L’HPV 18 est, en revanche, à la 12e place (2,4%) et il n’est présent que dans 5,9 % des lésions de haut grade.
Globalement, les HPV 16 et/ou 18 sont détectés dans 55,6% des frottis HSIL (lésions intraépithéliales de haut grade).
Le deuxième génotype le plus fréquemment détecté dans les frottis HSIL est l’HPV 31. Les HPV 6 et 11 sont seulement détectés dans, respectivement,1,9% et 0,4% des échantillons.
« Dans la One Million study, les HPV 16 et 18 sont responsables de 70% des cancers du col de l’utérus. Nous, nous trouvons que les HPV 16 et 18 sont présents dans 55,6 % des lésions précancéreuses et c’est encore différent dans d’autres pays », indique Isabelle Heard.
« On sait bien qu’il y a des disparités géographiques de par le monde avec des distributions de génotypes de HPV différentes. C’est pour ça que chaque pays doit faire ses propres études », explique la chercheuse.
Autre divergence avec une étude française, cette fois, le HPV 16 est retrouvé dans 62% des lésions précancéreuses dans l’étude Edit 3 réalisée par le fabriquant du vaccin Gardasil®, contre 50,9% dans cette nouvelle étude.
L’ensemble de ces résultats laissent penser que les vaccins actuellement commercialisés sont efficaces mais qu’ils laissent de côté un certain nombre de génotypes d’HPV impliqués dans les lésions précancéreuses.
Ils suggèrent également que le vaccin 9 valent, en cours d’évaluation, sera modérément utile en France car il ne contient pas les 3ème, 6 ème et 7ème génotypes qui sont les plus fréquents chez nous.
Concernant les variations observées entre les 5 régions de France analysées par l’étude, Isabelle Heard précise que l’étude n’a pas été conçue pour répondre à cette question et que la valeur de ces résultats est, pour l’instant, à relativiser.
Une photographie pour suivre l’impact de la vaccination sur l’écologie virale dans les prochaines années
Cette nouvelle étude permet de prendre une photographie de l’écologie virale entre 2009 et 2012. L’idée est de reprendre une photographie dans 5 ans pour voir si l’écologie a changé, s’il y a des pressions de sélection dans un sens ou dans un autre.
Deux grandes questions se posent actuellement.
La première : les vaccins protègent-ils contre d’autres génotypes qui sont proches de ceux contenus dans les vaccins ? Des données avec le vaccin Cervarix® semblent montrer que oui.
La seconde : est-ce que les virus « deuxièmes couteaux » derrière le 16 et le 18, vont devenir plus oncogènes si HPV 16 et 18 disparaissent ? Nous n’avons, pour l’instant, pas de réponse.
« Nous démarrons cette semaine une étude chez des jeunes femmes de 18 à 25 pour voir si l’écologie virale varie en fonction de leur statut de vaccination. Nous devrions avoir les résultats dans un peu plus d’un an », précise Isabelle Heard.
Test HPV : un bon outil de triage après 40 ans En France, le test HPV est indiqué chez les femmes présentant des lésions mineures AS-CUS (atypies cellulaires de signification incertaine). L’étude montre pour la première fois que réaliser un test HPV après 40 ans est un très bon outil de triage car seul un tiers des prélèvements sont positifs dans cette tranche d’âge. « Seul un tiers des femmes feront des explorations complémentaires alors que si on refait un frottis ou une colposcopie 100% des femmes seront inquiétées. En revanche, ce n’est pas un bon outil de triage avant 40 ans car les femmes sont très souvent infectées par les HPV et qu’il y aurait beaucoup de tests positifs », explique Isabelle Heard. En France, le dernier rapport de la Haute Autorité de Santé (HAS), daté de juillet 2010, sur le dépistage du cancer du col indique que la mise en œuvre du test pour la détection des HPV en dépistage primaire en population générale est actuellement prématurée car son efficacité pour dépister les lésions précancéreuses n’a pas été démontrée chez les femmes de moins de 30 ans. Aux Etats-Unis, le test cobas® ciblant les HPV 16, 16,31, 33, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58, 59, 66 et 68 est désormais autorisé pour le dépistage préventif de première ligne chez les femmes de 25 ans et plus. |
Isabelle Heard et les auteurs de cette étude n’ont pas de liens d’intérêts en rapport avec le sujet. L’étude n’a pas été financée par l’industrie pharmaceutique. |
REFERENCE :
1. Heard I., Tondeur L., Arowas L et coll. Distribution des papillomavirus humains (HPV) dans des frottis effectués dans le cadre du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus en France. BEH 13, 14, 15. 20 mai 2014.
Citer cet article: Corrélation entre frottis et type d’HPV : premières données nationales - Medscape - 26 mai 2014.
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