Un lien entre diabète type 1, maladie de Crohn et troubles du comportement alimentaire

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

3 septembre 2014

Helsinki, Finlande – Les patients souffrant de troubles du comportement alimentaire auraient un risque accru de maladies autoimmunes, d’après une étude publiée dans la revue PLOS ONE [1].

Ces nouvelles données «  confortent l’hypothèse d’une co-morbidité de ces troubles [alimentaires et autoimmuns] et suggèrent que des mécanismes immuns pourraient jouer un rôle dans le développement des troubles du comportement alimentaire » indiquent les auteurs, le Dr Raevuori et coll. (Helsinki, Finlande).

Le contexte de l’étude
Auparavant, plusieurs travaux ont suggéré que des processus autoimmuns pouvaient être impliqués dans certains troubles psychiatriques (troubles du spectre autistique, troubles obsessifs compulsifs, tics, TDAH, syndrome de stress post-traumatique, narcolepsie, troubles de l’humeur, schizophrénie). Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont évalué la prévalence et l’incidence des maladies auto-immunes dans une vaste cohorte de patients finnois atteints d’anorexie, de boulimie et d’hyperphagie boulimique.

 

En tout, 2342 patients traités pour des troubles du comportement alimentaire au CHU d’Helsinki entre 1995 et 2010 ont été comparés à des sujets contrôles appariés sur l’âge, le sexe et le lieu de résidence. Les patients enrôlés étaient principalement de sexe féminin. Les données de 30 maladies auto-immunes ont été recueillies à partir des archives de l’hôpital entre 1969 et 2010.

Après analyse des données, près de 9% des patients atteints de troubles du comportement alimentaire avaient un diagnostic d’une ou plusieurs maladies auto-immunes versus 5,4% dans le groupe contrôle (RR = 1,7%, IC 95% : 1,5 à 2 ; p<0,001).

Le risque accru de maladies endocriniennes dans ce groupe (RR= 2,4, IC 95% : 1,8 à 3,2 ; p<0,001) s’expliquait par la forte prévalence du diabète de type 1. Cette donnée confirme, notamment, les résultats d’une méta-analyse publiée en 2013 qui a mis en évidence un doublement de la prévalence des troubles du comportement alimentaire chez les adolescents diabétiques de type 1 par rapport à leurs homologues de la population générale [2].

En parallèle, le risque accru de maladies gastrointestinales (RR=1,8, IC 95% : 1,4 à 2,5 ; p<0,001) s’explique par la part élevée de maladies de Crohn.

Une association avec différentes maladies autoimmunes aux origines génétiques différentes

Cependant, la prévalence des maladies autoimmunes parmi les patients qui souffrent de troubles du comportement alimentaire n’est pas exclusivement due aux maladies endocriniennes ou gastrointestinales. Lorsque ces maladies sont exclues des analyses, l’augmentation de la prévalence des maladies autoimmunes reste élevée à la fois avant le début de l’apparition des troubles du comportement alimentaire (RR = 1,5, IC 95% : 1,1 à 2,1 ; p=0,02) et à la fin du suivi (RR = 1,4, IC 95% : 1,1 à 1,8 ; p=0,01).

 
Nos résultats ne se limitent pas à l'association entre le diabète de type 1 et les troubles du comportement alimentaire - Dr Raevuori et coll. (Helsinki, Finlande)
 

« Nos résultats ne se limitent pas à l’association entre le diabète de type 1 et les troubles du comportement alimentaire observés dans d’autres études. L’association est réelle pour plusieurs maladies autoimmunes aux origines génétiques différentes. Nos données suggèrent que le lien entre les troubles du comportement alimentaire et les maladies autoimmunes s’appuie sur des mécanismes immunologiques plutôt que sur des origines génétiques communes (ex : génotypes HLA à risque) », commentent les auteurs.

Les chercheurs soulignent également que ces données confortent l’idée que des mécanismes autoimmuns jouent un rôle dans l’apparition et le maintien des troubles du comportement alimentaire, au moins dans certaines sous-populations de patients.

« Nous recommandons aux praticiens qui traitent des patients atteints de troubles du comportement alimentaire de porter une attention particulière à ce sur-risque de maladies autoimmunes et à la possible implication de mécanismes autoimmuns dans l’apparition des symptômes somatiques et neuropsychiatriques », concluent le Dr Raevuori et coll.

 

REFERENCES :

  1. Raevuori A, Haukka J, Vaarala O, Suvisaari JM, Gissler M, et al. (2014) The Increased Risk for Autoimmune Diseases in Patients with Eating Disorders. PLoS ONE 9(8): e104845

  2. Young V, Eiser C, Johnson B, Brierley S, Epton T, et al. (2013) Eating problems in adolescents with Type 1 diabetes: a systematic review with meta-analysis. Diabet Med 30: 189–198 Review

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