Épidémiologie
La prévalence exacte de l'incontinence urinaire est difficile à estimer et varie en fonction des études. Une des difficultés est de définir le degré, la quantité et la fréquence des pertes d'urine qui permettent de qualifier la pathologie, étant donné la multiplicité des définitions selon les études. De plus, l'incontinence urinaire est sous-diagnostiquée et sous-déclarée. On estime que 50 à 70 % des femmes souffrant d'incontinence urinaire ne sont ni dépistées ni traitées en raison de la stigmatisation sociale. Seul 5 % des personnes souffrant d'incontinence urinaire (2 % des pensionnaires de maison de retraite) bénéficient d'une consultation médicale et d'une prise en charge adaptée. Les patients qui souffrent d'incontinence urinaire mettent généralement 6 à 9 ans avant d'être demandeur d'une prise en charge. L'incontinence urinaire affecterait 10 à 13 millions de personnes aux États-Unis et 200 millions à travers le monde. Le coût annuel de prise en charge de l'incontinence urinaire aux États-Unis est de 16,3 milliards de dollars, dont 75 % est dépensé pour le traitement des femmes. L'incontinence urinaire peut entraîner une hospitalisation prolongée, des infections des voies urinaires, une dermatite de contact et des chutes. L'incontinence urinaire est l'une des principales causes d'institutionnalisation des personnes âgées lorsque le poids de la prise en charge pour les familles devient trop difficile à gérer.
Incidence de l'âge et du sexe
L'âge est le facteur de risque le plus important pour l'incontinence urinaire, bien qu'à âge équivalent, l'incontinence urinaire soit 2 fois plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. L'incontinence urinaire affecte jusqu'à 7 % des enfants de plus 5 ans, 10 à 35 % des adultes, et 50 à 84 % des personnes âgées institutionnalisées. [31] L'incidence de l'incontinence urinaire est de 1,4 % chez les adultes de 15-24 ans et de 2,9 % chez les 55-64 ans. [2] Nygaard et al. ont démontré que la prévalence de l'incontinence urinaire augmente avec l'âge, mais ont rapporté des chiffres de prévalence globale plus faible que dans les autres études. La prévalence était de seulement 6,9 % chez les femmes âgées de 20 à 39 ans, de 17,2 % chez les 40-59 ans, 23,3 % chez les 60-79 et 31,7 % chez les femmes 80 ans et plus. [32] L'âge a aussi une incidence sur le type d'incontinence rencontrée.
Les études ont mis en évidence que l'incontinence urinaire d'effort était plus fréquente chez les femmes de moins de 65 ans, tandis que l'incontinence urinaire par urgenturie et l'incontinence urinaire mixte étaient plus courantes chez les femmes âgées de plus de 65 ans. L'incontinence urinaire d'effort touche 15-60 % des femmes, tout âge confondu. Plus de 25 % des femmes athlètes universitaires, nullipares ont une incontinence urinaire d'effort lorsqu'elles font du sport.
Facteurs liés à l'origine ethnique
Bien que les données sur l'incontinence urinaire en fonction de l'origine ethnique soient rares, quelques données émergent et indiquent que l'origine ethnique peut jouer un rôle important dans la prévalence et la probabilité de déclarer une incontinence. De plus, des différences morphologiques du sphincter urinaire en fonction de l'origine ethnique ont été mises en évidence, influant sur la probabilité de développer une incontinence. Fultz et al. ont rapporté que 23 % des femmes caucasiennes avaient signalé une incontinence, contre 16 % chez les femmes afro-américaines. [33] Dans une étude réalisée par Anger et al., à partir de données de la NHANES (1999-2000), la prévalence de l'incontinence urinaire était plus élevée chez les femmes caucasiennes non-hispaniques (41 %) que chez les femmes afro-américaines (20 %) ou chez les latino-américaines (36 %). [34] En revanche, Freeman et al. ont mis en évidence que les femmes afro-américaines étaient significativement plus susceptibles de développer des symptômes de la ménopause (46 vs 30 %), d'incontinence urinaire et de sécheresse vaginale que les femmes caucasiennes. [35]
Howard et al. ont décrit les différences fonctionnelles et morphologiques du sphincter urétral et du système de soutien urétral chez les femmes nullipares d'origine ethnique caucasienne et afro-américaine. Les femmes afro-américaines avaient une pression de clôture urétrale moyenne plus élevée de 29 % lors de la contraction maximale des muscles pelviens. Paradoxalement, l'hypermobilité du col vésical mesurée par le test Q-tip était plus élevée de 36 % (angle de 49° chez les femmes d'origine ethnique afro-américaine vs 36° chez les femmes caucasiennes). [36] Sears et al. ont rapporté que, parmi les patientes souffrant d'incontinence, l'incontinence urinaire par urgenturie est la cause la plus fréquente d'incontinence chez les femmes afro-américaines (51,5 %), tandis que l'incontinence d'effort est significativement plus fréquente chez les femmes caucasiennes (66,2 %). [37]
Daneshgari et al. ont mis en évidence que les femmes hispaniques étaient plus sujettes à l'incontinence d'effort et l'incontinence mixte que les non-hispaniques. On peut cependant noter que la prévalence accrue de l'incontinence chez les femmes hispaniques est probablement liée à des prévalences plus élevées d'obésité, d'hystérectomie et du nombre de grossesses que chez les femmes caucasiennes. [38] Nygaard et al. ont étudié la prévalence des troubles symptomatiques du plancher pelvien chez les femmes aux États-Unis et n'ont mis en évidence aucune différence entre les caucasiennes non hispaniques (16 %), les hispaniques (15,9 %), les afro-américaines (13,8 %), et d'autres origines ethniques (15 %). [32] Ces auteurs ne différenciaient pas les types d'incontinence.
Citer cet article: L'incontinence urinaire - Medscape - 21 mars 2012.
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