En post-ménopause, calcium + vitamine D feraient baisser le cholestérol

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

21 mars 2014

Cleveland, Etats-Unis — Après la ménopause, la supplémentation en calcium et en vitamine D améliorerait les taux de cholestérol. Un effet, en grande partie, médié par l’augmentation des taux de vitamine D, selon une étude de la Women’s Health Initiative (WHI) publiée sur le site de la revue Menopause, le journal de la North American Menopause Society (NAMS) [1].
Chaque jour, les 600 femmes ménopausées enrôlées dans l’essai WHI CaD, entre 1993 et 1998,ont reçu soit 1000 mg de calcium et 400 UI de vitamine D3, soit un placebo. Leurs taux de vitamine D et de cholestérol ont été mesurés avant et après randomisation.
Les femmes qui prenaient des suppléments avaient deux fois plus de chance d’avoir des taux de vitamine D supérieurs à 30 ng/mL que les femmes qui recevaient le placebo. Aussi, chez les participantes ayant bénéficié durant 2 ans de la supplémentation, les niveaux sanguins de vitamine D étaient accrus de 38%, soit 24,3 ng/mL en moyenne versus en moyenne 18,2 ng/mL avec le placebo (IC 95%, 1,29-1,47, P < 0,001).
Concernant le cholestérol LDL, les femmes avaient des taux abaissés de 4,46 mg/dL en moyenne comparées à celles qui recevaient le placebo (p=0,03).
Un bénéfice plus important chez certaines femmes et en fonction du mode de vie
Parmi les femmes qui recevaient les suppléments, celles qui avaient les taux de vitamine D les plus élevés avaient les taux de cholestérol HDL les plus élevés et les taux de triglycérides les plus bas.
Aussi, la supplémentation en calcium et vitamine D augmentait les taux de vitamine D de façon plus importante chez les femmes les plus âgées, chez celles qui avaient de faibles apports en vitamine D et chez les femmes qui avaient des taux de vitamine D initialement mesurés en hiver.
En outre, la supplémentation était associée à des meilleurs taux de vitamine D chez les femmes qui ne fumaient pas ou qui buvaient peu d’alcool.
Plusieurs bémols
Reste à savoir si les effets positifs de la supplémentation en vitamine D et en calcium sur le cholestérol se traduisent réellement par une diminution du risque de maladies cardiovasculaires chez les femmes après la ménopause. A l’heure où l’intérêt des cibles de cholestérol est remis en question par les recommandations américaines sur les dyslipidémies et la prévention cardiovasculaire et par d’autres experts, il est légitime de se poser la question.
Pour le Dr Margery Gass, directeur général de la NAMS, il n’en reste pas moins que «  les résultats de cette étude devraient pousser encore plus les femmes à surveiller leurs apports en calcium et en vitamine D, un moyen simple et sur d’améliorer leur état de santé. Une action qui peut se traduire par de multiples bénéfices ! », souligne-t-elle.
Là-encore, il faut rappeler que l’on s’interroge actuellement sur les bénéfices réels de la supplémentation en vitamine D dans un certain nombre de cas [2,3].
Les résultats d’une méta-analyse publiée le 24 janvier 2014 dans Lancet Diabetes & Endocrinology ont montré, notamment, que cette supplémentation n'apportait pas de bénéfice sur le risque d’apparition des infarctus du myocarde ou de maladie cardiaque ischémique, d’AVC ou de maladie cérébrovasculaire, et de cancer [2].
L’hypothèse aujourd’hui envisagée par certains serait qu’un faible taux de vitamine D soit juste le marqueur d’un mauvais état de santé et qu’une supplémentation en vitamine D ne permette pas forcément de l’améliorer.
Il faut donc rester prudent quant à l’interprétation de ces nouveaux résultats en post-ménopause.

Références :

  1. Schnatz, Peter F; Jiang, Xuezhi; Vila-Wright, Sharon et coll. Calcium/vitamin D supplementation, serum 25-hydroxyvitamin D concentrations, and cholesterol profiles in the Women’s Health Initiative calcium/vitamin D randomized trial. Menopause. 3 Mars 2014.

  2. Bolland M.J, Grey A, Gamble G.D, Reid. I.R.  The effect of vitamin D supplementation on skeletal, vascular, or cancer outcomes: a trial sequential meta-analysis. , The Lancet Diabetes & Endocrinology, 24 Jan. 2014.

  3. Autier P, Boniol M, Pizot C, Mullie P. Vitamin D status and ill health: a systematic review. The Lancet Diabetes & Endocrinology, Jan. 2014 (publié en ligne le 6 décembre 2013)

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