Risque cardiaque de la saxagliptine : la FDA lance une investigation

Aude Lecrubier, Michael O’Riordan

Auteurs et déclarations

12 février 2014

Bethesda, Etats-Unis – L’essai Saxagliptin Assessment of Vascular Outcomes Recorded in Patients with Diabetes Mellitus (SAVOR-TIMI 53) publié dans le New England of Medicine et présenté au congrès de lEuropean Society of Cardiology en septembre dernier a blanchi l'antidiabétique saxagliptine (en France Onglyza® et Komboglyze®, BMS/AstraZeneca) des risques cardiovasculaires et pancréatiques majeurs à deux ans mais a alerté sur un risque d’insuffisance cardiaque.

La Food and Drug Administration (FDA) a donc décidé d’initier une procédure d’évaluation de ce risque chez les patients diabétiques de type 2 traités par ce nouvel inhibiteur de la dipeptidylpeptidase-4 (DPP-4 ou gliptine) [1].

L’Agence américaine demande au laboratoire fabricant l’antidiabétique de fournir des données cliniques supplémentaires afin d’évaluer les risques potentiels. Celui-ci devrait lui remettre l’ensemble des données d’ici la fin mars.

Pour rappel, le vaste essai post-marketing SAVOR-TIMI 53 a montré que la saxagliptine était associée à un risque accru d’hospitalisations pour insuffisance cardiaque de 27%, l’une des composantes du critère secondaire principal pré-spécifié de l’étude.

« A ce stade, nous considérons l’information de l’étude [TIMI SAVOR 53] comme préliminaire. Notre analyse des données de l’essai clinique sur la saxagliptine fait partie de l’évaluation, plus globale, du risque cardiovasculaire des nouveaux antidiabétiques », a indiqué l’agence.

Antidiabétiques et évaluation du risque cardiovasculaire

En 2008, les doutes sur le profil cardiovasculaire de l'hypoglycémiant rosiglitazone ont conduit la FDA et l'Agence européenne du médicament (EMA) à changer leurs procédures d'autorisation des antidiabétiques et à demander aux laboratoires de faire la démonstration de leur innocuité cardiovasculaire. SAVOR-TIMI 53 s'inscrit dans ce contexte.


Les avis des cardiologues et diabétologues sont partagés sur la question

La saxagliptine est aujourd’hui commercialisée, entre autres, aux Etats-Unis, au Canada et en Europe.
En pratique, Outre-Atlantique, la FDA recommande aux patients de ne pas stopper leur traitement par saxagliptine mais de voir leur médecin en cas de questions ou de doutes. Aucun conseil spécifique n’est adressé aux médecins à part celui de continuer à suivre les recommandations figurant sur la notice du médicament.

Du côté des experts, les avis divergent. Certains cardiologues pensent qu’il ne faut pas donner d’inhibiteurs de DPP-4 aux patients qui souffrent d’insuffisance cardiaque, alors que d’autres, beaucoup de diabétologues notamment, pensent qu’une insuffisance cardiaque préexistante ne devrait pas être un obstacle à la prescription mais qu’en revanche, les médecins devraient porter une vigilance accrue aux 6 premiers mois de traitement, la période la plus à risque.

D’autres essais sont attendus qui devraient permettre de clarifier la situation. L’essai TECOS [cardiovascular outcomes with the DPP-4 inhibitor sitagliptin (Januvia®, Merck)], notamment, devrait permettre de savoir si les résultats observés dans l’essai SAVOR-TIMI 53 proviennent d’un effet classe ou s’ils sont liés  au hasard.

Ce sujet a fait l'objet d'une publication dans Medscape.com

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