Près d’un patient sur 3 en stress post-traumatique après un AIT

Vincent Bargoin

Auteurs et déclarations

17 novembre 2014

Erlangen, Allemagne –     Selon une étude allemande publiée dans Stroke, un état de stress post-traumatique pourrait être caractérisé chez 29,6% des sujets victimes d’un     accident ischémique cérébral transitoires (AIT) trois mois auparavant [1].

« Une façon peu adaptée de faire face à l’accident et un risque d’AVC surestimé semble jouer un rôle crucial dans cette évolution défavorable »,     indiquent les auteurs en soulignant l’importance d’un « entrainement aux stratégies adaptatives », et d’une « information prudente et réaliste sur le     risque d’AVC associé aux AIT ».

Symptômes du stress post-traumatique

Le syndrome de stress post-traumatique est défini comme la persistance, plus de 30 jours après un risque réel ou une menace de mort, de blessure ou de     violence, de pensées intrusives à type de flashbacks, d’évitement persistant des stimulations, d’altérations de l’humeur et de la cognition, et d’une     hypervigilance.

 
Une façon peu adaptée de faire face à l’accident et un risque d’AVC surestimé semble jouer un rôle crucial dans cette évolution défavorable.
 

L’étude a été menée chez 108 patients, retenus en raison de leurs données complètes dans une population de 211 sujets.

Trois mois après l’accident, l’existence d’un stress post-traumatique, ainsi que l’anxiété, la dépression, et la qualité de vie ont été évaluées par des     tests complétés par les sujets eux-mêmes. Les stratégies d’adaptation et le niveau des connaissances médicales ont également été évalués.

Trente-deux patients (29,6%) se sont révélés en état de stress post traumatique – « un taux 10 fois plus élevé que dans la population générale allemande »,     notent les auteurs. Par ailleurs, résultat peu surprenant, les scores d’anxiété et de dépression étaient plus élevés chez ces patients, tandis que la     qualité de vie physique et mentale était réduite.

Enfin, s’agissant de ses déterminants, le stress post-traumatique était associé à des stratégies d’adaptation inadéquates comme le déni, la culpabilité ou     l’usage de drogues, ainsi qu’à des évaluations subjectives plus élevées du risque d’AVC après l’AIT.

 

Risque de récidive d’AIT/AVC après AIT                        
           - 30 % des patients souffrant d'AVC ont présenté des signes d'accidents ischémiques transitoires (AIT) au cours des jours ou des semaines précédentes,
           - parmi les différents score pronostic du risque de récidive d’AIT/AVC on peut citer le    score ABCD colligeant l’âge, la PA, les signes cliniques et la durée des symptômes,
           - un travail du Pr Pierre Amarenco, rapporté dans heartwire en 2007, estimait le     risque relatif de récidive à 90 jours à 5,96, toutes populations confondues. La prise en charge rapide et adaptée dans une unité spécialisée SOS-AIT     permettait de réduire ce risque de 79%.

 

Rechercher les causes modifiables de stress post-traumatique

Les auteurs reconnaissent les nombreuses limites de leur méthodologie, en particulier le nombre élevé de patients perdus de vue ou présentant des données     incomplètes. Malgré ces limites, et malgré le fait que la récupération après AIT est en principe complète, ils estiment « probable que l’expérience brutale     des symptômes neurologiques soit un facteur majeur de l’apparition du stress post-traumatique » chez ces patients.

Même son de cloche du côté de Barbara G. Vickrey (Université de Californie, Los Angeles) et Linda S. Williams (Université     de l’Indiana, Indianapolis) qui, dans un éditorial de Stroke, ne voient pas de raison de considérer le stress post-traumatique après AIT « comme     un phénomène différent de ce qui peut être observé dans d’autres situation médicales aigues ».

Mise en parallèle avec le stress post-syndrome coronarien

L’éditorial relève en outre que « l’occurrence du stress post-traumatique après AIT dans cette étude est cohérente avec la prévalence rapportée après     évènements cardiaques, admissions en soins intensifs, ou autres évènements médicaux stressants ».

A ce propos, Vickrey et Williams notent qu’une étude récente sur les évènements coronariens aigus souligne qu’à côté des nombreux facteurs dépendants du     patient, des facteurs dépendants de la prise en charge interviennent également dans la survenue d’un stress post traumatique, notamment la surcharge des     services d’urgence [2].

Sur le plan pronostic, le stress post-traumatique après évènement coronarien a été associé à un doublement du risque de récurrence cardiovasculaire, ou de     décès. Il pourrait donc en aller de même pour les évènements cérébrovasculaires. Dans les AVC et AIT, les symptômes psychiques au sortir de l’accident ont     déjà été associés à des pronostics plus péjoratif sur le plan vasculaire et sur le plan de la survie.

« Il est donc essentiel d’explorer les mécanismes reliant le stress post-traumatique et le pronostic des AVC ou AIT », estiment les éditorialistes, en     indiquant que, dans le cas de l’AVC au moins, un quasi doublement de la non observance thérapeutique a été rapporté en cas de stress post-traumatique.

Les travaux futurs devront naturellement porter sur des cohortes prospectives, conclut l’éditorial, en soulignant l’importance de rechercher les causes     modifiables de ce syndrome post-AIT, et d’ajuster la prise en charge au cas par cas.

 

REFERENCES:

  1. Kiphuth IC, Utz KS, Noble AJ et coll. Increased Prevalence of Posttraumatic Stress Disorder in Patients After Transient Ischemic Attack.        Stroke. 2014;45:3182-3183,

  2. Edmondson D, Cohen BE. Posttraumatic stress disorder and cardiovascular disease. Prog Cardiovasc Dis. 2013;55:548–556.

Commenter

3090D553-9492-4563-8681-AD288FA52ACE
Les commentaires peuvent être sujets à modération. Veuillez consulter les Conditions d'utilisation du forum.

Traitement....