VIH : seulement 30% des malades traités efficacement aux Etats-Unis et 50% en France

Etats-Unis, France-- En 2011, les deux tiers des 1,2 millions d’américains séropositifs étaient hors filières de soins ou en échec thérapeutique, selon les estimations publiées dans le nouveau rapport Vital Signs des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) [1]. Parmi eux, 66% avaient connaissance de leur diagnostic mais n’étaient plus pris en charge, 20% n’avaient jamais été diagnostiqués, 4% recevaient des soins mais pas d’antirétroviraux et 10 % recevaient des antirétroviraux mais n’obtenaient pas de réponse virologique satisfaisante.

« On se rend compte que même dans un grand pays riche comme les Etats-Unis, il n’y a que 30% des gens qui sont traités efficacement. En France, on estime qu’il y a à peu près 150 000 séropositifs et que 50 % d’entre eux sont traités efficacement », a commenté le Pr Jean-Daniel Lelièvre (VRI, INSERM U955, hôpital Henri Mondor, Immunologie Clinique, maladies infectieuses, Créteil, France) pour Medscape.

« Cette nouvelle étude souligne l’importance de s’assurer que les personnes séropositives entrent dans le système de soins, sont bien traitées, reçoivent les informations et les outils nécessaire à la prévention de la maladie et rappelle la nécessité d’élargir le dépistage », indiquent les CDC.

« Ce type d’études est important car, on parle désormais de l’efficacité du traitement antirétroviral à l’échelle collective. Si on traite l’ensemble des séropositifs, ils ne vont plus répliquer le virus et ne vont plus le transmettre. Les études dans les couples sérodiscordants montrent que lorsque la personne infectée est bien traitée, le risque de transmission au partenaire est quasiment nul », renchérit le Pr Lelièvre.

Pourquoi 20% de différence entre la France et les Etats-Unis ?

Force est de constater que dans des pays à forts revenus et avec des systèmes de santé performants, comme les Etats-Unis ou la France, les chiffres restent très moyens. Mais comment expliquer les 20% de différence entre les deux pays ?

« La différence entre la France et les Etats-Unis parle d’elle-même. Quand on a un système de santé public, on a moins de problèmes à traiter efficacement un grand nombre de patients qu’aux Etats-Unis », souligne le spécialiste.

« En France, la prise en charge du patient est plus performante, le coût des médicaments et des consultations est moindre, l’adhérence au traitement et la persistance dans le système de soins sont meilleures. En revanche, nous avons les mêmes difficultés à bien cibler le dépistage et à faire entrer les gens dans la filière de soins une fois la maladie diagnostiquée. Des réflexions et des actions sont en cours pour améliorer la situation », précise-t-il.

Les jeunes adultes sont les moins bien traités L’étude des CDC montre que les jeunes sont moins bien traités que leurs ainés. Globalement, 87% des 18-24 ans sont en « échec virologique » versus 77 % des 25-34 ans, 73% des 35-44 ans, 66 % des 45-54 ans, 64% des 55-64 ans et 63% des personnes d’au moins 65 ans. Les chercheurs attribuent cette disparité au fait que moins de la moitié (49%) des 18-24 ans ont été diagnostiqués, et soulignent qu’il est impératif d’améliorer le dépistage dans cette population. Interrogé sur ce point, le Pr Lelièvre commente : « Ce qui est évident, c’est que les gens de plus de 45 ans ont toujours vécu avec l’idée que la maladie est potentiellement mortelle, l’adhérence est donc plus importante que chez les sujets plus jeunes chez lesquels la maladie a été complètement banalisée. Les campagnes de sensibilisation sont là pour rappeler que c’est une maladie potentiellement grave. »

 

Le Pr Jean-Daniel Lelièvre n’a pas de liens d’intérêt avec l’industrie.

 

REFERENCE :

1. National Center for HIV/AIDS, Viral Hepatitis STD, and TB Prevention. Only 3 in 10 people with HIV have the virus in check. 24 novembre 2014.

Citer cet article: Aude Lecrubier. VIH : seulement 30% des malades traités efficacement aux Etats-Unis et 50% en France - Medscape - 1er déc 2014.