L'Inserm confirme le lien entre pesticides, cancers et maladies neurologiques

13 juin 2013

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les résultats des études de cohortes sont convergents pour révéler un excès de risque alors que les études cas-témoins sont peu robustes. Quant à la sclérose latérale amyotrophique, trop peu d'études sont disponibles pour conclure », expliquent les chercheurs.

Par ailleurs, plusieurs revues et une méta-analyse récente concluent à un effet délétère des expositions professionnelles aux pesticides (notamment aux organophosphorés) sur le fonctionnement cognitif.

En prénatal : un impact démontré même lors d'expositions résiduelles

Concernant l'exposition prénatale aux pesticides, la méta-analyse suggère que même les expositions résidentielles (voisinage ou usage domestique) augmentent le risque de malformations congénitales (malformations cardiaques, du tube neural, hypospadias).

Moins surprenant, l'exposition professionnelle maternelle aux pesticides augmente significativement le risque de morts foetales et de malformations congénitales.

D'autres études mettent aussi en évidence une atteinte de la motricité fine et de l'acuité visuelle ou de la mémoire récente lors du développement de l'enfant. Enfin, une augmentation significative du risque de leucémie et de tumeurs cérébrales a été mise en évidence dans les méta-analyses récentes.

Une diminution du poids de naissance, des atteintes neurodéveloppementales et une augmentation significative du risque de leucémie sont également rapportées.

Pesticides et fertilité : encore des incertitudes avec les nouveaux produits

Le lien entre certains pesticides qui ne sont plus utilisés (notamment le dibromochloropropane) et les atteintes de la fertilité masculine a été clairement établi mais de nombreuses incertitudes subsistent sur les pesticides actuellement employés.

« Le lien entre pesticides et infertilité chez la femme est mal connu et mériterait d'être mieux étudié », souligne le document

Mécanismes biologiques et mélanges de pesticides : encore des inconnues

Selon les experts, « la littérature ne permet pas actuellement d'identifier précisément les mécanismes cellulaires et moléculaires par lesquels les pesticides peuvent avoir un effet délétère. Toutefois, le stress oxydant semble par exemple jouer un rôle majeur, comme dans la maladie de Parkinson. Aussi, des dommages à l'ADN ou des perturbations de certaines voies de signalisation moléculaires sont autant de mécanismes susceptibles de sous tendre les effets des pesticides sur la santé. » 

Les experts rappellent que les populations sont, non seulement exposées de façon permanente à de faibles doses de pesticides mais aussi, à des mélanges de pesticides avec d'autres substances. Les impacts sanitaires de ces types d'expositions sont « difficilement prévisibles actuellement, ce qui fait de la question des mélanges et des faibles doses un des enjeux importants de la recherche et de l'évaluation des dangers », note le communiqué INSERM.

Le groupe pluridisciplinaire ajoute que « ne pas être en mesure de conclure ne veut pas dire obligatoirement qu'il n'y a pas de risque » et que « si certaines substances sont mises en cause, c'est qu'elles ont été plus souvent étudiées que d'autres (en particulier dans le contexte des Etats-Unis) ». A l'inverse, il précise que « de nombreuses substances actives n'ont pas fait l'objet d'études épidémiologiques. »

Les recommandations des experts
  • Améliorer la connaissance des données d'exposition anciennes et actuelles de la population professionnelle exposée aux pesticides directement ou indirectement.

  • Prendre en compte les périodes critiques d'exposition (périodes de développement) aussi bien en milieu professionnel qu'en population générale.

  • Lancer des recherches pluri- et trans-disciplinaire pour caractériser plus rapidement les dangers potentiels des substances actives de pesticides.

Groupe d ' experts et auteurs
Isabelle BALDI, Equipe Santé Environnement, Centre de recherche Inserm U 897 et Ghislaine BOUVIER, Laboratoire Santé Travail Environnement, Isped, Université Victor Segalen, Bordeaux.
Sylvaine CORDIER, Inserm U 1085, Institut de recherche sur la santé, l'environnement et le travail, Irset, Université de Rennes 1, Rennes.
Xavier COUMOUL, Inserm UMR-S 747, pharmacologie, toxicologie et signalisation cellulaire Université Paris Descartes, Paris.
Alexis ELBAZ, Inserm U 1018, Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations, Villejuif.
Laurence GAMET-PAYRASTRE, Toxalim (Research Centre in Food Toxicology), UMR 1331 Inra/INP/UPS, Toulouse.
Pierre LEBAILLY, Groupe régional étude CANcer, Grecan, EA1772, Centre François Baclesse, Caen.
Luc MULTIGNER, Inserm U 1085, Institut de recherche sur la santé, l'environnement et le travail, Irset, Université de Rennes 1, Rennes, Pointe à Pitre.
Roger RAHMANI, Toxicologie cellulaire, moléculaire et génomique, Toxalim, UMR 1331, Institut Inra de Sophia Antipolis, Nice.
Johan SPINOSI, InVS, Umrestte, Université Claude Bernard Lyon 1, Lyon.
Genevi è ve VAN MAELE-FABRY, SSS/IREC/LTAP (Louvain Center for Toxicology and Applied Pharmacology), Université catholique de Louvain, Bruxelles.

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