L’enfant « guérie » du VIH ne l’était pas

Bethesda, Etats-Unis – Mauvaise nouvelle sur le front du VIH. Du moins pour les plus optimistes qui avaient parié sur la guérison de l’enfant connue sous le nom de « Mississipi baby ». Cette petite fille, qui a maintenant 47 mois, avait été considérée en 2013 comme la première personne guérie du VIH. Aujourd’hui, elle présente une charge virale détectable (16750 copies/mL) et son taux de CD4 s’est abaissé. L’information vient d’être délivrée par le National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID), du NIH [1].

Un scoop tant attendu

L’espoir a donc été de courte durée… Ou alors était-il fondé sur de preuves peu solides ?
Le cas de la petite « Mississipi baby » avait été présenté au cours de la CROI 2013. Il avait été relayé par l’ensemble de la presse française qui avait interrogé des chercheurs enthousiastes.

Medscape France s’était montré prudent dans son article « Un enfant guéri du VIH : les dessous d'un scoop » et avait précisé « il n’est pas possible d’exclure qu’une réactivation du virus intervienne dans les prochains mois ou les prochaines années sachant qu’au moment du test (présenté à la CROI), l’enfant n’était resté que 6 mois sans traitement » [1].

 

Il est vrai qu’on l’attendait ce premier cas de « guérison » du VIH. Et cette enfant semblait être la patiente tant attendue : sa charge virale était en effet indétectable et son taux de CD4 normal sans traitement depuis 6 mois.
Née d’une mère séropositive qui ignorait son statut, elle avait reçu une trithérapie très précoce dès les heures qui avaient suivi sa naissance.

Un véritable choc pour le médecin qui la suit

Au début du mois juillet, à l’occasion d’une consultation de routine, une charge virale était détectée pour la première fois depuis 27 mois (premier test 16750 copies/mL puis 10565 copies/mL). Les CD4 étaient descendus en dessous de 400.  

Le séquençage génétique a confirmé que l’enfant était bien infectée par la même souche que sa mère. Une nouvelle trithérapie a donc été prescrite.
Pour le Dr Hanna Gay (Université du Mississipi, Jackson, Etats-Unis) qui suit l’enfant depuis sa naissance « c’est un véritable choc ».

« Scientifiquement, c’est la preuve que nous avons encore beaucoup à apprendre sur les réservoirs viraux chez les patients dont la charge virale est indétectable », explique le Dr Anthony Fauci, directeur du NIAID (National Institute of Allergy and Infectisous Diseases).

 

REFERENCES :

1. "Mississippi Baby" Now Has Detectable HIV, Researchers Find. Communiqué du NIAID du 10 juillet 2014

Citer cet article: L’enfant « guérie » du VIH ne l’était pas - Medscape - 15 juil 2014.