Paris, France – Le suivi à distance des porteurs d’un défibrillateur automatique implantable (DAI) par télécardiologie est associé à une baisse des coûts remboursés par l’Assurance maladie de 7%, comparativement à un suivi standard, soit une économie moyenne de 315 euros par patient et par an, selon les derniers résultats de l’étude randomisée ECOST (Effectiveness and Cost Of ICD follow-up Schedule with Telecardiology). Ces données ont été présentées par le Dr Laurence Guédon-Moreau (CHU de Lille), au cours d’une conférence de presse organisée par Biotronik [1].
Ces résultats de l’évaluation médico-économique de l’étude sont dévoilés alors que l’examen de la demande de remboursement de la télésurveillance n’a toujours pas abouti. « Les actes de télécardiologie n‘étant pas pris en charge, la rémunération des professionnels de santé n’a pas été prise en compte dans cette évaluation », a d’ailleurs rappelé la cardiologue.
Mise en place avec le système Home Monitoring® (Biotronik), l’étude ECOST a inclus 433 patients implantés, recrutés entre janvier 2007 et avril 2008 dans 43 centres français. Ils ont été randomisés entre une télésurveillance, comprenant une seule consultation ambulatoire à un an, et un suivi classique en ambulatoire avec une consultation tous les six mois.
Baisse des hospitalisations liées aux chocs de 72%
Un premier volet de l’étude, révélé en 2011 au congrès de l'European Society of Cardiology 2011, a montré que la télécardiologie avait permis de réduire le risque de chocs inappropriés de 52% et le risque d’hospitalisation liée à ces chocs de 72% pendant les deux années de suivi. La technologie s’est également avérée sure et efficace.
Le volet économique de l’étude avait pour objectif d’évaluer les coûts hospitaliers et ambulatoires des deux stratégies sur 27 mois en se basant sur la facturation réelle de l’Assurance maladie. Les coûts ambulatoires incluent le suivi technique des DAI (consultations et transports), ainsi que les traitements et procédures cardiovasculaires.
Les résultats montrent une diminution significative des coûts ambulatoires remboursés de 16%, ceux des soins standards s’élevant à 1 952 euros en moyenne par an et par patient, contre 1 695 euros pour le suivi à distance, soit une économie de 257 euros par patient et par an.
Les coûts associés précisément au suivi des défibrillateurs, incluant les consultations de contrôle et le transport des patients, observent une réduction significative de 25%, avec un coût moyen de 332 euros par patient et par an dans le groupe témoin et 242 euros dans le groupe avec télésurveillance.
Un coût moyen de près de 4 500 euros par an
Pour ce qui est des coûts hospitaliers, ils n’ont pas été impactés par la stratégie de suivi, « puisqu’il n’y a pas de différence significative entre les deux groupes en termes de survenue d’évènements indésirables graves », principale cause des hospitalisations, souligne le Dr Guédon-Moreau.
En additionnant ces montants aux prix du DAI et en incluant le coût du système de suivi à distance, les coûts totaux atteignent une moyenne de 4 781 euros par an et par patient pour les soins standards, contre 4 466 euros pour le suivi à distance, soit une baisse de 7% et une économie de 315 euros par patient et par an.
De plus, les économies devraient être croissantes à long terme puisque l’étude a également montré que la télésurveillance augmente la durée de vie des dispositifs implantés en réduisant le nombre de chocs délivrés, ce qui a permis une baisse de 76% du nombre de charges de la pile et, par conséquent, une prolongation de sa longévité.
« Ces nouveaux résultats montrent que le suivi à distance des patients porteurs d’un DAI génère des économies significatives tout en améliorant la prise en charge et en optimisant l’utilisation des ressources de soin », a commenté le Dr Guédon-Moreau.
Ces économies pourraient servir à rémunérer la prestation médicale pour les actes de télémédecine. Les soins aux patients implantés seraient ainsi améliorés sans coûts supplémentaires pour le système de santé.
Forfaits à deux niveaux
Les discussions pour un remboursement des actes de télésurveillance sont menées depuis 2011. Les experts proposent pour la télécardiologie une tarification forfaitaire à deux niveaux, avec un tarif plus élevé la première année pour tenir compte des charges liées à la mise en place de la télésurveillance.
« Pour les stimulateurs cardiaques et les défibrillateurs, les forfaits s’élèvent respectivement à 360 euros et 380 euros la première année, puis 230 euros et 250 euros par an les années suivantes » a indiqué le Dr Arnaud Lazarus, rythmologue (clinique Ambroise Paré, Neuilly-sur-Seine).
En plus du suivi à distance, le forfait global inclut la visite annuelle en face à face et les visites complémentaires éventuellement nécessaires. « C’est une proposition. L’Assurance maladie viendra certainement avec la sienne, nous espérons d’ici fin 2014 », souligne le Dr Lazarus.
L’Assurance maladie a annoncé en 2012 vouloir prendre en charge cette activité, mais seulement pour les défibrillateurs implantables. « Il s’agit certes des patients les plus fragiles et des prothèses les plus complexes, mais nous demandons à terme la prise en charge de la télésurveillance de toutes les prothèses rythmiques », ajoute le cardiologue.
Près de 80 000 dispositifs électroniques sont implantés chaque année en France dans le but de réguler le rythme cardiaque : PM (84% des cas) ou DAI.
On estime à 30 000 le nombre de patients porteurs d’un dispositif implantable actuellement suivis par un système de télécardiologie.
L'étude ECOST a été financée par Biotronik. Le Dr Guédon-Moreau a déclaré des liens d'intérêt avec Biotronik, Boston Scientific, Medtronic Inc, Saint Jude Medical and Sorin Group. Le Dr Arnaud Lazarus a déclaré des liens d’intérêt avec Apodec, Biotronik, Boston scientific, Electra, LEN Medical, Novartis, Medtronic, Saint Jude Medical, Sanofi Aventis et Sorin group. |
Référence :
Lazarus A, Kacet S, Guédon-Moreau L. Télécardiologie : quand le cœur s'exprime à distance..., conférence de presse de Biotronik du 15 janvier 2013, Paris
Liens :
Réduction des chocs inappropriés dans ECOST
Deux essais français de télésurveillance à l'honneur
CONNECT confirme l'intérêt de la télécardiologie
ESC, essai EVATEL sur le suivi en télécardiologie des défibrillateurs
Citer cet article: Télésurveillance des DAI : une économie annuelle de 315 euros par patient - Medscape - 21 janv 2014.
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