Paris-France -- Seuls 10 % des ronfleurs, soit 2 millions de Français, sont atteints de syndrome d’apnée du sommeil, une pathologie aux conséquences délétères sur l’état de santé global. Tous les autres ronfleurs, soit tout de même de 20 à 30 % de la population, sont des ronfleurs gênés dans leur couple ou dans leur vie sociale.
« Dans ce cas, le traitement ne doit en aucun cas être à l’origine de iatrogénie, puisque l’affection en elle-même est tout à fait bénigne », explique le Pr Frédéric Chabolle, chef du service d’ORL à l’Hôpital Foch (Suresnes).
Préciser l’état dentaire
Alors comment ne plus ronfler en 2014 ?
« D’abord en prenant de bonnes résolutions : en perdant du poids, en mangeant peu le soir et en évitant la prise d’alcool vespérale. Une consultation avec un dentiste est aussi nécessaire afin de faire un bilan de l’articulée dentaire (recherche de prognathie ou rétrognathie), de s’assurer de l’état des dents et du parodonte dans l’éventualité d’un traitement par prothèse maxillo-faciale. Si ces mesures simples ne suffisent pas, une consultation ORL permet de faire le point et avant tout d’éliminer un syndrome d’apnée du sommeil qui peut être méconnu ».
Généralement, c’est à l’occasion de perturbations de la vie de couple ou d’une gêne sociétale (ronflements à l’occasion de voyages en avion ou en train, ou dans un contexte de vie communautaire pendant les vacances) que le ronfleur ou la ronfleuse va franchir le pas de la consultation.
Le rôle déterminant du conjoint
Pour le Pr Chabolle, « la présence du ou de la conjointe est essentielle pour la première consultation d’un ronfleur. Elle permet de faire préciser l’éventualité d’épisodes d’apnées et de mesurer l’impact du ronflement sur la vie de couple : utilisation de bouchons d’oreille, prise de somnifères, chambres séparées…L’interrogatoire est aussi l’occasion d’évaluer une éventuelle somnolence diurne par l’échelle d’Epworth, utile pour dépister des apnées du sommeil ».
L’examen clinique est centré sur les deux composantes du ronflement : le vibrateur, représenté par le voile du palais mou qui se termine par la luette, et la gorge qui, lorsqu’elle est rétrécie provoque une turbulence au moment de l’inspiration. Ce rétrécissement est lié, soit à un problème d’articulée dentaire (rétrognathie en général), soit à une augmentation de volume des tissus mous en rapport avec une prise de poids. La turbulence inspiratoire est majorée chez les personnes qui dorment sur le dos, ainsi que chez celles qui consomment de l’alcool ou des somnifères.
La fibroscopie du nez et un test nasal combinant des gouttes vasoconstrictrices à un dispositif de dilatation des narines, complètent l’examen.
Agir sur l’articulée dentaire, le nez ou le voile du palais
« En cas de trouble de l’articulé dentaire, la mise en place d’une prothèse maxillo-faciale nocturne permet de bons résultats. L’utilisation de vasoconstricteurs ou de corticoïdes associés à un système dilatateur des narines peut être utile lorsque la composante nasale est prononcée, ce qui est tout de même assez rare.
Dans tous les autres cas, on peut proposer des traitements ambulatoires du vibrateur vélaire qui ont bien évolué depuis 20 ans. Aujourd’hui, on ne pratique plus de réduction de longueur du voile du palais associée à une amygdalectomie. Cette intervention douloureuse a été remplacée par l’utilisation de techniques de radiofréquence qui induit une cicatrisation fibreuse du voile du palais et diminue ses capacités vibratoires. En pratique, deux séances de radiofréquences à 8 semaines d’intervalle sont proposées. Il est aussi possible de raccourcir chirurgicalement la luette ou d’intervenir sur le voile du palais par technique laser.
Dans 80 % des cas, le traitement ambulatoire est un succès à condition toutefois qu’il soit associée aux mesures hygiéno-diététiques usuelles (amaigrissement, répartition des repas en favorisant l’alimentation du matin, arrêt de l’alcool le soir) », conclut le Pr Chabolle.
Auteur : Dr Isabelle Catala
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Citer cet article: Comment ne plus ronfler en 2014 : le Pr F. Chabolle fait le point - Medscape - 7 janv 2014.
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