Calendrier vaccinal 2014 : un nouveau vaccin sur les 3 attendus

Paris, France – Pour lancer la semaine européenne de la vaccination, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, a présenté les grandes lignes du calendrier vaccinal 2014 [1].

Pour la première fois, le calendrier n’est plus publié dans le Bulletin Epidémiologique Hebdomaire mais directement sur le site du ministère des affaires sociales et de la santé.

Outre l’arrivée du vaccin contre le méningocoque B, on ne note pas de grands changements mais principalement des modifications qui tiennent compte de la plupart des derniers avis du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) à l’exception de ceux sur le rotavirus et le zona. Les deux vaccins restent sur le carreau.

Le calendrier des vaccinations 2014 modifie des recommandations existantes sur la vaccination anti-HPV, contre la coqueluche, la rougeole, l’hépatite B et le tétanos. Il intègre également des recommandations vaccinales spécifiques pour les personnes immunodéprimées ou aspléniques, leur entourage proche et les professionnels de santé à leur contact. « Ces recommandations marquent un progrès essentiel dans la prise en charge de ces malades particulièrement fragilisés », indique un communiqué du BEH.

Le vaccin contre le méningocoque B ajouté au calendrier 2014

Le calendrier des vaccinations 2014 comprend une nouveauté : la vaccination contre les infections invasives à méningocoque de sérogroupe B.

Le Bexsero® reste réservé à aux personnes à risque élevé de contracter une infection invasive à méningocoque et à des circonstances bien précises : personnes souffrant de déficits en complément, aspléniques, situations épidémiques… Il n’est donc pas recommandé en population générale.

HPV : 2 doses au lieu de 3

La vaccination contre les infections à papillomavirus humains est modifiée avec un schéma à 2 doses au lieu de 3 doses pour les jeunes filles de 11 à 14 ans. Un schéma à 3 doses est recommandé pour les jeunes filles de 15 à 19 ans révolus.

Lors de la présentation du nouveau calendrier, la ministre a rappelé l’intérêt de la vaccination contre le HPV et regretté les polémiques « infondées » sur cette vaccination.

Coqueluche : la stratégie du cocooning renforcée

La stratégie du cocooning contre la coqueluche est renforcée pour les adultes en contact avec des nourrissons âgés de moins de 6 mois et pour les professionnels de santé et de la petite enfance.

La vaccination contre la coqueluche est recommandée chez les adultes ayant un projet parental, au cours de la grossesse pour les enfants de la fratrie et le conjoint, et chez les personnes susceptibles d’être en contact étroit et durable avec le futur nourrisson au cours de ses 6 premiers mois (grands-parents, les baby-sitters…)

La vaccination contre la coqueluche est aussi préconisée en post-partum si la mise à jour de la vaccination n’a pas été faite antérieurement et pour les personnels soignants dans leur ensemble et les personnes travaillant en contact étroit et répété avec les nourrissons âgés de moins de 6 mois (maternité, service de néonatalogie et de pédiatrie).

Sont également concernés les étudiants des filières médicales et paramédicales, les professionnels chargés de la petite enfance, les assistants maternels, les personnes effectuant régulièrement du baby-sitting.

Rougeole et oreillons : précisions sur les conditions de vaccination

Des précisions sont apportées sur les conditions de vaccination contre la rougeole des enfants âgés de 6 à 11 mois exposés à un cas de rougeole, ainsi que contre les oreillons en situation de cas groupés d'oreillons en collectivité.

Sauf exception, la vaccination contre la rougeole ne sera plus administrée avant l'âge de 12 mois. Cependant, pour les enfants âgés de 6 à 11 mois exposés à un cas de rougeole ou devant voyager dans un pays de haute endémicité, une dose de vaccin monovalent Rouvax® devra être administrée. Elle sera suivie de 2 doses (12 mois et 16-18 mois).

Concernant les oreillons, en cas d'épidémie dans une collectivité, il faudra proposer systématiquement une troisième dose de ROR aux personnes ayant déjà reçu deux doses mais dont la dernière remonte à plus de 10 ans.

Mises à jour des conditions de vaccination contre le tétanos et l’hépatite B

Pour les patients à jour dans leur vaccination anti-tétanos, le rappel n’est pas nécessaire. En revanche, ceux dont la vaccination est obsolète doivent se soumettre à une nouvelle injection. Si la plaie est de taille majeure ou sujette à contamination, de l’immunoglobuline humaine doit être administrée à l’autre bras en prévention du tétanos.

Pour l’hépatite B, le schéma est simplifié et de nouvelles dispositions sont prises pour les professionnels de santé.

Les professionnels de santé ne sont plus uniquement soumis à l’obligation vaccinale, ils doivent apporter la preuve de leur protection en faisant doser leurs Ac anti-HBs. Un taux supérieur à 100 UI/l, les exonère de toute revaccination car les sujets sont protégés à vie.

Un nouveau schéma vaccinal accéléré contre l'hépatite B peut être proposé dans certaines conditions de recherche d'immunisation rapide, par exemple dans un contexte de voyage imprévu dans des pays de forte endémie.

Vaccination contre les rotavirus et zona : les deux absents
A signaler : deux avis du HCSP n'ont pas été intégrés au calendrier vaccinal 2014 : un avis recommandant la vaccination contre les rotavirus des nourrissons et un autre avis recommandant la vaccination contre le zona des personnes âgées. 
En février dernier, le HCSP recommandait de vacciner les nourrissons de moins de 6 mois contre les gastroentérites à rotavirus mais soulignait qu’aux prix actuels des vaccins, la vaccination des nourrissons était peu coût-efficace. Il indiquait que d’autres pays européens avaient obtenu des prix rendant cette vaccination coût-efficace, ce qui leur avait permis d’introduire cette vaccination dans leur calendrier vaccinal. Il semble que cet effort sur le prix n’a pas encore pu être obtenu chez nous…
« La recommandation est soumise à des considérations de prix qui n'est pas encore fixé. D'où l'impossibilité de l'inscrire dans l'immédiat », confirme le Pr Christian Perronne (Professeur de maladies infectieuses, Chef de département, Hôpital Universitaire Raymond Poincaré, Garches).
Pour le zona, l’avis du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) recommandant l’utilisation de Zostavax®, un vaccin vivant développé par Sanofi-Pasteur-MSD chez les 65-74 ans, n’a pas été suivi. Si, ce vaccin n’a pas d’intérêt « collectif » en matière de prévention, il apparait pourtant justifié au HCSP d’un point de vue médico-économique. La raison de l’absence du vaccin anti-zona du calendrier 2014 est autre.
« Le vaccin contre le zona n'est pas inscrit au calendrier car il n’est pas disponible. Le fabricant ne peut pas le fournir pour l'instant », explique le Pr Christian Perronne.

 

Citer cet article: Calendrier vaccinal 2014 : un nouveau vaccin sur les 3 attendus - Medscape - 23 avr 2014.