Contexte
L'incontinence urinaire est définie selon l'International Continence Society (ICS) comme une perte involontaire d'urine ayant un retentissement sur la qualité de vie et nuisant à la vie sociale de l'individu. [1] L'incontinence urinaire peut être considérée à la fois comme un symptôme (rapporté par le patient à l'interrogatoire) et comme un signe détectable lors de l'examen physique. Elle ne devrait pas être considérée comme une maladie, car il n'en existe pas d'étiologie spécifique.
Les étiologies de l'incontinence urinaire sont diverses et variées et le plus souvent insuffisamment investiguées. Les patients souffrant d'incontinence urinaire devraient faire l'objet d'une consultation comprenant une anamnèse, un examen physique et une analyse d'urine. Pour certains patients, des examens complémentaires peuvent être nécessaires : catalogue mictionnel, test au coton-tige, test de remplissage vésical, évaluation du résidu post-mictionnel (RPM-PVR), cystoscopie et bilan urodynamique. Le bilan urodynamique couplé à la vidéo est réservé à l'évaluation de cas complexes d'incontinence urinaire d'effort. Cette technique combine les résultats radiographiques d'une cysto-uréthrographie et d'un bilan urodynamique.
Les différents types d'incontinence urinaire
Il existe 4 types d'incontinence urinaire définis dans le « guide de pratique clinique » de l'Agency for Health Care Policy and Research :
l'incontinence urinaire d'effort
l'incontinence urinaire par impériosité dite « urgenturie »
l'incontinence urinaire mixte
l'incontinence urinaire par regorgement
Certains auteurs incluent l'incontinence fonctionnelle comme un cinquième type d'incontinence. [2-5]
L'incontinence urinaire d'effort (IUE) est caractérisée par une fuite involontaire d'urine causée par une augmentation de la pression abdominale pouvant survenir lors d'un effort physique (rire, toux, sport, montée des escaliers, levée d'un poids, certains sports, voire les rapports sexuels). [2,5,6]
L'incontinence urinaire par urgenturie est une fuite involontaire d'urine accompagnée ou immédiatement précédée par une urgenturie.
L'incontinence urinaire mixte est une combinaison de l'IUE et de l'incontinence par urgenturie ; elle est marquée par une fuite involontaire d'urine associée à une envie impérieuse et liée à l'effort (éternuement, toux,...).
L'incontinence urinaire fonctionnelle est l'incapacité à retenir l'urine pour des raisons autres que des causes neuro-urologiques ou une dysfonction du bas appareil urinaire.
D'autres termes décrivant l'incontinence urinaire sont décrits ci-dessous :
Énurésie - miction involontaire d'urine,
Énurésie nocturne - miction involontaire d'urine pendant le sommeil,
lncontinence urinaire permanente - Fuite d'urine permanente.
Le traitement sera choisi en fonction du type d'incontinence, du degré de gêne, de l'âge du patient, de son état général et de ses comorbidités.
Les approches habituelles sont les suivantes :
Pour l'incontinence urinaire d'effort - Rééducation périnéale, utilisation d'un dispositif « palliatif » et traitement chirurgical ;
Pour l'incontinence urinaire par urgenturie - Modification du régime alimentaire, modification du comportement, rééducation périnéale, médicaments (anticholinergiques) ou intervention chirurgicale ;
Pour l'incontinence urinaire mixte - Rééducation périnéale, médicaments anticholinergiques et chirurgie ;
Pour l'incontinence urinaire par regorgement - cathétérisation (sondage) ou dérivation ;
Pour l'incontinence urinaire fonctionnelle - traitement de la cause sous-jacente.
Contexte historique
L'incontinence urinaire de la femme n'est pas une pathologie nouvelle, mais l'importance relative qui lui est accordée augmente. Cette attention accrue est liée à plusieurs raisons. Tout d'abord, les femmes parlent plus ouvertement de leurs symptômes. Elles sont conscientes que la plupart du temps, l'incontinence urinaire peut être traitée et se soigne. Par conséquent, le diagnostic d'une incontinence engendre moins d'embarras et de stigmates sociaux qu'auparavant.
