Vaccin HPV : le Haut conseil de santé publique a rendu sa copie

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

12 septembre 2014

Paris, France — Dans un avis publié le 10 septembre sur son site, le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) rassure sur l’efficacité et la bonne tolérance du vaccin anti-HPV et propose une vaccination en milieu scolaire, éventuellement dès 9 ans [1].

C’est en réponse à une demande de la Direction Générale de la Santé (DGS) et dans un contexte de défiance vis-à-vis du vaccin, que le HCSP a réalisé une revue des dernières données scientifiques concernant la vaccination contre les infections à papillomavirus humains (HPV).

Les conclusions du groupe de travail se veulent rassurantes sur le plan du rapport bénéfice-risque du vaccin et précisent les conditions dans lesquelles la vaccination anti HPV pourrait apporter une protection collective par immunité de groupe.

Quelle efficacité ?

Le HCSP constate qu’une efficacité vaccinale sur la prévalence des infections à HPV, l’incidence des condylomes et des lésions précancéreuses est maintenant démontrée. En outre, des études suggèrent que le vaccin induit une immunité de groupe.

En revanche, en France, la faible couverture vaccinale « ne permet pas de bénéficier de l’efficacité constatée dans les autres pays », indique le HCSP.

Dans l’Hexagone, la couverture vaccinale observée est très faible pour un schéma complet, et en baisse depuis 2010,inférieure à 25 % à 16 ans en 2013. De plus, on observe une diminution marquée de l’initiation du schéma vaccinal entre 2011 et 2013 (avec une couverture vaccinale à une dose à 15 ans qui diminue de 26 % à 18 %).

 

Pas de lien de causalité entre la vaccination la SEP et d’autres maladies auto-immunes

Concernant les données de tolérance, les conclusions sont sans équivoque : « Les données de pharmacovigilance disponibles, avec un recul de plus de sept ans, tant au plan national qu’international, ne permettent pas de retenir l’existence d’un lien de causalité entre cette vaccination et les événements indésirables graves qui lui ont été attribués en France, notamment la sclérose en plaque et d’autres maladies auto-immunes (Grade B : présomption scientifique). Ces croyances entretenues par certains médecins et fortement relayées par les médias ont suscité une défiance tout à fait injustifiée vis-à-vis de cette vaccination. Par ailleurs, le HCSP rappelle que les maladies auto-immunes se révèlent avec une fréquence significative à l’adolescence, à l’âge où la vaccination est également recommandée. »

Les différentes études de cohorte disponibles montrent que l’incidence de survenue des maladies auto-immunes n’est pas plus importante chez les personnes vaccinées que chez les personnes non vaccinées.

D’après l'analyse de l'ensemble des données de tolérance disponibles à ce jour pour les vaccins Gardasil® et Cervarix® tant à l'échelon national (nombre total de doses : 5,8 millions) qu'international (nombre total de doses : plus de 170 millions), le profil de sécurité d’emploi de ces vaccins demeure satisfaisant [2] (Grade B).

Une stratégie « nécessaire » en complément du dépistage organisé

Dans son nouvel avis, le HCSP rappelle une nouvelle fois que la vaccination est une stratégie complémentaire, nécessaire, du dépistage dans la mesure où même dans les départements pilotes où le dépistage organisé est mis en place, le pourcentage de femmes participant au dépistage ne dépasse pas 70%.

Il souligne que « la pratique opportuniste actuelle du dépistage et de la vaccination en France peut aggraver les inégalités sociales et géographiques de santé. »

Au final, le HCSP réitère ses recommandations pour la généralisation rapide du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus sur le territoire national. Mais, préconise également la mise en place de modalités d’administration de la vaccination permettant d’atteindre un pourcentage élevé de jeunes filles, indépendamment de leur niveau social :

- adjonction d’une offre vaccinale en milieu scolaire (comme au Royaume-Uni et en Australie) ;

-abaissement de 11 ans à 9 ans de l’âge de la vaccination si cette mesure était susceptible de favoriser la mise en place d’un tel programme. Ce type de modalité est appliqué avec succès au Québec.

 

REFERENCES :

  1. HCSP. Vaccination contre les infections à papillomavirus humains. Avis et rapports. 10 septembre 2014.

  2. Human papillomavirus vaccines safety (HPV). WHO position paper – 2014. Wkly Epidemiol Rec 2014;89(7):53-60.

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