Prise en charge ambulatoire des cancers : une évolution incontournable

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

30 octobre 2013

Prise en charge ambulatoire des cancers: une évolution incontournable

Comment traitera-t-on le cancer en 20120 ? L'étude UNICANCER évoque un développement de l'ambulatoire, des soins à domicile et des soins de support.
31 octobre 2013

Paris, France - A quoi ressemblera l'organisation des soins en cancérologie en 2020 ? L'étude UNICANCER réalisée par les Centres de lutte contre le cancer (CLCC) prédit plus d'ambulatoire, un développement des soins à domicile et des soins de support. Une démarche nécessaire pour anticiper les futurs besoins démographiques [1].

La méthodologie de l'étude

Dans un premier temps, 40 experts, oncologues médicaux, pharmaciens, radiothérapeutes et même quelques professionnels de l'industrie ont été interviewés pour identifier les principaux développements en cancérologie d'ici 2020.

Puis, à partir des différentes pistes retenues et des estimations des évolutions démographiques et épidémiologiques nationales, soit une augmentation des volumes de 8 à 10 %, les CLCC ont cherché à évaluer les conséquences sur la capacité des établissements (nombre de lits, effectifs…).

« Ces évolutions impliquent pour les établissements de santé des nouveaux modes d'organisation qui soient moins fondés sur le séjour hospitalier et qui nécessitent une plus grande coordination entre tous les acteurs de la prise en charge », ont indiqué les rapporteurs de l'étude.


Développement de la chirurgie ambulatoire et réorganisation des unités de chirurgie


Le développement de la chirurgie ambulatoire représente un enjeu médico-économique majeur pour les établissements de santé.

Avec des patients et des chirurgiens satisfaits, moins d'infections, un gain d'efficience dans l'organisation et des économies pour les établissements de santé et l'Assurance maladie : la chirurgie ambulatoire est inéluctablement amenée à se développer, notent les auteurs de l'étude.

Conséquence de cette tendance, le nombre de séjours en chirurgie ambulatoire devrait plus que doubler dans les prochaines années. En 2020, elle représenterait 50 % de la chirurgie du cancer du sein, 15% de la chirurgie des cancers de l'ovaire et 15% de la chirurgie par cancers de la thyroïde contre des moyennes nationales de 12 %, 3% et 1% respectivement en 2012.

Concrètement, le développement de la chirurgie ambulatoire devrait se traduire par une diminution de 20% de lits d'hospitalisation classique en faveur d'une augmentation de 40% de places de chirurgie ambulatoire.

Plus de traitements à domicile


Autre développement majeur, les traitements par voie orale et les chimiothérapies en hospitalisation à domicile devraient prendre une place beaucoup plus importante et permettre au patient d'être plus souvent soigné chez lui.

D'ici 2020, la proportion de traitements médicamenteux par voie orale pourrait passer des 25% actuels à 50% et les chimiothérapies diminuer de 25%.

Les experts précisent, toutefois, que les prescriptions par voie orale demandent des consultations plus longues « afin d'améliorer l'observance et d'expliquer les éventuels effets indésirables ». En conséquence, dans les centres de lutte contre le cancer, une augmentation de 9% du nombre d'oncologues serait nécessaire.

Les rapporteurs de l'étude ajoutent que ces consultations sont actuellement mal financées par l'Assurance maladie et qu'elles doivent être revalorisées.

En ce qui concerne les chimiothérapies intraveineuses à domicile, ils estiment que 14% des prises en charge dans le cancer du sein pourraient se faire à domicile en 2020 (vs 3% actuellement).

Le développement obligé des soins de support


« Pour les Centres de lutte contre le cancer, les soins de support sont indissociables d'une prise en charge de qualité du patient » et « contribuent également à l'efficacité économique des établissements de santé en réduisant le recours à l'hospitalisation. »

De ce fait, les experts estiment que dans les Centres de lutte contre le cancer, les effectifs consacrés aux soins de support (professionnels de santé et professionnels non médicaux) devraient être doublés d'ici à 2020.

Cependant, les rapporteurs indiquent qu'actuellement « il existe de grandes inégalités dans l'accès aux soins de support du fait de l'absence de reconnaissance financière de cette activité. Pour les développer, il faudrait créer une Mission d'intérêt général (MIG) fléchée sur les soins de support dont l'allocation serait fixée en fonction de l'activité carcinologique des établissements ou les reconnaître comme partie de financement forfaitaire dans le cadre des futurs financements au parcours. »

Les 20 Centres de lutte contre le cancer nationaux sont réunis depuis 2011 au sein d'UNICANCER et représentent plus de 100 000 patients hospitalisés par an et 16 000 salariés. L'étude UNICANCER a été réalisée entre février et juin 2013 avec le concours du Cabinet Cap Gemini.

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