Cancer de la prostate : qui dépister ? Qui traiter ?

Dr Catherine Desmoulins

Auteurs et déclarations

27 juin 2014

C’était l’un des thèmes phare du récent congrès américain d’urologie (AUA 2014) : comment utiliser les tests génétiques et autres biomarqueurs du cancer de la prostate pour être capable d’une part de sélectionner les patients devant bénéficier d’une biopsie prostatique. D’autre part, en cas de cancer localisé à la biopsie, de distinguer ceux qu’il faut opérer de ceux pour lesquels une surveillance active peut être proposée.

Double problématique pour ce cancer qui reste le premier chez l’homme en termes  d’incidence avec  environ 70 000 nouveaux cas par an : comment dépister sans faire du surdiagnostic ? Comment traiter pour avoir un impact sur la survie, sans nuire à la qualité de vie ?

En effet, comme l’ont révélé les séries autopsiques, 40% des hommes de plus de 50 ans sont porteurs d’un cancer prostatique mais seulement 5% d’entre eux décèderont des suites de leur cancer. Dans ces conditions, on comprend qu’un certain nombre de biopsies et de traitements, tous potentiellement iatrogènes, soient réalisés en excès.

Concernant le dosage du PSA, la Haute Autorité de Santé a clairement indiqué en 2012  « qu'il n'existe pas de preuve de l'intérêt du dépistage du cancer de la prostate par dosage du Prostatic Specific Antigen (PSA) chez les hommes sans symptôme –y compris ceux considérés comme à plus haut risque. »

Mais la prise de position de l’agence n’a pas eu l’impact escompté en France sur le nombre de dosages réalisés à la demande des urologues et des médecins généralistes. Aux Etats-Unis, où le nombre de dosages de PSA a baissé depuis la publication de recommandations comparables en 2012, ce sont paradoxalement les urologues « académiques » qui ont été le plus contributeurs.

Le chapitre du dépistage précoce du cancer de la prostate n’est pas clos. Néanmoins, ces derniers temps, le débat semble moins vif entre les proPSA, urologues en tête, et antiPSA, plutôt des généralistes. Des voix discordantes se font même entendre de la part de certains urologues pour dénoncer ce dépistage. La solution viendra peut-être des progrès des tests d’identification génétique comme le suggère le Dr Gerald Chodak, chroniqueur américain de Medscape à la sortie de l’AUA 2014. 

Ce dossier fait un tour d’horizon des données françaises sur le sujet.

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