Paris, France – A l'occasion de la 5ème édition de Juin vert, mois national de mobilisation contre le cancer du col de l'utérus, le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) consacre son dernier numéro au dépistage et à la surveillance des lésions précancéreuses et cancéreuses de ce cancer [1].
Il réunit un ensemble de travaux récents sur le dépistage du cancer du col par différents tests et sur l’impact de la vaccination sur l’écologie virale et les lésions du col de l’utérus.
Ces données sont capitales en vue de la généralisation du dépistage organisé du cancer du col de l'utérus, annoncée par le Président de la République dans le cadre du plan cancer 2014-2019.
Dans un des articles, Isabelle Heard (Centre national de référence pour les papillomavirus, Institut Pasteur, Paris) et coll. décrivent les différents génotypes d’HPV identifiés chez les femmes en fonction des résultats de leur frottis [2].
« Il s’agit des premières données nationales indépendantes, sans support industriel, qui permettent d’avoir une idée de l’impact de la vaccination sur les lésions du col de l’utérus dans notre pays », commente la chercheuse pour Medscape France.
Pour obtenir une photographie de la situation française, les chercheurs ont analysé les prélèvements résiduels de 6 539 frottis recueillis dans le cadre d’expérimentations de dépistage organisé mises en place dans cinq régions françaises (Alsace, Auvergne, Centre-Pays de la Loire, Ile de France et Vaucluse) entre 2009 et 2012.
Les échantillons ont été stratifiés en fonction de l’âge des femmes et des résultats des frottis. Les prélèvements ont été analysés avec la trousse de génotypage PapilloCheck®, qui permet d’identifier 18 HPV-HR et 6 HPV-BR.
14% des frottis normaux étaient positifs pour un HPV à haut risque oncogène
Il en ressort que près de 14% des frottis normaux étaient positifs pour un HPV à haut risque oncogène, « ce qui devra être pris en compte si une stratégie de dépistage basée sur le test HPV en première intention devait voir le jour », notent Nicolas Duport (Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France) et Jérôme Viguier (Institut national du cancer, Boulogne-Billancourt, France) dans l’éditorial du BEH.
Mise en perspective de l’efficacité des vaccins en fonction de l’écologie virale
Les chercheurs notent également que la distribution des HPV par classe d’âge et par type de lésions montre que le plus souvent, ce ne sont pas les HPV contenus dans les vaccins (HPV 16 et 18 pour le Cervarix®/GSK et HPV 6,11,16 et 18 pour le Gardasil®/Merck) qui sont responsables des lésions de bas grade mais les autres types.
« Cela n’est pas important car ces lésions disparaissent le plus souvent d’elles-mêmes », commente Isabelle Heard pour Medscape France.
En revanche, dans les lésions précancéreuses, ce sont les HPV 16 ou 18 qui sont retrouvés dans plus de 60% des cas jusqu’à 40 ans et dans plus de 50 % des cas entre 40 et 50 ans.
« Cela montre que 50 à 60 % des lésions précancéreuses seront évitées chez les femmes de moins de 50 ans qui auront été correctement vaccinées (avant les premiers rapports sexuels). C’est un impact très important qui devrait inciter les mères à faire vacciner leurs filles », souligne Isabelle Heard.
Quelle prévalence des HPV ciblés par les vaccins dans les lésions précancéreuses ?
Les génotypes HPV ciblés par les vaccins sont HPV 16 et 18 pour le Cervarix®/GSK et HPV 6,11,16 et 18 pour le Gardasil®/Merck.
Dans l’étude, l’HPV 16 est le génotype détecté le plus souvent quel que soit le résultat du frottis, ce qui n’est pas une surprise et il est détecté dans 50,9% des lésions précancéreuses.
Citer cet article: Corrélation entre frottis et type d’HPV : premières données nationales - Medscape - 26 mai 2014.
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