FA silencieuse : 3% de détection en MG grâce à un protocole simple

Dr Catherine Desmoulins

Auteurs et déclarations

10 septembre 2014

Pr Jean-Marc Davy

Barcelone, Espagne – L’étude PROFIL FA présentée par le Pr Jean-Marc Davy (CHU Montpellier) au congrès de l’ESC 2014 prouve qu’il est possible de détecter la FA silencieuse de manière simple en médecine générale et par conséquent d’éviter un certain nombre d’AVC via la mise en route d’un traitement anticoagulant [1]. Le dépistage opportuniste de la FA chez les plus de 65 ans par la prise du pouls fait d’ailleurs partie des recommandations européennes sur la FA depuis 2012 (classe I, B) [2].

« Parmi les AVC ischémiques (80% du total des AVC), environ un quart sont dus à une FA, un quart à l’hypertension, un quart à une maladie des petits vaisseaux et un quart reste d’origine inconnue » a rappelé le Pr Davy. « Et jusqu’à 5% des FA à l’origine d’un AVC ischémique n’étaient pas connues du patient avant l’événement. Il reste une place pour le diagnostic de la FA silencieuse ».

Prise de pouls et questionnaire

L’étude PROFIL FA, sponsorisée par Boehringer, a fait participer 605 médecins généralistes. Le protocole consistait, une semaine durant et chez tous les patients de plus de 65 ans à :

-rechercher un pouls irrégulier

-relever les critères de CHA2DS-VASc pour évaluer le risque embolique

-rechercher 4 types de symptômes pouvant évoquer une FA : dyspnée de repos, douleur thoracique inexpliquée, syncope/asthénie, palpitations.

En cas de suspicion diagnostique, le médecin adressait le patient au cardiologue.

Au total, 4592 patients de plus de 65 ans ont été dépistés dont 840 (18,3%) avaient déjà une FA connue. Parmi les 3752 restants, 585 ont été adressés au cardiologue et le diagnostic de FA silencieuse a été confirmé pour 129 d’entre eux (22,1%), soit 3,4% des patients dépistés.

Il est intéressant de constater que parmi les facteurs prédictifs de diagnostic confirmé de FA, l’existence d’un pouls irrégulier n’est retrouvée que dans un cas sur deux (OR=0,12, p<0,0001). Viennent ensuite les symptômes si > 2 et les antécédents AVC/AIT et embolie distale. « Par conséquent, une FA silencieuse doit être suspectée même en présence d’un pouls régulier » a commenté le Pr Davy.

« L’étude PROFIL FA est intéressante au plan épidémiologique mais surtout, son objectif était de sensibiliser les médecins à la détection de la FA » a expliqué le Pr Davy. « Nous voulions travailler sur les filières de soin médecins généralistes-cardiologues et sur le sous-diagnostic de la fibrillation atriale. »

Question subsidiaire, posé à l’orateur : si 3,4% des patients ont eu un diagnostic de FA confirmé, comment d’entre eux ont été mis sous anticoagulant ?

« Dans l’étude, le CHA2DS-VASc médian des patients était de 3,8 mais nous avons été surpris de constater que les traitements mis en route étaient plus souvent des anti-arythmiques que des anticoagulants ».

On voit que là aussi, il reste un peu de marge…

Le Pr Jean-Marc Davy a déclaré des liens d'intérêt avec Boehringer Ingelheim, Merck Sharp & Dohme, Novartis, Sanofi-Aventis, Medtronic, Boston Scientific et St Jude Medical.

 

REFERENCES:

1. Davy JM. The French screening campaign of atrial fibrillation in general practice : Assessment of predictive criteria for atrial fibrillation. Abstract session atrial fibrillation : how to improve prognosis? 2 Septembre 2014. ESC 2014.

2. Focused update of the ESC Guidelines for the management of atrial fibrillation. European Heart Journal. 2012; 33:2719–2747. doi:10.1093/eurheartj/ehs253

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