Running : comment doser les entrainements pour le meilleur impact sur la mortalité

Vincent Bargoin

Auteurs et déclarations

12 février 2015

Copenhague, Danemark – En matière de running (précision : le running s’emploie pour toutes formes de course à pied alors que le jogging est toujours une course d’intensité modérée), la notion de dose a déjà été mise en avant par de nombreux travaux, mais généralement pour montrer l’existence d’une durée, intensité ou rythme plancher pour obtenir un bénéfice. La possibilité d’une « dose maximale » est, elle, suggérée dans quelques études, mais elle est loin de faire consensus.

Dans le Journal de l’American College of Cardiology, des auteurs de la Copenhagen City Heart Study publient des résultats qui vont dans le sens d’une relation running/mortalité à type de courbe en U, avec un bénéfice qui commence très tôt – entre 1 et 2h 30 de running par semaine, le RR de mortalité par rapport aux sédentaires, et de 0,29 – mais qui disparait avec des durées dépassant 4h par semaine [1].

Une population hétérogène

La Copenhagen City Heart Study est un registre prospectif ouvert en 1976. Les résultats publiés dans le JACC portent sur 1098 runners (593 hommes, 505 femmes), en bonne santé lors de leur inclusion entre 2001 et 2003, et comparés à 3950 non runners, eux-aussi en bonne santé.

Lors de cette inclusion, des questionnaires ont été remplis sur la durée hebdomadaire des entrainements, leur fréquence et leur intensité (lent, modéré, rapide). Ce dernier critère était évalué subjectivement par l’intéressé(e), « approche plus appropriée qu’une échelle absolue pour des sujets dont les âges (20-95 ans) et les performances physiques étaient très différents », relèvent les auteurs.

« D’une manière générale, les coureurs étaient plus jeunes, présentaient une PA et un IMC plus bas, fumaient moins et présentaient moins de diabète que les sujets sédentaires », ajoutent-ils. Toutefois, « il y avait un recoupement très important des tranches d’âge entre les joggers (20-86 ans) et les sédentaires (21-92 ans) ». Manière de dire que les ajustements ont été pratiqués entre deux populations très différentes, et sur une tranche d’âge très large, et qu’ils sont donc relativement fragiles.

On note enfin que les coureurs s’entrainaient depuis 10 ans en moyenne, et qu’il n’y avait aucune interaction entre le sexe et la durée, le rythme ou l’intensité des entrainements : en d’autres termes, les femmes courent autant que les hommes.

Durée, fréquence et intensité : le mieux est l’ennemi du bien

Ces sujets ont été suivis jusqu’en avril 2013, ou jusqu’à leur décès. Parmi les 1098 runners, 28 décès ont été recensés, contre 128 parmi les 3950 non runners. Il s’agit des décès toutes causes confondues, « le faible nombre de décès dans chaque groupe empêchant de distinguer les différentes causes de décès », notent les auteurs.

Par rapport aux sujets sédentaires, pris pour référence, et après ajustements pour le sexe, l’âge, le tabac, l’alcool, le niveau d’éducation et le diabète, le RR de décès associé à une durée de running inférieure à 1h/semaine, est de 0,47 (IC95%[0,29-0,77].

Entre 1 et 2,4h, le RR descend à 0,29 ([0,11-0,80]).

Entre 2,5h et 4 h hebdomadaires, le RR remonte à 0,65 [0,20-2,07]. Enfin, au-delà de 4 h hebdomadaires, on constate toujours un bénéfice, mais avec un intervalle de confiance démesurément large : RR=0,60 ; [0,08-4,36].

S’agissant de la fréquence des entrainements, les trois catégories < 1, entre 2 et 3, et > 3 séances hebdomadaires, sont assorties de risques de 0,29 [0,12-0,72], 0,32 [0,15-0,69] et 0,71 [0,29-1,75].

Enfin, s’agissant de l’intensité, faible, modérée ou élevée, les chiffres sont respectivement de 0,51[0,24-1,10, 0,38 [0,22-0,66] et 0,94 [0,40-2,18].


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