Paris, France -- La Ministre de la santé, Marisol Touraine, l’avait annoncé en juin au moment de la présentation de la future Loi de Santé : « un numéro d’appel unique, facilement mémorisable, sera mis en place dans chaque département pour la garde en ville : il sera le repère dans l’accès aux soins des citoyens » [1].
Ce numéro, que la Ministre souhaite à 3 chiffres, devrait être complémentaire des numéros d’urgence déjà existants et permettre de décharger le 15 des appels médicaux (conseils, adresse de médecin de garde…) non urgents. Aujourd’hui, dans 70 % des départements, seul le 15 assure toutes les fonctions de réponse aux appels médicaux, dans les autres départements, les numéros varient : 0 820 332020, 39 66….
La finalité est que plus aucun appel ne « tombe dans le vide » puisque, en raison de la saturation du 15, les délais d’attente sont parfois longs et incompatibles avec ceux de la gestion des seules urgences vitales.
Des réticences de Samu de France et de SOS médecins
« Au lieu d’appeler le 15 pour une fièvre, on appellera ce numéro. Le 15 redeviendra ainsi un numéro d’urgence et cela réduira les délais de prise en charge des vraies urgences », a expliqué le Dr Claude Leicher, président de MG-France à l’AFP [2].
Mais le président de Samu de France, le Dr François Braun, nuance. « Il est essentiel », s’il y a deux numéros, que les appels « arrivent au même endroit avec des équipes qui soient côte à côté: on garantit la sécurité en ayant la possibilité de se passer rapidement des appels ».
Pour SOS Médecins [3], il s’agit d’une fausse bonne idée : Il existe déjà un numéro national, le 15 et des numéros interconnectés, tel le 3624 de SOS Médecins, qui assurent la régulation des appels. Ce dispositif, qui fonctionne depuis cinq ans doit permettre d’assurer la prise en charge des patients le plus rapidement possible… Il serait incompréhensible de briser cet édifice, au demeurant récent et en cours d’évaluation, en y greffant un numéro « unique » qui serait censé, selon les uns être une sorte de portail universel de la santé, selon les autres « le » numéro de la permanence de soins (PDS) ».
Une expérimentation en Midi-Pyrénées
Depuis le mois de juin 2014, les usagers du système de soins en Midi-Pyrénées disposent d’un numéro d’appel unique 39 66 pour contacter un médecin de garde après la fermeture des cabinets médicaux (le soir à partir de 20 h, la nuit, les week-ends et les jours fériés) [4]. La Franche-Comté mène une expérience similaire. La réponse est assurée par des médecins généralistes libéraux en coordination avec les médecins du centre 15. Les patients peuvent obtenir un simple conseil téléphonique ou thérapeutique, un rendez-vous pour une consultation ou l’organisation d’une visite à domicile voire, si nécessaire, une prise en charge en urgence par les services compétents.
Un impératif européen
Depuis le 16 avril 2014, l’Allemagne a été le premier pays européen à se doter d’un numéro unique d’appel pour les urgences médicales non vitales, le 116 117 [5]. Cette décision a fait suite à une réglementation qui prévoit que tous les pays européens devront dans les années qui viennent se doter de tels numéros pour obtenir des conseils ou des informations médicales. En cas d’urgence vitale, l’appel au 112 ou aux services de secours doit rester la règle.
REFERENCES :
Ministère de la santé. Marisol Touraine présente les orientations de la loi de santé, Communiqué du 19 juin 2014.
AFP. Trouver un médecin un dimanche bientôt plus simple avec un numéro unique . 19 juillet 2014.
SOS Médecins. Lettre Marisol Touraine. 23 juin 2014.
La Dépêche. Le 39 66, nouveau numéro pour faire «allo docteur» en Midi-Pyrénées . 2 juin 2014.
Citer cet article: Dr Isabelle Catala. Urgences médicales non vitales : vers un numéro d’appel unique comme en Allemagne ? - Medscape - 27 août 2014.
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