Amsterdam, Pays-Bas — Réaliser un scanner à faible dose chaque année chez les hommes qui ont fumé au moins 30 paquets années ou qui ont arrêté de fumer depuis moins de 15 ans entre l'âge de 55 ans et celui de 80 ans serait la meilleure stratégie de dépistage du cancer du poumon selon un travail de modélisation, présenté à l'ECC 2013[1].
Cela permettrait, pour les 287 000 examens réalisés au 19 % de la population globale concernée (population à haut risque) :
de détecter 1 921 cancers - dont la moitié à des stades I et II ;
d'épargner 500 décès (soit 5 250 années de vie gagnées), pour 100 000 hommes ;
de limiter les cas de surdiagnostics à 190 ;
de limiter les cancers radio-induits à 24.
« Puisqu'on ne sait toujours pas comment faire pour que les gens ne fument pas, mettre en place des plans de dépistage est le moins que puissent faire les médecins », constate avec dépit le Dr De Koning (Rotterdam, Pays-Bas) qui rappelle aussi que le risque cumulatif de cancer du poumon chez les plus de 74 ans est actuellement de 3 % pour les femmes et 4,6 % pour les hommes.
Optimiser le dépistage en analysant 576 scénarios
Depuis la publication de l'étudeNLST, on sait que la réalisation de trois examens par scanner à faible dose chaque année chez les patients à haut risque permet de faire baisser l'incidence du cancer du poumon de 20 %, par rapport à la réalisation d'une radiographie pulmonaire selon le même schéma. « Mais, une telle répétition des examens parait difficile à réaliser dans le cadre d'un dépistage de masse et elle pourrait aussi être à l'origine de cancers radio-induits. D'où notre idée de tester un total de 576 scénarios, afin de préciser celui qui pourrait être le mieux adapté au dépistage optimal ».
De 45 785 à 561 744 scanners réalisés
La modélisation a été effectuée à partir d'une population de 100 000 hommes nés en 1950 aux Etats-Unis.
Les variables d'ajustement choisies étaient la fréquence de réalisation des examens (tous les ans, deux ou trois fois par an), l'âge d'inclusion dans le programme (45, 50, 55 ou 60 ans), l'âge de sortie du programme (75, 80 ou 85 ans), le degré de tabagisme (10, 20, 30 ou 40 paquets/années) ou le délai depuis l'arrêt du tabac (10, 15, 20 ans).
« En faisant varier ces paramètres, la proportion de la population incluse en partant d'un échantillon de 100 000 hommes peut passer de 11,2 à 36 %, le nombre des examens réalisés de 45 785 à 561 744, le pourcentage de cas de cancer détectés à un stade précoce de 42 à 55 %, la réduction de la mortalité de 4,6 à 19,4 % et les années de vie gagnées de 1 823 à 7 693.
Le scénario que nous avons retenu comme étant celui qui est le plus balancé en termes de bénéfice/risque est la réalisation annuelle d'un examen entre 55 et 80 ans chez les fumeurs qui ont fumé plus de 30 PA ou qui ont cessé de fumer depuis15 ans ; il concerne 19 % de la population. Dans la mesure où la population des pays industrialisés vieillit, ce scenario permet d'optimiser le diagnostic chez les seniors par rapport à celui de l'étude NLST (examen triannuel, de 55 à 74 ans chez les hommes qui ont fumé plus de 30 PA ou qui ont cessé depuis moins de 15 ans). C'est aussi ce scenario qui permet de limiter le risque de surdiagnostic à 10 % des cas de cancer détectés et de ne prévoir qu'un nombre limité de cancers radio-induits (24 cancers pour 100 000 hommes dont 19 000 inclus dans le dépistage annuel) ».
Le Dr De Koning déclare que l'étude a été rendue possible par la participation de Siemens Allemagne et Roche Diagnostics. Elle a été financée par l'Agency for Healthcare Research and Quality (AHRQ), Etats-Unis. |
Citer cet article: Dépistage du cancer du poumon : modélisation de la stratégie gagnante - Medscape - 22 oct 2013.
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