L'activité de dépistage du VIH stagne mais semble mieux ciblée

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

25 octobre 2013

Saint Maurice, France - Deux ans après les nouvelles recommandations d'élargissement du dépistage VIH à l'ensemble de la population, l'Institut de Veille Sanitaire (InVS) dresse le bilan de l'offre et du recours au dépistage du VIH en France [1].

Il en ressort qu'après une petite augmentation de l'activité de dépistage en 2011, cette dernière s'est stabilisée en 2012. Depuis 2010, la pratique du dépistage reste donc modérée en dépit des recommandations.

En revanche, si le volume du dépistage stagne, le nombre de tests séropositifs a augmenté en 2012, peut être grâce à un dépistage accru « auprès des personnes les plus exposées au VIH », suggère l'InVS.

En ce sens, l'Institut confirme l'intérêt du dépistage ciblé, communautaire et, en particulier, des nouveaux tests rapides d'orientation diagnostique (TROD). Le TROD permet « d'aller à la rencontre de publics cibles éloignés du système de santé, qui ne viennent pas ou ne peuvent pas se rendre habituellement dans les structures de dépistage, » notent les auteurs Françoise Cazein et coll. (InVS).

Le process

Pour dresser cet état de lieux de l'activité de dépistage du VIH en France à partir de 2003, les auteurs ont recueilli les données des laboratoires d'analyses à partir du recueil « LaboVIH », et celles concernant les tests rapides d'orientation diagnostique (TROD) réalisés dans le cadre d'actions de dépistage communautaire sur l'année 2012.

A noter : en 2012, 87% des laboratoires d'analyses ont participé au dispositif de surveillance LaboVIH, ce qui permet de disposer d'une bonne précision à l'échelle nationale et inter-régionale.


En dépit des recommandations, l'activité de dépistage reste modérée


Le nombre de sérologies VIH réalisées en France a augmenté de +4 % en 2011 puis s'est stabilisé en 2012, avec 5,2 millions de sérologies. Cette évolution est corroborée par les données issues du Système national d'information inter-régimes de l'assurance maladie (Sniiram) (+6% en 2011 vs -1% en 2012).

L'InVS tire donc un premier constat : « l'augmentation du recours au dépistage du VIH entre 2010 et 2012 n'a pas excédé 5%, ce qui laisse penser que la recommandation de proposer le dépistage du VIH à l'ensemble de la population n'a pas été appliquée largement. »

Un dépistage plus efficace ?


L'augmentation du nombre de sérologies réalisées en 2011 ne s'était pas accompagnée d'une augmentation des sérologies positives et n'avait pas permis d'améliorer la précocité du diagnostic.

A l'inverse, les résultats de 2012 montrent une augmentation du nombre de sérologies trouvées positives (+5%).

« L'analyse des découvertes de séropositivité en 2012, qui sera disponible fin 2013, permettra de préciser si cette évolution signifie que le dépistage a été proposé à des personnes plus exposées au virus, leur permettant ainsi de bénéficier d'un diagnostic plus précoce, ou s'il s'agit d'un recours répété au test de personnes déjà séropositives », indique l'InVS.

L'InVS confirme l'importance du dépistage communautaire et du TROD


L'institut note que les structures de dépistage anonyme et gratuit continuent à dépister une population plus exposée que celle qui recourt à une sérologie VIH dans un cadre non anonyme. En 2012, 8% des sérologies VIH ont été réalisées dans un cadre anonyme et gratuit, et la proportion de sérologies positives était de 3,5‰ vs 2 ‰.

Les auteurs constatent également que le dispositif des TROD réalisés en milieu associatif monte en charge rapidement et qu'il permet « de toucher une population particulièrement exposée au VIH. ».

Environ 31 700 TROD ont été réalisés en 2012 par des structures associatives contre 4000 de septembre à décembre 2011. En outre, selon l'association AIDES qui a réalisé plus de 22 000 des tests en 2012, les militants de l'association ont déjà réalisé 16 600 tests depuis le début de l'année 2013, soit une augmentation de 35% par rapport à 2012 [2].

Selon l'InVS, 30% des personnes dépistées par TROD en 2012 n'avaient jamais fait de dépistage au cours de leur vie. De plus, la proportion de tests positifs est élevée : 10,5‰.

Face à ces résultats encourageants, AIDES encourage les pouvoirs publics « à accroître les financements dédiés au TROD, aujourd'hui insuffisants, en particulier dans les régions les plus touchées : Ile-de-France, PACA et départements français d'Amérique (Guyane, Martinique, Guadeloupe et Saint-Martin). »

La forte disparité régionale se confirme d'année en année


Les données de 2012 confirment la disparité régionale observée les années précédentes. Dans les DOM, en Ile-de-France et dans la région Paca, l'activité de dépistage rapportée à la population est de 1,2 à 2,5 fois plus importante que la moyenne nationale.

Aussi, le nombre de sérologies positives rapporté à la population est de 1,6 à 9 fois plus élevé que la moyenne nationale en Ile-de-France et dans les DOM.

Concernant les sérologies positives, leur nombre qui tendait à diminuer depuis plusieurs années dans les régions les plus touchées, Ile-de-France et DOM, augmente dans les DOM pour la première fois depuis 2004 (+15%).

La France, bonne élève du dépistage en Europe

Plusieurs pays d'Europe occidentale (Royaume-Uni, Espagne, Italie…) ne collectent pas les données de dépistage du VIH. Néanmoins, parmi les 14 pays de l'Union européenne ayant communiqué leur activité de dépistage du VIH, la France, avec 80 sérologies pour 1 000 habitants, se place en 2e position après l'Autriche.


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