Pollution aux particules et mortalité dans 17 villes : enquête de l’InVS

Vincent Richeux

8 janvier 2015

Paris, France – Une augmentation des niveaux de particules atmosphériques PM10 (diamètre inférieur à 10 microns) de 10μg/m3 se traduit par une hausse significative de la mortalité non accidentelle dans les cinq jours qui suivent, en particulier l'été, selon une étude portant sur 17 villes de France, parue dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).

En 2012, un décès sur huit dans le monde a été associé à la pollution de l'air, selon les derniers chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) concernant la pollution atmosphérique. Près de 80% des décès associés à la pollution extérieure sont d'origine cardio-vasculaire.

Seule Dijon est en dessous des normes de l'OMS

Pour les particules de tailles inférieures à 10 microns (PM10), l'OMS recommande de ne pas dépasser les 20 μg/m3 en moyenne par an. En Europe, la norme sur la qualité de l'air fixe cette valeur seuil à 40 μg/m3.

Dans leur étude, Magali Corso et ses collègues de l'Institut de veille sanitaire (InVS) se sont intéressés à 17 villes françaises* de plus de 100 000 habitants, totalisant plus de 15 millions de citadins, dont près de la moitié à Paris.

Après avoir recueilli les données de mortalité non accidentelle pour ces villes entre 2007 et 2010, ils ont recherché une corrélation avec les pics de pollution apparus pendant cette période.

Leur analyse révèle tout d'abord un état des lieux de la pollution atmosphérique. En moyenne annuelle, aucune ville ne dépasse la valeur réglementaire européenne de 40 μg/m3, mais seule Dijon affiche une valeur inférieure à la norme de l'OMS (taux moyen de particules PM10 à 19,3 μg/m 3).

Parmi les villes affichant les plus fortes concentrations en PM10 sur l'année, Marseille arrive en tête avec un taux moyen 31,8 μg/m3, suivie de Lille (30,9 μg/m3) et Lyon (29,5 μg/m3). Paris se place en septième position , avec un niveau moyen annuel de 27 μg/m3. La capitale est toutefois en première ligne concernant le taux d'ozone dans l'atmosphère.

Jusqu'à +3% de mortalité cardio-vasculaire

Les auteurs ont pu observer un effet à court terme sur la mortalité d'une hausse rapide du niveau de ces particules en suspension. Une augmentation de 10μg/m3 du taux de PM10 dans une journée a ainsi été associée à une hausse de la mortalité non accidentelle de 0,5% dans les cinq jours qui suivent, avec un risque accru chez les personnes de 75 ans et plus (+1,04%).

Cette étude confirme les effets à court terme des PM10 sur la mortalité, même à des concentrations conformes à la réglementation européennes - les auteurs

L'effet s'est avéré plus immédiat encore lorsque le pic survenait en été. La mortalité cardiovasculaire a ainsi augmenté de 2% le jour suivant. Sur cinq jours, la hausse de la mortalité cardiovasculaire a atteint 3%. Un effet qui proviendrait davantage de l’ozone que de la chaleur, notent les auteurs.

Cette élévation du risque cardio-vasculaire serait essentiellement due aux particules les plus fines, capables de traverser les parois des alvéoles et de passer dans la circulation sanguine, provoquant alors une augmentation de la viscosité sanguine.

« Cette étude confirme les effets à court terme des PM10 sur la mortalité, même à des concentrations conformes à la réglementation européennes et proches des valeurs guides de l'OMS », affirment les auteurs, qui soulignent « la nécessité d'agir pour diminuer les niveaux de particules en France ».

Selon le projet de recherche Aphekom (Improving Knowledge and Communication for Decision Making on Air Pollution and Health in Europe), mené par l'InVS dans neuf villes françaises, le dépassement du taux de PM10 recommandé par l'OMS est responsable de près de 1 000 hospitalisations chaque année.

De même, 2 900 décès prématurés survenant dans ces villes sont attribuées à des taux trop élevés de particules en suspension de diamètre inférieur à 2,5 microns (PM2,5).

* Bordeaux, Dijon, Grenoble, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nancy, Nantes, Nice, Paris, Rennes, Rouen, Strasbourg, Toulouse, Lens-Douai.

REFERENCE :

  1. Corso M, Pascal M, Wagner V, Impact à court terme des particules en suspension (PM10) sur la mortalité dans 17 villes françaises, 2007-2010, BEH n°1-2, 6 janvier 2015.

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