Ensuite, la population vieillissant et son incidence augmentant, l'incontinence devient une préoccupation fréquente. Elle est une des principales raisons de l'institutionnalisation des personnes âgées. Enfin, l'intérêt pour les troubles urinaires dans la communauté médicale, scientifique, chercheurs et cliniciens, est en plein essor. Les sous-spécialités d'uro-gynécologie et d'urologie féminine ont fait leur apparition, le processus d'accréditation se met en place par la création de stages structurés. Comme conséquence directe de cet accroissement d'intérêt, les patients sont aujourd'hui mieux informés et plus actifs sur la prise en charge de leur incontinence. Des associations de patients se sont créées afin de fournir à ceux-ci un accès à l'information, aux produits pour l'incontinence et aux annuaires de médecins prenant en charge ces troubles. De plus, ces dix dernières années, le financement de la recherche sur l'incontinence a considérablement augmenté. Enfin, l'intérêt des sociétés savantes quant à l'évaluation et à la prise en charge de l'incontinence s'est renforcé. Une meilleure compréhension de l'anatomie et de la statique pelvienne ont contribué à améliorer la compréhension de la structure et du fonctionnement du bas appareil urinaire.
De nombreuses études ont été menées afin de renforcer la compréhension de la neurophysiologie vésicale, de l'urètre et du plancher pelvien. On estime que 50 à 70 % des femmes souffrant d'incontinence urinaire ne sont pas dépistées en raison de la stigmatisation sociale. Seul 5 % des personnes souffrant d'incontinence urinaire (2 % des pensionnaires de maison de retraite) bénéficient d'une prise en charge et d'un traitement approprié. Le délai de prise en charge des patients est de 6 à 9 ans en moyenne. En 1997, une enquête chez les médecins généralistes a rapportée qu'environ 40 % d'entre eux n'abordaient que rarement ou jamais le sujet de l'incontinence lors de leurs consultations. Plus de 40 % des médecins prescrivaient les couches comme solution à l'incontinence. [7]
Enfin, la formation continue du public et des professionnels de santé est nécessaire pour améliorer la prise en charge des personnes souffrant d'incontinence urinaire. En 1989, la National Institutes of Health Consensus Development Conference a estimé le coût annuel de l'incontinence urinaire aux États-Unis à 12,4 milliards de dollars. Certains experts pensent même qu'il s'agit d'une estimation minimaliste. En effet, le coût réel peut être supérieur car de nombreux patients ne sont pas pris en charge par des professionnels de santé. Une étude de 2009 chez des femmes dans le circuit de soins a mis en évidence que la prévalence de l'incontinence urinaire non diagnostiquée était de 53 % en 2008. [8] De nombreux patients prennent à leur frais les coûts liés à l'incontinence tels que sous-vêtements, couches, produits dermatologiques, déodorants et blanchisserie. Les coûts psychosociaux engendrés sont encore plus difficiles à quantifier.
La honte et la dépression sont fréquentes chez les personnes touchées. L'incontinence retentit lourdement sur la qualité de vie et entraîne souvent le recours à des stratégies d'évitement qui nuisent à la vie sociale, comme le renoncement à des sorties trop longues (promenades, visites de musée, cinéma) ou des situations jugées à risque, ainsi qu'à l'activité sexuelle. L'impact psychosocial sur les aidants, conjoints ou membres de la famille est rarement pris en compte. Kelleher et al. ont élaboré un questionnaire pour évaluer la qualité de vie des femmes souffrant d'incontinence. [9] Ce questionnaire s'est avéré facile à utiliser, valide et fiable. Cet outil peut être un complément précieux lors des évaluations pré et post-traitements, afin d'effectuer des comparaisons de traitements.
Citer cet article: L'incontinence urinaire - Medscape - 21 mars 2012.
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