Dallas, Etats-Unis – Lapratique d’un sport en altitude, a fortiori quand il s’agit de réaliser des performances, ne va pas sans une nécessaire acclimatation à ce nouvel environnement. Tour d’horizon des contraintes et des stratégies mises en place pour les contourner lors des Jeux Olympiques d’hiver.
Les contraintes environnementales des JO d’hiver
Il existe une « différence de taille » entre les événements sportifs qui se déroulent l’hiver et les Jeux Olympiques d’hiver : l’altitude. Au cours des 20 derniers JO, sept villes se situaient au-dessus de 1000 m [1]. Pour preuve, aux JO de Salt Lake City en 2002, les épreuves de ski de fond et de biathlon se sont déroulées à 1717 mètres, le saut à ski à 2233 m et de descente homme à 2814 m. De telles altitudes impliquent forcément de grandes capacités d’adaptation de la part des sportifs qui doivent gérer d’importantes contraintes environnementales susceptibles d’affecter leurs performances : grand froid, état de la neige et de la glace, altitude élevée.
Hypoxie hypobarique et perte de portance de l’air
Bien sûr, la première contrainte qui vient à l’esprit est la disponibilité en oxygène, réduite de par la diminution de la pression atmosphérique (hypoxie hypobarique naturelle). Même si on ne dispose pas de données directes sur les performances, la capacité à utiliser l’oxygène à un taux élevé est historiquement liée à de bons résultats dans les sports d’endurance.
Dans le cadre des JO d’hiver, les épreuves qui pourraient être directement affectées par la consommation maximale d’oxygène (VO2 max) sont celles qui comprennent du ski de fond, du biathlon, les sports d’endurance (1500, 5000 et 10 000 m) et le patinage de vitesse.
Autre contrainte : la résistance de l’air, la portance et la résistance. En effet, en altitude, la densité réduite de l’air entraine une diminution des forces de résistance, à raison d’une réduction de 3% de la densité de l’air à chaque gain de 305 m d’altitude.
Toutes les épreuves de patinage de vitesse, de ski alpin (descente, super G) et de glisse (bobsleigh, luge et skeleton) vont, bien sûr, être directement concernées. De même, la diminution de la résistance de l’air dans les sports de vitesse comportant une composante d’adresse et d’habileté (le saut à ski, le hockey, le tir au biathlon, le ski acrobatique…) compliquent forcément les épreuves. Dans le saut à ski, le sportif doit adapter sa technique aux effets de l’altitude, et jouer sur l’angle créé entre le corps et la position des skis pour tenir compte de la modification des forces aérodynamiques.
Dans certains sports, comme le patinage de vitesse, la réduction de la résistance à l’air est au final positive sur les performances de l’athlète, allant jusqu’à compenser les inconvénients de l’hypoxie. Résultat : pour ce type de sport, les meilleurs temps sont obtenus en altitude et les records du monde sont associés aux altitudes le plus élevées.
L’acclimatation, une étape incontournable
Pour faire face à ces contraintes rien ne vaut l’exposition chronique à l’altitude. L’acclimatation résulte en effet en des adaptations physiologiques permettant d’améliorer la délivrance de l’oxygène aux muscles et donc la performance à l’exercice. Les plus notables sont l’élévation de l’hématocrite, du taux d’hémoglobines et une hyperventilation alvéolaire.
D’autres modifications peuvent intervenir au niveau du muscle squelettique, comme l’augmentation de la densité mitochondriale et l’accroissement des concentrations en myoglobine qui, au final, conduisent à une amélioration de la capacité à l’exercice et à une meilleure tolérance à l’altitude. Si cette acclimatation est essentielle aux sports d’endurance, elle sera toutefois différente selon qu’elle prépare des compétitions en altitude élevée ou des événements ayant lieu au niveau de la mer.
S’entrainer en altitude, oui mais laquelle ? A priori, celle à laquelle se tiendra la compétition, déclarent les auteurs de l’article.
Pendant combien de temps avant l’épreuve ? Tout dépend de l’altitude. Si 3 à 5 jours sont acceptables pour les basses altitudes, 1 à 2 semaines sont nécessaires pour les altitudes modérées.
Si la période d’acclimatation est inenvisageable, alors une simulation en milieu hypoxique recrée artificiellement est possible à condition d’y passer 12 à 14 heures par jour.
Pour las athlètes dont le sport comprend une composante d’adresse, alors une période d’acclimatation à l’altitude considérée est fortement recommandée de façon à retrouver son habileté et à s’habituer à la vitesse et au mouvement. Les rapides changements qui peuvent intervenir en termes de plasticité neuronale sont bien connus, néanmoins les expériences issues des vols spatiaux suggèrent qu’il faut du temps pour adapter ses mouvements à la microgravité. Il est donc conseillé aux athlètes de prévoir un temps d’entrainement long pour « apprivoiser » la densité réduite de l’air en altitude.
Recommandations aux athlètes : |
Référence :
Chapman RF, Stickford JL, Levine BD. Altitude training considerations for the winter sport athlete. Exp Physiol 95, 3 pp, 411-21.
Citer cet article: Sport en altitude : les clés de l’entrainement aux JO d’hiver - Medscape - 29 janv 2014.
Commenter