez les sédentaires : 1,97 [0,48-8,14].
« La mortalité la plus faible était observée chez les runners les plus modérés en termes de rythme, quantité et fréquence des entrainements. Les coureurs moyens présentaient une mortalité significativement supérieure, mais qui restait inférieure à celle des sédentaires, tandis que les coureurs intensifs présentaient une mortalité non significativement différentes de celle des sédentaires », résument les auteurs.
Conclusion, en matière de course à pied comme partout (?) ailleurs, c’est le dilettantisme qui sauve.
Attention, dilettantisme n’est pas paresse. « Il faut insister sur le fait que, même le jogging lent correspond à un exercice vigoureux (de l’ordre de 6 METs) », notent les auteurs, en ajoutant que « le running très intensif (12 METs) effectués durant des décennies, peut poser un problème de santé, en particulier sur le plan cardiovasculaire ».
A confirmer (mais la confirmation bousculerait quelques idées reçues)
S’agissant du mécanisme d’un effet délétère, le papier danois reprend les hypothèses classiques : remodelage du cœur et des grosses artères par le sur-exercice chronique, surcharge droite transitoires lors des pics d’effort (marathons, triathlons, …), apparition de zones fibrotiques favorisant l’arythmie.
« A notre connaissance, aucune étude de longévité n’a été menée chez des marathoniens, semi-marathoniens ou triathlètes », indiquent les auteurs. « Ces études serait clairement informatives ».
« L’association [entre running et mortalité] selon une courbe en U suggère l’existence d’une limite supérieure à la dose d’exercice optimale pour la santé », conclut l’équipe danoise. « Cette hypothèse doit être approfondie, et, en cas de confirmation, pourrait être incorporée dans les recommandations sur l’activité physique destinées au grand public ».
Un éditorial associé au papier danois est cependant prudent. Principale critique : la faiblesse de l’effectif face à d’autres études beaucoup plus importantes, qui, elles, n’ont pas mis en évidence de limite supérieure.
L’étude ne comportait que 47 coureurs (4%) s’entrainant plus de 4 heures par semaines, et 80 (9%) s’adonnant à plus de trois séances hebdomadaires, avec seulement un et cinq décès observés dans ces deux catégories, note ainsi l’éditorial.
Reste que l’argumentation est un peu contradictoire, qui évoque à la fois « une relation dose-réponse entre course à pied et mortalité toujours sujette à débat et controverse », et « le consensus actuel sur la relation dose-réponse linéaire entre activité physique totale et santé ».
L’éditorial reconnait au moins une « bonne nouvelle » dans le fait que, comme le soulignent les auteurs danois eux-mêmes, « le bénéfice de mortalité associé à une pratique très modeste du jogging, va encourager davantage de personnes à s’entrainer avec des objectifs accessibles et durables ».
L’étude a été financée par la Danish Heart Foundation. Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt ne rapport avec le sujet. |
REFERENCES :
Schnohr P, O’Keefe JH, Marott JL et coll. Dose of Jogging and Long-Term Mortality The Copenhagen City Heart Study. J Am Coll Cardiol 2015;65:411–19.
Lee D-C, Lavie CJ, Vedanthan R. Optimal Dose of Running for Longevity : Is More Better or Worse ? J Am Coll Cardiol 2015;65:420-22.
Citer cet article: Vincent Bargoin. Running : comment doser les entrainements pour le meilleur impact sur la mortalité - Medscape - 12 févr 2015.
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