L’essentiel pour la pratique
L'infection par le virus de la grippe est hautement contagieuse et transmissible par voie aéroportée. Elle est responsable d'un tableau aigu fébrile associé à des symptômes systémiques qui peuvent aller de la simple fatigue à la détresse respiratoire aiguë et au décès. En France, la grippe touche chaque année entre 2 et 8 millions de personnes selon le Groupe d'Expertise et d'Information sur la Grippe, et provoque entre 1500 et 2000 morts, essentiellement chez les personnes de plus de 65 ans.
1. Symptômes et signes
La présentation de l'affection virale grippale est variable mais elle comporte habituellement la plupart des signes et symptômes suivants :
• apparition brutale de la maladie
• fièvre
• douleur pharyngée
• myalgies
• céphalées frontales ou rétro-orbitaires
• rhinite avec écoulement nasal
• grande fatigue avec faiblesse
• toux initialement sèche
• encéphalopathie aiguë
• tachycardie
• yeux brillants et parfois rouges
La période d'incubation de la grippe est d'environ 2 jours, mais peut aller de 1 à 4 jours. En raison d'une transmission aéroportée par les aérosols et la possibilité de transmission par des personnes asymptomatiques ou des surfaces contaminées, le patient peut ne pas se rendre compte qu'il a été exposé à la maladie.[3]
2. Diagnostic
Les critères habituels pour le diagnostic de grippe A ou B reposent sur la mise en culture virale d'un prélèvement nasopharyngé ou de la gorge. Des tests diagnostiques rapides sont également disponibles, mais en raison de leur coût, de leur disponibilité et de problèmes de sensibilité, la plupart des médecins posent encore le diagnostic de grippe sur des critères cliniques seuls. L'immunofluorescence se fait peu. Le test le plus fiable et le plus rapide est aujourd'hui la PCR, dont l'utilisation va crescendo et qui sera, à terme, utilisée comme test diagnostique de routine dans la plupart des structures hospitalières.
Chez le sujet âgé ou chez les patients à risque avec des symptômes pulmonaires compatibles avec une grippe, une radio du thorax doit être réalisée pour exclure une pneumonie.
Radiographie du thorax montrant une pneumopathie extensive sévère lors d'une grippe aviaire.
3. Particularité de la grippe aviaire
Les kits commerciaux standards disponibles pour le diagnostic rapide de la grippe A ne permettent pas de détecter le virus aviaire H5N1.[4] Le diagnostic repose sur l'utilisation d'un test spécifique avec écouvillon nasopharyngé spécifique de H5N1 (Arbor Vita Corporation) qui a été approuvé par la FDA en 2009.
Les autres tests qui sont pratiqués, bien que non spécifiques, au cours du diagnostic de la grippe aviaire sont les suivants :
numération de la formule sanguine
bilan hépatique complet avec taux de prothrombine
ionogramme sanguin avec dosage de créatininémie
Sur le plan radiologique, la grippe aviaire peut se présenter sous un large panel de syndromes, allant d'infiltrats multiples bilatéraux à des foyers alvéolaires lobaires ou multi-lobaires.
4. Prise en charge
a. Prévention
Comme pour d'autres pathologies, la prévention de la grippe est la plus efficace des stratégies de prise en charge.
Le vaccin de la grippe A et B est administré annuellement avant l'épidémie de grippe saisonnière. Chaque année, le vaccin est composé des sous-types circulant dans le monde. En janvier 2013, la FDA a approuvé Flublok (Protein Sciences) un vaccin trivalent saisonnier qui est produit grâce une technique permettant une production plus rapide durant les pandémies grippales.[6,7] L'intérêt du procédé de fabrication du Flublok (indiqué chez le sujet âgé de 18 à 49 ans) et qu'il n'est pas produit à partir d'embryons d'oeuf, qui est la méthode traditionnelle de production des vaccins. La production repose sur une technique d'ADN recombinant et d'expression de virus d'insectes. En 2007, la FDA avait également approuvé le premier vaccin pour le virus H5N1.
En plus de la vaccination, certaines mesures de santé publique sont également efficaces pour limiter la dissémination et la transmission du virus grippal, en particulier dans les environnements clos.[8] Cela repose sur une surveillance accrue de la température journalière et surtout la mise en quarantaine à domicile des cas répertoriés et rapidement identifiés comme potentiellement infectés.
Traitement par chimioprophylaxie : En France, la chimioprophilaxie recommandée par le Haut Conseil de Santé Publique et qui a l'AMM repose sur l'administration d'oseltamivir ou de zanamivir. Ce traitement ne sera administré que dans la population ciblée habituellement par la vaccination en cas d'exposition suspectée.
b. Traitement curatif
Quatre médicaments antirétroviraux peuvent être potentiellement utilisés pour le traitement de la grippe en curatif :
oséltamivir (reçu l'AMM en France)
zanamivir (reçu l'AMM en France)
amantadine
rimantadine
Pour ce qui concerne le traitement du virus humain H5N1, il n'y a actuellement comme thérapie spécifique que l'administration d'inhibiteurs de la neuraminidase sous forme d'oséltamivir.
Citer cet article: L'essentiel sur la grippe - Medscape - 6 nov 2013.
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