Stanford, Etats-Unis -- L’origine des cas de narcolepsies-catalepsies survenus dans les suites d’une vaccination par le vaccin Pandemrix® contre la grippe A, H1N1 notifiés dès 2011 et publiés en 2012, a été élucidée [1,2,3]. Elle est en rapport avec une auto-immunité liée à un « mimétisme moléculaire » entre deux protéines : l’une appartenant au génome, l’hypocrétine ou orexine, et l’autre au virus H1N1 (l’hémagglutinine). C’est ce qu’ont découvert des chercheurs de Stanford qui ont publié leurs résultats dans Science Translational Medicine [4].
Le concept de « mimétisme moléculaire » désigne une réaction du système immunitaire normal face à un pathogène qui induit de façon indirecte une maladie auto-immune en raison de la similarité entre une protéine du pathogène et une protéine humaine. Dans ce cas, l’une des protéines de capsule du virus H1N1, l’hémagglutinine H1 qui a été utilisée pour le vaccin a induit chez des personnes génétiquement susceptibles une réaction d’auto-immunité de même type que celle à l’origine de la narcolepsie.
Lorsque cette réaction se produit, les neurones producteurs d’hypocrétine sont détruits de façon spécifique par les lymphocytes T circulants ce qui induit les symptômes neurologiques d’endormissement diurnes incontrôlés et de faiblesse musculaire caractéristiques de la narcolepsie-catalepsie.
Proposer un traitement et un test diagnostic
L’équipe d’Emmanuel Mignot (Stanford, Etats-Unis) a d’abord prouvé in vitro que les lymphocytes de patients narcoleptiques réagissent contre l’hypocrétine, ce qui n’est pas le cas des personnes saines. C’est donc la preuve du concept d’auto-immunité dirigée contre cette protéine dans la narcolepsie-catalepsie.
Ensuite, ils ont analysé l’hémagglutinine H1 du virus H1N1 et ils ont détecté des séquences communes avec l’hypocrétine. In vitro, ils ont enfin montré que H1 pouvait stimuler les lymphocytes T de atteints narcoleptiques.
Cette réaction pourrait avoir été favorisée par la présence d’un adjuvant dans le vaccin Pandemrix ®, qui aurait majoré le degré de stimulation lymphocytaire.
La découverte fortuite de la molécule impliquée dans la narcolepsie ouvre une nouvelle voie diagnostique et thérapeutique pour cette maladie. Doser l'hypocrétine pourrait permettre d’en faire le diagnostic et on peut concevoir des médicaments hypocrétine like ou des inhibiteurs de l'apoptose des cellules à hypocrétine pour éviter la narcolepsie.
L'étude a été financée en partie par GlaxoSmithKline, le fabriquant du vaccin Pandemix ® et par Jazz Pharmaceutical qui commercialise l'oxybate de sodium, le traitement de la narcolepsie. Les conflits d'intérêt des auteurs sont disponibles sur le site www.ScienceTranslationalMedicine.org |
Liens
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Citer cet article: Narcolepsie post-vaccin grippe A: le mécanisme élucidé - Medscape - 15 janv 2014.
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