Paris, France -- En cas de cancer de la prostate, l’incidence des prostatectomies radicales varie de 31/100 000 à 132/100 000 selon les départements français.
Une véritable inégalité comme le soulignent Zeynep Or (IRDES) et Dorian Verboux (Université Paris Est Créteil), les auteurs du rapport « La pertinence des pratiques d’hospitalisation : une analyse des écarts départementaux de prostatectomie » publié par l’Institut de Recherche et Documentation en Economie de la Santé (IRDES) [1].
Les auteurs précisent qu’« un débat persiste sur l’utilité de la prostatectomie radicale… notamment pour les tumeurs localisées à faible risque du fait des effets secondaires qu’elle peut engendrer : impotence et incontinence ». Ils concluent que cette variation est liée à deux principaux déterminants : le nombre d’urologues par habitants et le nombre de lits d’hospitalisation disponibles dans la région.
70 000 nouveaux cas chaque année en France
Ce travail avait pour but d’analyser les variations locales et régionales d’une des options de traitement utilisée pour prendre en charge les 70 000 nouveaux cas de cancer de la prostate qui surviennent chaque année en France. Il est limité à un seul type d’intervention alors que cette affection peut être aussi soignée par curiethérapie ou radiothérapie externe. Cette intervention a été choisie en raison de ses effets secondaires possibles sur la vie sexuelle et la fonction urinaire.
Les auteurs ont pris en compte les 23 000 séjours hospitaliers pour prostatectomie radicale recensé dans le PMSI 2009.
« En moyenne, 74 hommes de plus de 40 ans pour 100 00 subissent une prostatectomie radicale chaque année en France. Le taux brut d’intervention varie de 31 pour 1000 000 (Haute Corse, Loiret, Nièvre) à 132 pour 100 000 (Doubs, Haute-Vienne, Morbihan, Loire Atlantique, Ardennes). L’âge moyen des patients s’établi à 63,4 ans », expliquent Zeynep Or et Dorian Verboux.
Le nombre d’urologues, les lits disponibles en clinique
Parmi les facteurs qui pourraient influer sur ces chiffres, certains sont détaillés :
- La pratique du dépistage par PSA varie selon les départements – de 6 % des hommes de plus de 40 ans en Mayenne à 36 % dans le Bas-Rhin – mais cette donnée n’influe pas sur le nombre des gestes radicaux effectués.
- Le nombre d’urologues par habitant est, en revanche, très fortement corrélé à la réalisation des prostatectomies. Si, en moyenne, la France compte 5 urologues libéraux pour 100 000 hommes de plus de 40 ans, ce chiffre varie en pratique de 1 à 12 selon les départements. Or, c’est dans les départements où exercent le plus d’urologues libéraux que le taux d’intervention est le plus élevé.
- Par ailleurs, le nombre de chirurgiens urologues exerçant dans le secteur public passe de 12 pour 100 000 habitants en Corse à plus de 26 en Ile-de-France, deux régions dans lesquelles les chiffres sont les moins élevés.
- Enfin, le nombre de lits disponibles – en particulier dans le secteur privé – influe lui aussi. En moyenne, près de 23 % des séjours pour prostatectomie sont effectués dans des établissements publics, 12 % dans des établissements privés non lucratifs et 65 % dans les cliniques privées. La répartition entre public et privé varie d’une région à l’autre : en Aquitaine, 86 % des gestes sont réalisés en clinique privée contre 14 % en Picardie (moyenne française 63 % pour le privé).
L’offre de soins fait la demande
Le rapport conclut que « la demande de soins n’est pas indépendante de l’offre existante puisque la densité de médecins urologues au niveau départemental et le poids de l’offre de soins au niveau régional sont associés de manière significative et positive aux taux de prostatectomies ».
Reste que ce travail n’a pas pris en compte les autres options thérapeutiques pour le cancer de la prostate telles que la curiethérapie et la radiothérapie externe.
REFERENCE :
IRDES. La pertinence des pratiques d’hospitalisation : une analyse des écarts départementaux de prostatectomies . Avril 2014.
Citer cet article: Prostatectomie radicale : du simple au quadruple selon la densité d'urologues par départements - Medscape - 16 mai 2014.
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