Arrêt post-infarctus ressuscité : l’hyperglycémie facteur de mortalité

Dr Isabelle Catala

Auteurs et déclarations

17 janvier 2014

Paris, France -- « La glycémie à l’admission hospitalière des patients ressuscités après un arrêt cardiaque secondaire à un infarctus du myocarde est un facteur pronostic indépendant de la mortalité à court terme. Et pour chaque millimole (mmol) de glycémie en plus, le risque de décès augmente de 15 %, même chez les patients non diabétiques », analyse le Dr Marianne Zeller (Dijon) à l’occasion des 24èmes Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie [1].

Seuil discriminant de 11 mmol/L

A l’admission en salle de cathétérisme – soit de 86 à 170 minutes après l’arrêt cardiaque – la glycémie moyenne s’établissait à 10,8 +/- 5,9 chez les patients qui ont survécu (43 personnes) contre 15,4 +/- 6,6 pour les patients décédés (57 personnes) (p=0,001).
« Lorsque le seuil discriminant de mortalité de 11 mmol/L - défini par les études sur le lien entre glycémie et mortalité en cas d’infarctus non compliqué - est utilisé, on constate que seuls 28 % des patients du groupe survivants dépassaient cette valeur, contre 65 % dans le groupe décès (p<0,001) », continue le Dr Zeller.

Mais une donnée doit néanmoins être prise en compte : l’incidence du diabète était bien plus élevée chez les patients qui n’ont pas survécu (32 % contre 9 %).
L’analyse en sous-groupe selon l’existence ou non d’un diabète a permis de conclure qu’une glycémie supérieure à 11 mmol/L était un facteur indépendant de mortalité après ajustement pour l’âge et le score Killip seulement pour les patients non diabétique (p=0,002 contre p=0,299 pour les diabétiques).

Une place pour le protocole GIK ?

Aure point sensible : la plupart des patients avaient bénéficié d’une perfusion de sérum glucosé pendant la période de réanimation et au cours du trajet vers l’hôpital.
« Actuellement, les solutés glucosés sont administrés de façon quasi systématique en cas d’infarctus en raison d’une crainte – justifiée – de décompensation d’une insuffisance cardiaque en cas de recours à un sérum salé. L’utilisation d’un protocole GIK (glucose-insuline-potassium) déjà testé en pré-hospitalier pour les infarctus sans complications [2] pourrait trouver toute sa place chez ces patients. Il permet en effet un contrôle précoce de la glycémie et limite les conséquences d’une hyperglycémie de stress », explique le Dr Zeller.

FEGV, insuffisance cardiaque, NT-proBNP

Cette analyse a aussi permis de souligner l’importance d’autres facteurs de risque de décès dans ce contexte : l’âge, la FEVG, l’existence d’une insuffisance cardiaque à l’admission, le lieu de prise en charge (plus de décès lorsque le patient est pris en charge à domicile que dans un lieu public), et l’utilisation de bêtabloquants et d’IEC à la phase aiguë. Enfin, un taux de NT-proBNP élevé était lui aussi associé à une majoration du risque de décès (p=0,032).

Le travail de l’équipe dijonnaise a été fondé sur une analyse rétrospective du devenir des 100 patients inclus dans la base de données de l’Observatoire des infarctus du myocarde de Côte d’Or (registre RICO)  Toutes ces personnes avaient présenté un arrêt cardiaque ressuscité et ils avaient été référés à un centre de coronarographie en raison de l’étiologie coronarienne initiale de l’arrêt cardiaque.

Le Dr Marianne Zeller ne déclare pas de conflits d'intérêts.

 

Liens

Faut-il normaliser à tout crin l'hyperglycémie à la phase aiguë d'un infarctus ?
Glycémie basse et mortalité chez le diabétique âgé
Glycémie et insuffisance cardiaque
Contrôle glycémique après chirurgie cardiaque et mortalité
Infarctus et hyperglycémie-registre USIC 2000

Références

1. Boulenstein G, Avondo A, Gudjonick A, Zeller M et coll. Admission blood glucose in patients with acute myocardial infraction complicated by out of hospital cardiac arrest. Data from the RICO survey.

2. Out-of-hospital administration of intravenous glucose-insulin-potassium in patients with suspected acute coronary syndromes: the IMMEDIATE randomized controlled trial. Selker HP, Beshansky JR, Sheehan PR et coll. JAMA. 2012 May 9;307(18):1925-33. doi: 10.1001/jama.2012.426.

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