Hier les internes, aujourd’hui les MG : la fronde contre la loi de santé perdure

Jacques Cofard

Auteurs et déclarations

5 février 2015

Paris, France – Ce 5 février, les syndicats de médecine générale (MG) appellent une nouvelle fois à la fermeture des cabinets. Outre le retrait de l’obligation de tiers-payant, c’est l’absence de revalorisation du C qui poussent les syndicats de MG à faire à nouveau grève, après celle du 5 janvier, et du 23 décembre au 31 décembre [1]. Tandis que se profile une grande manifestation nationale le 15 mars prochain, à l’appel de tous les syndicats d’internes et de médecins : Isnsi, Isnar-IMG, Isncca, CSMF, SML, UFML

Grève des internes particulièrement suivie

Hier, c’était les internes qui observaient une journée de grève contre le projet de loi de santé, contesté par de nombreux médecins. A l’appel de l’ Intersyndicat national des chefs de clinique assistants (Isncca), de l’Intersyndicat national des internes (Isni), et de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG), réunions et manifestations ont été organisées dans plusieurs villes françaises. A Paris, la grève a été particulièrement suivie. Selon le Syndicat représentatif parisien des internes en médecine générale (SRP-IMG), « les internes de médecine générale d’Ile-de-France étaient 55% à se déclarer gréviste, et environ 400 internes parisiens de toute spécialité ont manifesté devant le Ministère de la Santé ». Principale revendication des jeunes médecins : le retrait du tiers-payant, la suppression de la déclinaison régionale des négociations conventionnelles.

Quant à la confédération syndicale des médecins de France (CSMF), ils avaient appelé de nouveau à une grève des gardes entre le 30 janvier et le 2 février.

4 groupes de travail pour faire évoluer le texte

Pourtant, du côté de Marisol Touraine, ministre de la Santé, des groupes de travail ont été mis en place pour « réécrire » en partie le projet de loi de santé. Dans un communiqué du 20 janvier dernier, elle annonçait la mise en place de quatre groupes de travail pour faire évoluer le texte avant son passage au Parlement [2]. En parallèle, deux « chantiers spécifiques » sont également lancés sur la revalorisation de la médecine générale, et la place de la médecine spécialisée dans le système de soins.

Un groupe de travail sur le tiers-payant, conduit par Anne-Marie Brocas, présidente du Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie, devra déterminer « les solutions techniques qui permettront de mettre en place un système à la fois simple, rapide et fiable ».

Un deuxième groupe de travail, sous la houlette du Dr Jean-François Thébaut, membre du collège de la Haute autorité de santé et de Véronique Wallon, directrice générale de l’ARS Rhône-Alpes, devra plancher sur l’organisation des soins de proximité dans les territoires.

Concernant la délégation de tâches, un autre groupe présidé par Yves Matillon, ancien directeur de l’agence nationale de l’accréditation et de l’évaluation en santé (Anaes) travaillera sur l’évolution des compétences, en particulier sur la prescription de vaccination accordée aux pharmaciens ou encore à l’évolution des compétences des paramédicaux.

Enfin, à l’intention des cliniques, un dernier groupe de travail, sous la houlette du Dr Jean-Luc Baron, président de la conférence des présidents de CME de cliniques, se réunira pour définir les conditions d’accès des cliniques au service public hospitalier, en se concentrant sur la limitation des dépassements d’honoraire. Jusqu’à présent, seul ce dernier groupe s’est réuni à deux reprises, les 26 janvier et 5 février.

Remise en cause inacceptable du métier de médecin et mainmise de l’état

Pas sûr que cela suffise. Côté syndicats, l’inquiétude demeure, comme l’a exprimé la CSMF dans un communiqué [3]. « Si le Bureau de la CSMF constate que certains groupes ont permis l’écoute de ses propositions, il s’interroge sur l’utilité de ces groupes de travail, écrit la Confédération. L’absence de discussions sur les pratiques avancées (article 30 du projet de loi), intervenue lors de la réunion du 3 février, confirme la remise en cause inacceptable du métier de médecin. La mise en place d’un service territorial de santé au public par certaines ARS et contre l’avis des médecins libéraux, avant même l’examen de la loi démontre ce que craint la CSMF depuis le début : la volonté de mainmise totale de l’Etat via les ARS, sur l’organisation de la médecine libérale. »

Le Syndicat parisien d’internes en médecine générale, le SRP-IMG, regrette, pour sa part, le calendrier contraint de ces commissions de travail : « celles-ci auront eu moins de 3 semaines avant le dépôt du texte au Parlement le 15 février 2015, alors même que la version actuelle du Projet de Loi a été déposée en l’état au Conseil des Ministres il y a plus de 3 mois sans aucune concertation sur son contenu. » Le texte de loi devrait être débattu en séance publique au Parlement en avril prochain.

 

REFERENCES :

  1. MG France. MG France invite les généralistes à rester mobilisés

  2. Ministère de la Santé. Loi de santé : Marisol TOURAINE annonce quatre groupes de travail avec les professionnels de santé pour faire évoluer le texte avant son passage au Parlement, 20 janvier 2015

  3. CSMF. La CSMF quittera les groupes de travail en l’absence de volonté réelle de réécriture du projet de loi

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