Épidémiologie
Dans les zones tropicales, la grippe peut circuler tout au long de l'année. Dans l'hémisphère Nord les saisons d'épidémies grippales commencent typiquement à l'automne avec un pic à la mi-février, la fin de l'épidémie arrivant en fin de printemps de l'année suivante. La durée et la sévérité des épidémies liées à la grippe varient et dépendent essentiellement du sous-type de virus impliqué.
Durant l'épidémie grippale de l’année 2006-2007,180 000 prélèvements respiratoires avaient été positifs pour la grippe selon le rapport de l’organisation Mondiale de la Santé.[24] On estime à plusieurs millions le nombre de personnes qui peuvent développer une infection au cours d'une année. Les pandémies de 1918 et 1957, qui avaient connu un taux d'infection et une morbi-mortalité très élevés, ont démontré l'impact potentiel de cette maladie. En France, la grippe saisonnière cause de 1500 à 2000 décès par an, essentiellement chez des patients âgés de plus de 65 ans.[25] [26]
Cette épidémiologie de la grippe saisonnière, touchant plutôt le sujet âgé, contraste avec ce qui a été observé au cours de l'épidémie virale H1N1 (ou grippe porcine) apparue pendant la saison épidémique de 2009-2010. La population n'était pas la même (population plus jeune) et les pics saisonniers étaient décalés par rapport à la saison habituelle, l'épidémie arrivant par vagues successives avec un pic d'activité en octobre.[27] Par ailleurs, la population touchée par la grippe H1N1 était différente de la celle habituellement atteinte par la grippe saisonnière. En effet, la grippe H1N1 s’est avérée plus sévère dans les populations jeunes, âgées de moins de 65 ans, comparativement aux formes épidémiques usuelles de la grippe (plutôt dévastatrice chez les patients les plus âgés, le taux de mortalité augmentant après 65 ans). La proportion de décès survenant chez les sujets de moins de 65 ans parmi le total des décès par grippe, était de 10,6 % pour l’ensemble des saisons 2000-2008. Durant la saison 2009, cette proportion était significativement plus élevée (56,2 %, p < 0,001) selon les données de l'INVS dans le BEH 11 janvier 2011 / n° 1, disponible en téléchargement. Il y est mis en exergue une atteinte plus sévère et plus fréquente chez les enfants, ainsi qu'un taux d'hospitalisation plus élevé chez les jeunes adultes. Enfin, cette infection était remarquable par l'atteinte de populations auparavant non décrites comme particulièrement sensibles à la grippe : les femmes enceintes et les sujets obèses.
Épidémiologie spécifique de la grippe aviaire H5N1
Aucun cas de grippe aviaire H5N1 n'a été trouvé chez l'homme en France contrairement au reste de l'Europe et de l'Asie. La progression et la distribution des cas d'infections H5N1 sont régulièrement tenues à jour et mises à disposition par l'OMS en temps réel. Il est à noter que 2 cas d'infection humaine par le virus grippal H7N2 ont été rapportés aux États-Unis (en 2002 en Virginie, en 2003 à New York). Le premier patient était asymptomatique mais avait une sérologie positive, alors que le deuxième avait une symptomatologie mineure.
Statistiques de la grippe aviaire
Alors que le risque de pandémie reste essentiellement théorique, la démocratisation des transports internationaux et l'augmentation les flux de passagers favorisent la dissémination potentielle de cette infection virale. Cela a été mis en évidence par la vitesse de dissémination de la grippe porcine H1N1 en 2009. Par ailleurs, il est difficile d’évaluer le risque de recombinaison entre la grippe d'origine porcine H1N1 et la grippe aviaire H5N1. L’ ci-dessous montre la répartition de la grippe aviaire selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Carte mondiale représentant les pays où sévit la grippe aviaire (infections humaines et oiseaux). de PandemicFlu.gov.
Les cas de grippe aviaire ont été rapportés dans tous les groupes d'âges (de 3 mois à 75 ans), la médiane d'âge étant de 20 ans. La plupart des cas et le maximum de mortalité (80 %), ont été observés chez les individus âgés de 10 à 19 ans.[28] Cette distribution touchant surtout les jeunes adultes rappelle la distribution épidémiologique observée en 1918 lors de la pandémie de la grippe espagnole, plutôt que la répartition d'âge observée dans les grippes saisonnières. En effet, la grippe aviaire a le plus haut taux de mortalité parmi les jeunes personnes âgées de 10 à 30 ans. Contrairement à la grippe saisonnière, qui affecte de manière disproportionnée les très jeunes patients et les sujets âgés, les jeunes adultes constituent la plus large proportion des cas touchés par la grippe aviaire : 50 % des cas rapportés étaient des personnes âgées de moins de 20 ans et 40 % des patients âgés de 20 à 40 ans. En Égypte, la grippe aviaire était associée à un taux de mortalité relativement bas ; la mortalité liée à l’infection était retrouvée essentiellement dans la population très jeune (<10 ans). Toutefois, la signification et la reproductibilité de ces données reste à préciser.[29] De même, toujours en Égypte, 90 % des cas d'affection fatale dues à la grippe aviaire étaient des femmes. Cette particularité n'a été retrouvée dans aucune autre donnée sur la grippe aviaire.
L'ethnie n'apparaît être un facteur de risque dans la grippe aviaire que dans la mesure où elle est associée à des zones géographiques où l'on trouve un taux élevé de virus aviaire parmi les oiseaux et au sein desquelles le contact oiseau-homme est important. Le sexe ne semble pas non plus être un facteur de risque puisque dans les données confirmées par l’OMS, où ne sont comptabilisés que les cas confirmés par des prélèvements, le ratio d'infection hommes vs femmes était de 0,9.
Citer cet article: L'essentiel sur la grippe - Medscape - 6 nov 2013.
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