La FDA défavorable au serelaxin dans l’insuffisance cardiaque aiguë

Vincent Bargoin

Auteurs et déclarations

27 mars 2014

Gaithersburg, Etats-Unis – Et de deux : après l’avis négatif rendu en janvier dernier par le comité des médicaments à usage humain (CHMP) de l'Agence Européenne du Médicament (EMA) au serelaxin (Reasanz ®, Novartis) dans l'insuffisance cardiaque aiguë, c’est au tour du Cardiovascular and Renal Drugs Advisory Committee de la FDA de ne pas recommander d’approbation sur la base des résultats actuellement disponibles. C’est en tout cas ce que préconise l’analyse préliminaire à la réunion du 27 mars, selon le document mis en ligne par l’agence américaine [1].

Aux Etats-Unis comme en Europe, les résultats de l’étude RELAX-AHF ont été jugés insuffisants en eux-mêmes. S’ils montrent bien un effet symptomatique durant les cinq premiers jours, c’est seulement sur l’une des deux échelles d’évaluation utilisée, et sans conséquences sur les critères cliniques « durs » à deux mois.

Aucune autre étude n’ayant été menée pour conforter ce résultat, les experts américains ont abouti à la même conclusion que leurs collègues européens.

Une revendication un peu large

Le document souligne,  en outre, que « alors que l’essai pivot était conçu pour évaluer la dyspnée, le demandeur [Novartis] revendique une indication sensiblement différente. La revendication porte sur l’amélioration des symptômes de l’insuffisance cardiaque aiguë à travers la réduction du taux d’aggravation de l’insuffisance cardiaque ».

Les experts américains semblent en fait avoir considéré qu’il y avait là deux revendications en une : l’effet du serelaxin sur les symptômes de l’insuffisance cardiaque aiguë, d’une part, et la réduction du taux d’aggravation de l’insuffisance cardiaque, d’autre part.

Les deux revendications ont donc été examinées séparément.

S’agissant de l’amélioration des symptômes, les experts « ne croient pas que les données de l’essai supportent cette revendication », et notamment parce que « le critère primaire [le score de Lickert de dyspnée, et l’aire sous la courbe d’une échelle analogique d’autoévaluation] n’intègre pas d’autres symptômes que la dyspnée » (toux, œdème, choc, fatigue, angoisse,…). « Par conséquent, les données actuelles ne supportent pas une revendication large, portant sur les symptômes de l’insuffisance cardiaque aiguë ».

S’agissant du taux d’aggravation de l’insuffisance cardiaque, le constat est le même : les experts « ne croient pas que les données de l’essai justifient cette revendication », et notamment parce que la réduction du taux d’aggravation n’était pas un critère d’efficacité préspécifié, mais une observation effectuée en cours d’étude ».

Rappelons qu’en juin 2013, le label « Breakthrougt therapy » avait été accordé par la FDA au serelaxin. Ce label visait à examiner le dossier selon une procédure accélérée, ce qui peut se comprendre dans le contexte de la décompensation aiguë d’insuffisance cardiaque, où le manque de traitement est flagrant.

 

Référence :

  1. FDA Briefing Document for the Cardiovascular and Renal Drugs Advisory Committee (CRDAC). 27 mars 2014

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