Les associations de diabétiques réclament le remboursement de la mesure en continu du glucose

Adélaïde Robert-Géraudel

Auteurs et déclarations

17 mars 2014

Paris, France – Les associations de patients ont réclamé, lors d’une conférence de presse organisée au congrès de la Société francophone du diabète 2014 (SFD), le remboursement de la mesure en continu du glucose (MCG)

Ces nouveaux dispositifs ne sont en effet pas inscrits sur la Liste des produits et prestations remboursables. Si un diabétique veut aujourd’hui en bénéficier, il lui faut débourser initialement jusqu’à 1000 euros pour l’appareil et environ 70 euros tous les 5 jours pour les consommables, soit plus de 4000 euros/an pour une utilisation continue.

En pratique aujourd’hui, entre 100 et 400 patients, suivant les sources, en auraient l’usage en France. Soit parce qu’ils ont participé à un essai clinique et ont demandé à garder l’appareil en prenant les consommables à leur charge. Soit parce que les hôpitaux leur en prêtent un pour une période donnée afin d’essayer de mieux équilibrer leur diabète, en prenant en charge ou non le coût des consommables suivant les cas. Soit, semble-t-il plus rarement, parce qu’ils ont acheté l’appareil auprès du laboratoire.

En Europe, d’autres pays ont déjà fait le choix de rembourser, dans des indications très précises, ce type de dispositif. D’après le recensement d’un groupe d’étude suisse, c’est le cas de la Suède, de la Slovénie, des Pays-Bas, de la Suisse et de la région de Côme en Italie.

De quels dispositifs parle-t-on ?

Aujourd’hui, trois fabricants proposent des appareils de MCG avec lecture des résultats accessibles au patient : Abbott (Freestyle Navigator  II), Medtronic (Minimed, mais qui est uniquement couplée avec la pompe Paradigm-Veo) et Johnson & Johnson qui propose le lecteur G4 de Dexcom couplé à la pompe à insuline Animas Vibe autorisé dès 2 ans).

En 2007, Medtronic avait obtenu pour un lecteur de glycémie en continu Guardian Real-Time une amélioration du service attendu de niveau II mais le dossier en est resté là et Medtronic ne propose plus cet appareil en France. Le fabricant se positionne désormais sur la MCG couplée à une pompe.

En 2010, la pompe Paradigm Veo avait bénéficié d’une pris en charge temporaire dans le cadre du forfait innovation mais qui n’a pas abouti à son inscription sur la LPPR, le dossier est en cours. Enfin, en décembre 2013, FreeStyle Navigator II a quant à lui obtenu une ASA de niveau IV .

Pourquoi est-ce une innovation si cruciale ?

La MCG a d’évidents avantages théoriques pour le patient : faciliter les ajustements thérapeutiques grâce à une meilleure connaissance de son comportement glycémique, anticiper les hypo ou hyperglycémie et réduire la variabilité glycémique, détecter les hypoglycémies lorsqu’elles ne sont pas ressenties (alarme).

A l’inverse, cette abondance de données peut aussi être anxiogène, voire conduire à des comportements inadaptés (sur-correction).

En pratique, l’efficacité du dispositif risque de dépendre de celui qui est au bout, estiment les spécialistes. Si le patient porte le dispositif souvent, s’il regarde les valeurs affichées plusieurs fois par jour, n’exagère pas les corrections, fait les ajustements adéquats etc. alors on peut s’attendre à une amélioration de la qualité de vie et du pronostic.

Cela suppose une éducation préalable des patients. Education prévue par exemple dans l’avis délivré par la Commission nationale d’évaluation des dispositifs médicaux et des technologies de santé à Freestyle Navigator II d’Abbott.

D’où également le fait que la MCG soit aujourd’hui davantage développée sous la forme de « pancréas artificiel », c’est-à-dire de manière couplée à une pompe à insuline via un algorithme permettant alertes, arrêt des bolus ou ajustement automatique des doses.

Des capteurs de glucose en continu pour qui?

Etant donné le coût de cette technologie, impossible de rembourser la MCG à tous les diabétiques. D’autant qu’il ne remplace pas un lecteur classique mais s’y ajoute, le lecteur de glycémie capillaire étant nécessaire pour les calibrages et la confirmation des valeurs anormales.

Par ailleurs, indépendamment du coût, il n’existe pas les preuves d’un bénéfice pour n’importe quelle catégorie de patients. Le gain en termes de taux d’hémoglobine glyquée est d’ailleurs en moyenne assez faible (0,26 points d’après une méta-analyse). Les bénéfices et coûts-bénéfices ne sont plus évidents que pour certaines sous-catégories de patients.

Au niveau international, les différentes recommandations (American Diabetes Association, Association of British Clinical Diabetologists’ position statement,...) ciblent toutes des catégories bien précises de patients.

En France, la cible qui semble se profiler est celle d’un diabétique de type 1, adulte enfant ou femme enceinte, présentant un diabète instable (taux d’hémoglobine glyquée supérieur à 8% et/ou hypoglycémies sévères non ressenties) malgré un traitement et des autocontrôles glycémiques bien menés.

Cependant, des spécialistes comme le Pr Guillaume Charpentier (CH Sud Francilien) n’excluent pas que cette cible soit étendue aux diabétiques de type 2 traités par un régime basal bolus et situés dans le même cas que les type 1 précédemment décrits.

D’après les évaluations faites par la  Commission nationale d’évaluation des dispositifs médicaux et des technologies de santé pour Guardian Real-Time et FreeStyle Navigator II, la population cible estimée s’élevait dans le premier cas entre 13 000 et 15 000 patients par an en France et dans le second cas à 18 500 patients par an mais dont seulement 6 000 à 12 500 seraient prêts à utiliser un tel système. La cible estimée pour Paradigm Veo n’était que de 5 000 patients.

Crédit photo : Novalab

Référence :

  • Conférence de presse. Les associations de patients réclament le remboursement de la mesure du glucose en continu. SFD 2014.

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