Après 10 ans d’efforts, réduction de 50 % des décès par paludisme en Afrique

Dr Isabelle Catala

Auteurs et déclarations

16 décembre 2014

Genève, Suisse -- Selon le rapport annuel de l’OMS sur le paludisme, la mortalité liée à cette affection a baissé de moitié (54 %) entre 2000 et 2013 en Afrique et de 47 % dans le monde [1]. Ces tendances sont associées à une réduction importante et progressive de la prévalence parasitaire dans toute l’Afrique, en particulier chez les enfants. Grace aux interventions spécifiques promues par l’OMS, l'équivalent de 4,3 millions de vies ont été sauvées et 670 millions de cas ont été évités entre 2001 et 2013.

Un bilan positif mais mitigé pour les personnes à risque

Mais pour le Dr Margaret Chan, Directrice générale de l’OMS, « le paludisme tue encore plus de 430 000 enfants chaque année en Afrique. Sur ce continent, 278 millions de personnes vivent encore dans des foyers sans aucune moustiquaire imprégnée d’insecticide. Environ 15 millions de femmes enceintes n’ont toujours pas accès au traitement préventif intermittent pendant la grossesse. Enfin, entre 56 et 69 millions d’enfants atteints n’ont pas reçu de combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (ACT) au cours des 12 derniers mois. »

En 2013,198 millions de cas de paludisme qui ont conduit à 584 000 décès ont été recensés (soit respectivement 4,3 % et 6,9 % de moins qu'en 2012 et 26 % d’infections en moins par rapport à l’an 2000). 90 % des décès ont eu lieu en Afrique et 78 % d’entre eux concernaient des enfants de moins de 16 ans. Cette même année, 128 millions de tests de diagnostic rapide ont été distribués en Afrique par l’OMS ce qui a permis aux patients d’être référés vers des centres hospitaliers disposant de traitements adaptés. L’accès aux ACT a aussi été favorisé (392 millions en 2013 contre 11 millions en 2005), ainsi que l’accés au traitement intermittent préventif au cours de la grossesse (57 % des femmes dans les 37 pays qui l’ont adopté).

Trois points à améliorer

Bien que ce bilan soit globalement positif, le rapport de l’OMS soulève trois points :

- Le financement de la lutte contre le paludisme est insuffisant pour protéger toutes les personnes à risque, même si en 2013 plus de 50 % de cette population était protégée par des moustiquaires imprégnées d’insecticides contre 3 % en 2004. En 2013, le financement mondial a atteint 2,7 milliards de dollars US ($) en 2013 (trois fois plus qu’en 2005), il reste nettement en decà des 5,1 milliards de $ nécessaires pour atteindre les objectifs mondiaux définis pour le contrôle et de l’élimination de la maladie.

- L’émergence d’une résistance aux insecticides et aux médicaments est une menace sérieuse et, en l’absence de solution, elle pourrait aboutir à une recrudescence des décès liés au paludisme. La résistance aux insecticides (pyréthoïdes) chez les vecteurs du paludisme a été́ signalée dans 49 des 63 pays ayant communiqué des données depuis 2010. Des résistances du plasmodium falciparum à l’artémisinine ont été́ détectées dans cinq pays de la sous-région du Grand Mékong : le Cambodge, le Myanmar, le Lao, la Thaïlande et le Viet Nam. Des mesures de commercialisation de l’artémisinine en combinaison avec un autre traitement afin de limiter les risques de résistances ont été prises dans la plupart des pays d’Afrique.

- Enfin, la flambée d’Ebola a eu un effet dévastateur sur les systèmes de santé de base des pays les plus touchés. L’OMS précise qu’elle collabore étroitement avec les pays et les partenaires pour éviter une aggravation de la situation du paludisme et pour réduire le nombre de cas de fièvre. Mme Chan souligne que « tous les efforts sanitaires consentis au niveau mondial profiteront d’un renforcement des systèmes de santé, notamment les actions de contrôle et d’élimination du paludisme ».

 

REFERENCE :

  1. OMS. Rapport 2014 sur le paludisme dans le monde.

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