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Paris , France — Quel rôle jouent les pesticides dans la survenue de diverses pathologies cancéreuses et non cancéreuses ? Depuis plus de 30 ans, des études épidémiologiques tentent de répondre à la question.
La Direction G é n é rale de la Sant é (DGS) a donc sollicité l'INSERM pour mener une revue de la littérature internationale de ces 30 dernières années et tenter d'y voir plus clair.
Les conclusions de ce travail réalisé par un groupe pluridisciplinaire d'experts (épidémiologistes spécialistes en santé-environnement ou en santé au travail, biologistes spécialistes de la toxicologie cellulaire et moléculaire) sont sans appel pour certaines catégories de la population :
« Il semble exister une association positive entre exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l'adulte: la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate et certains cancers hématopoïétiques (lymphome non hodgkinien, myélomes multiples). Par ailleurs, les expositions aux pesticides intervenant au cours de la période prénatale et périnatale ainsi que durant la petite enfance semblent être particulièrement à risque pour le développement de l'enfant », indique un communiqué de l'Inserm [ 1 ].
Pour rappel, une enquête récente de l'Institut national de veille sanitaire (InVS) a montré que les français sont parmi les habitants des pays industrialisés les plus imprégnés de pesticides.
Les pesticides associés au cancer de la prostate et à des cancers hématopoïétiques
L'expertise a ciblé huit types de cancer incriminés par des méta-analyses antérieures : 4 cancers hématopoïétiques, les cancers de la prostate, du testicule, les tumeurs cérébrales et les mélanomes.
Pour le cancer de la prostate, les résultats de la méta-analyse montrent une augmentation du risque chez les professionnels exposés aux pesticides (entre 12 et 28% selon les populations) pour des substances désormais interdites (carbofuran, coumaphos, fonofos, perméthrine). Dans la population générale, la chlordécone, elle aussi interdite, a aussi été associée au risque de cancer de la prostate.
Pour certaines des substances documentées, un excès de risque est observé uniquement chez les agriculteurs ayant des antécédents familiaux de cancer de la prostate.
C oncernant les c ancers h é matopo ï é tiques, d'après la méta-analyse, le risque de lymphomes non hodgkinien et de myélomes multiples est accru chez les professionnels exposés aux pesticides du secteur agricole et non agricole. Les principaux agents suspectés sont les pesticides organophosphorés et certains organochlorés (lindane, DDT). Un excès de risque de leucémies est possible.
« Concernant les autres localisations canc é reuses é tudi é es, l'analyse de l'ensemble des études reste difficile. Plusieurs raisons peuvent être évoquées : une incidence faible (cancer du testicule, tumeurs du cerveau et maladie de Hodgkin) ou l'existence de biais importants (comme par exemple, l'exposition aux rayons ultraviolets de la population agricole, facteur de risque reconnu pour le mélanome) », indique l'INSERM.
Un lien entre insecticides, herbicides et maladie de Parkinson
L'expertise a montré une augmentation du risque de développer une maladie de Parkinson chez les personnes exposées professionnellement aux pesticides, aux insecticides et aux herbicides. En revanche, l'association avec les fongicides n'a, à ce jour, pas été mise en évidence mais le nombre d'études est nettement moins important.
Pour les autres maladies neurodégénératives, les résultats sont plus contrastés. « Dans le cas de la maladie d'Alzheimer,
Citer cet article: L'Inserm confirme le lien entre pesticides, cancers et maladies neurologiques - Medscape - 13 juin 2013.
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