La colchicine sans effet sur l’épanchement péricardique post-opératoire dans POPE-2

Dr Catherine Desmoulins

Auteurs et déclarations

31 août 2014

Barcelone, Espagne – Après avoir montré l’inefficacité des AINS en traitement des épanchements péricardiques post-opératoires dans POPE-1 , le Dr Philippe Meurin (centre cardiologique les Grands Prés, Villeneuve Saint-Denis) conclut à l’inutilité de la colchicine sur ce même type d’épanchement post-chirurgie cardiaque (POPE).

« La colchicine n’a eu aucun effet sur le volume des épanchements et, de fait, aucun effet préventif à l’égard du risque de tamponnade qui survient dans 10% des cas de POPE » a résumé le Dr Meurin.

Les résultats de POPE-2 ont été présentés en Hot Line du congrès de l’European Society of Cardiology ce jour et publiés simultanément dans l’European Heart Journal.

Protocole de l’essai

POPE-2 est une étude randomisée, multicentrique (10 centre français), en double aveugle, qui a inclus 197 patients consécutifs avec un épanchement péricardique post-opératoire (POPE), de gravité modérée à sévère (grade 2 ou plus), survenu entre 7 jours et 30 jours après chirurgie cardiaque. Il s’agissait majoritairement d’hommes (86%), âgés en moyenne de 64 ans.

La colchicine était donnée en dose de charge de 1 mg x 2 à J1 puis 1 mg/j en cas de poids > 70 kg et à 1 mg/j sans dose de charge si poids < 70 kg.

Colchicine et placebo ont été administrés durant 2 semaines.

Le critère primaire de jugement porte sur le volume des épanchements ; le critère secondaire sur la survenue de tamponnades.

L’étude est totalement neutre sur les deux critères de jugement.

Ne pas confondre péricardite et épanchement péricardique post-opératoire

Alors que la colchicine a montré son efficacité sur les péricardites et sur le syndrome post-péricardiotomie, est-ce une déception?

Pour le Dr Meurin, interrogé par Medscape France, ce n’est pas une surprise.

« On confond souvent péricardite, syndrome post-péricardiotomie et épanchement péricardique post-opératoire. La première semaine post-opératoire, entre 50 et 80% des malades ont des épanchements péricardiques a priori hémorragiques, modestes, dont 1% fera une tamponnade. Aucun médicament ne peut prévenir ou traiter ces épanchements.

Ensuite, quand le patient est soit en réadaptation, soit à domicile, un épanchement d’importance moyenne à forte peut encore survenir avec un risque de tamponnade de 10%. C’est ce qui fait toute la dangerosité des POPEs dont on n’en connait pas précisément l’origine hémorragique, inflammatoire ou mixte. L’inefficacité des AINS et de la colchicine plaide pour une étiologie non inflammatoire prédominante.

Enfin, il existe des syndromes post péricardiotomies (PPS) avec douleur, fièvre, frottement qui sont l'équivalent d'un Dressler post infarctus. C’est une vraie péricardite. Ils sont très rares : 2 à 3 cas sur 1000 patients post-opératoire dans notre centre. L’épanchement est facultatif et de petite taille avec un faible risque de tamponnade (2% des PPS). Les AINS et la colchicine sont alors très efficaces. »

Au final, « POPE-1 et 2 nous disent que le meilleur moyen d’éviter une tamponnade est de surveiller régulièrement ces patients post-chirurgicaux par échographie ».

La conclusion de cette étude est double, a indiqué l’orateur lors de la présentation des résultats en conférence de presse à l’ESC : « Primo, elle confirme qu’un épanchement péricardique post-opératoire important et durable (>7 jours) est grave, secundo : la colchicine est inutile. »

Le Dr Meurin n’a pas de conflit d’intérêt à déclarer pour cette présentation. La colchicine a été fournie gratuitement par Mayoly Spindler. Il est par ailleurs consultant pour Servier et reçoit une bourse de recherche de Daiichi Sankyo.

 

REFERENCES

1 – Meurin P Hot line ., 30 août 2014. ESC 2014.

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