Mâcher du bétel majore le risque cardiovasculaire

Shelley Wood, Vincent Bargoin

Auteurs et déclarations

7 octobre 2013

Barcelone, Espagne - Selon une équipe japonaise, la consommation de bétel en Asie, et son augmentation, jouent peut-être un rôle dans l'épidémie régionale de diabète. L'information a été donnée par le Dr Tomohide Yamada (Tokyo, Japon), lors du congrès de l'European Association for the Study of Diabetes. L'étude est par ailleurs publiée dans la revue PLoS[1].

En termes de santé publique, le bétel n'est pas un inconnu. Il contient des alkaloïdes dont les dérivés nitrosylés sont reconnus comme facteur de risque de cancers oro-pharyngés par l'OMS.

S'agissant des maladies cardiovasculaires et du diabète, un certain nombre d'études ont été menées. Les données présentées par le Dr Yamada constituent la plus importante méta-analyse réalisée sur la question.

L'équipe a recherché tous les travaux publiés entre 1951 et 2013, comportant des données sur la consommation de bétel et une collection de facteurs de risque cardiovasculaire et métabolique.

580 études ont été identifiées, parmi lesquelles 17 ont été sélectionnées (5 études de cohorte et 12 études cas contrôle. N=388 134).

Des analyses ajustées montrent une association entre l'habitude de mâcher du bétel, et la mortalité toutes causes (RR=1,21 ; p=0,02), les maladies cardiovasculaires (1,20 ; 0,02), l'obésité (1,47 ; <0,001), le syndrome métabolique (1,51 ; 0,01), le diabète (1,47 ; <0,001), l'HTA (1,65 ; p=0,06), l'hypertriglycéridémie (1,63 ; 0,04) et l'insuffisance rénale (1,55 ; 0,004). Toutes ces associations sont donc significatives, excepté pour l'HTA.

Des mécanismes explicatifs


Bien sûr, il peut exister d'énormes facteurs confondants - en particulier le fait que les mâcheurs de bétel se trouvent majoritairement dans les classes populaires.

Néanmoins, l'habitude, à la fois peu coûteuse et perçue comme « naturelle », se répand, a souligné le Dr Yamada, en ajoutant qu'elle concerne de l'ordre de 700 millions dans la zone Asie-Pacifique.

Précision supplémentaire : 60% de la prévalence mondiale du diabète est concentrée en Asie, et c'est dans la région qu'elle augmente le plus rapidement.

Sur le plan de la santé publique, les résultats japonais sont donc potentiellement très importants.

Pour le moment, l'argumentaire est strictement épidémiologique.

Le Dr Yamada a cependant indiqué plusieurs mécanismes, qui pourraient expliquer la corrélation épidémiologique.

L'inflammation chronique, d'une part, puisque le bétel favorise la libération de médiateurs de l'inflammation et de radicaux libres.

Une interaction avec l'insulino-sécrétion, d'autre part, puisqu'une substance contenue dans le bétel, l'arécoline, stimule l'appétit.

Enfin, un effet stimulant sur le rythme cardiaque, lié à des effets neurologiques du bétel.

Ces mécanismes doivent être étudiés plus en détail, a conclu le Dr Yamada, en rappelant les limites des études épidémiologiques.

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