Les patients changent, les USIC évoluent elles-aussi

Dr Isabelle Catala

Auteurs et déclarations

29 janvier 2014

Paris, France -- « D’unités de soins pour patients coronariens dans les années 1960, les USIC vont devenir des soins intensifs cardiologique polyvalents dans un avenir très proche ouverts à l’ensemble des pathologies cardiaques lourdes », analyse le Pr Gérald Vanzetto (CHU Grenoble) à l’occasion d’une réflexion sur l’avenir des USIC dans le cadre des 24èmes Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie [1].

Une évolution rendue possible par l’avancée des techniques

Pour le Pr Vanzetto, « cette évolution des USIC est inéluctable. C’est la preuve que tout le travail effectué depuis 40 ans a porté ses fruits : de 30 % de décès en cas de STEMI on est passé à 3 %... Les médicaments et techniques ont évolué : thrombolyse, coronaroplastie... Aujourd’hui, la prise en charge de l’infarctus (IDM) est le plus souvent gérée par les services d’urgence pré-hospitalière. La durée de séjour en USIC est passée de 3 semaines à 3 jours…
Mais c’est le recrutement des patients qui s’est le plus modifié.
En 2010, chez les plus de 80 ans traités pour IDM, 18,2 % sont anémiés, 25% souffrent d’insuffisance rénale, 11,4 % de BPCO, 3 % de cancer et 11,4 % de troubles neurologiques ».
Entre 1989 et 2006, le nombre des STEMI pris en charge en USIC a diminué de 7 % alors que dans le même temps, celui des NSTEMI a augmenté de 13 %, celui des sepsis de 26 %, des insuffisances hépatiques de 23 %.
C’est cette modification dans les pathologies qui fait qu’aujourd’hui, un quart des patients d’USIC sont traités par antibiotiques, une fibroscopie est nécessaire pour 10 % d’entre eux et 6 % des malades sont ventilés de façon invasive ou non.

Des soins intensifs cardiologiques polyvalents

Comme le résume le Pr Vanzetto, « dans les USIC on est passé de l’ère de la ressuscitation rapide dans les années 1970 (défibrillation rapide, soins post-IDM, prise en charge spécifique des STEMI), à celle de l’intervention préventive (panel de médicaments élargi, prise en charge des suspicion d’ischémie, des arrêts cardiaques et de l’insuffisance cardiaque).
Aujourd’hui, c’est l’ère des soins intensifs cardiologiques polyvalents : circulation extracorporelle, assistance mécanique, hypothermie thérapeutique, dialyse, monitoring invasif et non-invasif, traitement de l’hypertension artérielle pulmonaire, des pathologies cardio-vasculaires complexes associée à des comorbidités.
Des protocoles pour la sécurité des patients et des mesures pour améliorer les soins ont aussi été adoptés dans l’ensemble des USIC de France.
Reste à ne pas rater le tournant des nouvelles technologies, « le e-USIC » avec le développement des services au soin en ligne, de la télémédecine, de l’aide à la prescription… 
Néanmoins, en France aucune recommandation sur les USIC n’a été publiée depuis 2002, contrairement aux Etats-Unis où l’AHA s’est prononcée en 2012 [2]. Pourtant ces recommandations sont indispensables pour faire avancer les choses».

Comment le Pr Vanzetto imagine les USIC de demain ?

- Elles devront être adaptatives et non figées afin de suivre – voire de prévoir – l’évolution des pathologies prises en charge, des patients traités et des technologies.
- Elles seront animées par des hyperspécialistes « des USICologues », qui sauront travailler avec les autres spécialités cardiologiques (rythmologues et interventionnels) et avec les autres spécialités.
- Elles s’intégreront dans un réseau de soins intensifs relié aux urgences et pourront éventuellement traiter d’autres pathologies si les équipes de soins le permettent (neuro-vasculaire, chirurgie cardiaque…).
- Un maillage géographique devra rapidement être imaginé puisque toutes les unités ne nécessitent pas les mêmes ressources. Cette catégorisation des USIC par leurs capacités techniques et médicales ne doit pas être imposée par les autorités sanitaires. Les cardiologues doivent anticiper cette demande et réfléchir au nombre, à la localisation, aux besoins en personnel, aux compétences et à la typologie des patients qui seront référés en fonction des moyens mis à disposition.
- Une démarche qualité sera obligatoire afin d’améliorer la prise en charge des patients.
- Une évaluation de la formation continue des médecins et des paramédicaux sera indispensable.
- Enfin, les USIC devront promouvoir la recherche.

Le Pr Gérald Vanzetto ne déclare pas de conflits d'intérêts.

 

Commenter

3090D553-9492-4563-8681-AD288FA52ACE
Les commentaires peuvent être sujets à modération. Veuillez consulter les Conditions d'utilisation du forum.

Traitement....