Maladies infantiles : faut-il craindre leur résurgence ?

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

3 juillet 2014

Paris, France – Rougeole, mais aussi oreillons, coqueluche ou scarlatine… certaines épidémies de maladies infantiles font leur retour, en raison notamment d’une couverture vaccinale inégale ou de l’apparition de résistantes bactériennes. Des résurgences qui restent toutefois limitées, estime Daniele Van Der Roost, infirmière puéricultrice à l’hôpital Erasme à Bruxelles, qui a passé en revue quelques unes de ces pathologies, au cours du congrès Urgences 2014 , à Paris.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, un enfant vivant dans un pays à faible revenu a 16 fois plus de risque de mourir avant l’âge de cinq ans qu’un enfant d’un pays à revenu élevé. « Dans trois quart des cas, les décès sont dus à six affections seulement : les causes néonatale, la pneumonie, la diarrhée, le paludisme, le VIH/Sida et la rougeole ».

En France, les couvertures vaccinales sont plutôt en progression, a noté l’Institut de veille sanitaire (InVS) en 2013. « C’est le cas des vaccinations des nourrissons contre les infections par le virus de l’hépatite B, les infections invasives à pneumocoque, le méningocoque C et pour la deuxième dose du vaccin rougeole-rubéole-oreillon ».

Pourtant des épidémies surgissent régulièrement, à un niveau local, soulignant une couverture vaccinale inégale selon les régions, à laquelle s’ajoute l’émergence de résistances aux antibiotiques, précise Daniele Van Der Roost.

« Le plus souvent, ce sont les enfants de moins de un an qui sont atteints et généralement de manière plus grave », rappelle-t-elle.

A l’arrivée aux urgences, « le motif de consultation est généralement une fièvre supérieure à 38°C ou l’éruption cutanée. Chez les moins de deux ans, la fièvre signe généralement une infection plutôt qu’une maladie inflammatoire ».

Rougeole : des cas moins nombreux en 2013

Après trois vagues épidémiques observées entre 2008 et 2011, la rougeole est soumise à une surveillance étroite, en raison notamment du risque élevé de contagion. Principale maladie infantile résurgente, elle est particulièrement dangereuse chez le nourrisson.

« Le risque de complications pulmonaires et cérébrales est réel et concerne essentiellement le nourrisson pour lequel le taux de mortalité est le plus élevé ». Lors de l’épidémie de 2011, six jeunes enfants sont décédés en France à la suite d’une rougeole.

Selon l’InVS, le nombre de cas a fortement diminué en 2012 et 2013, avec respectivement 859 et 272 cas déclarés, alors que 15 000 cas ont été recensés en 2011. « La circulation du virus reste toutefois active, en particulier dans le Sud-Est de la France ».

« Au cours du premier trimestre 2014, 106 cas ont été déclarés, dont la moitié en Ille-et-Vilaine avec des foyers épidémiques actifs. La vérification du statut vaccinal et sa mise à jour avec deux doses de vaccin pour toute personne âgée d’au moins 12 mois et née après 1980 restent donc impératives », indique l’institut.

Il convient aussi de rester prudent en ce qui concerne les mesures de protection lors de la prise en charge, a souligné Daniele Van Der Roost, rappelant que « 72% des cas de rougeole nosocomiale en France ont touché des soignants ».

Scarlatine : les formes invasives en hausse

Autre maladie à surveiller : la scarlatine, dont les formes invasives, potentiellement mortelles, sont en progression en France. Cette maladie, courante pendant l’enfance, est provoquée par un streptocoque. Certaines souches ont développé une résistance au traitement par macrolides.

Le pic de scarlatine survient en hiver ou au début du printemps et concerne généralement les enfants de 5 à 15 ans. Les principaux éléments diagnostics sont l’apparition d’une langue couleur framboise, des érythèmes papulaires et une forte fièvre.

Le frottis est à 95% positif dans la recherche de streptocoque bêtahémolytique A. Le traitement doit être antibiotique et antipyrétique.

Coqueluche : des complications plus fréquentes chez le nourrisson

Parmi les infections des voies respiratoires, la coqueluche montre aussi une certaine résurgence, même si le nombre de cas a fortement chuté depuis l’introduction du vaccin. C’est une infection bactérienne d’évolution longue et hautement contagieuse.

La mortalité est estimée à 0,2%. Les nourrissons, trop jeunes pour être vaccinés font partie des populations les plus touchées. « Plus le sujet est jeune, plus les complications seront présentes. La coqueluche participe aussi à la mort subite du nourrisson par le phénomène d’apnée », a indiqué Daniele Van Der Roost.

« Chez le petit nourrisson, les toux caractéristiques avec une reprise respiratoire comparée au chant du coq peuvent faire défaut, rendant le diagnostic moins facile. Le début de la maladie peut mimer une bronchiolite lorsque l’atteinte initiale est plus sévère ».

La confirmation biologique est difficile. Elle se fait par PCR dans les trois premières semaines de la maladie à partir d’une aspiration naso-pharyngée. La sérologie peut être effectuée qu’après cette période, si le sujet n’a pas reçu de vaccin dans les trois dernières années.

Oreillons : la conservation des vaccins en cause

En ce qui concerne les oreillons, des épidémies sont régulièrement constatées, malgré la vaccination. La maladie, d’origine virale, est souvent bénigne, mais peut s’accompagner de complications nécessitant une hospitalisation.

Avec l’introduction du vaccin dans le calendrier vaccinal du nourrisson en 1986, l’incidence a fortement chuté, passant de 859 cas pour 100 000 habitants en 1986 à 9 cas pour 100 000 habitants en 2011, soit presque 100 fois moins, selon l’InVS.

« L’une des explications avancées pour ces résurgences concerne la conservation des vaccins, la rupture de la chaine du froid étant souvent en cause, ainsi qu’un délai d’injection dépassant les 30 minutes après reconstitution du vaccin », a précisé Daniele Van Der Roost

Selon elle, « les réémergences de maladies infectieuses sont nombreuses, mais heureusement limitées dans le temps et l’espace grâce à une bonne couverture vaccinale et à des systèmes de soins accessibles».

« On ne peut donc pas vraiment parler d’un grand retour des maladies infectieuses de l’enfant, étant donné qu’elles n’ont jamais été entièrement sous contrôle, à l’exclusion de la variole ».

 

REFERENCE :

1. Van Der Roost D, Maladies infectieuses de l’enfant : le grand retour ?, Congrès Urgences 2014, Paris, 6 juin 2014.

 

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