Le sport aussi efficace qu'un antidépresseur ? Une revue Cochrane s'interroge 

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

24 septembre 2013

Edimbourg, Royaume-Uni — En l'absence de traitement, les patients dépressifs tirent un léger bénéfice de l'activité physique comparés à ceux qui n'en pratiquent pas, d'après une revue Cochrane [1]. Mais, étonnamment, ce bénéfice ne ressort plus lorsque seuls les meilleurs essais sont pris en compte. Plus surprenant encore, le sport semble aussi efficace que la psychothérapie, ou que les traitements pharmacologiques. Cette dernière conclusion s'appuie, toutefois, sur un faible nombre d'essais de petite taille, signalent les auteurs, Cooney GM (Service de Psychiatrie, Royal Edinburgh Hospital, Edimbourg, Royaume-Uni) et coll.

Les auteurs de la revue rappellent que la dépression est une maladie fréquente et handicapante, affectant plus de 100 millions de personnes dans le monde entier. Ils ajoutent que si les psychothérapies et les traitements pharmacologiques ont fait la preuve de leur efficacité, de nombreux patients sont à la recherche de traitements alternatifs.

Des recommandations du National Health Service (NHS) suggèrent que l'exercice pourrait être une alternative mais, pour les auteurs de la revue Cochrane, l'exercice n'a pas fait la preuve de son efficacité dans le traitement de la dépression.

Auparavant, une revue Cochrane de 2010 a suggéré que l'exercice pouvait réduire les symptômes de la dépression mais l'effet était très limité et ne semblait pas durer à l'arrêt de l'exercice physique.

Dans leur nouvelle revue, les auteurs ont inclus tous les essais contrôlés randomisés publiés jusqu'en mars 2013 dont l'objectif était d'évaluer l'efficacité de l'activité physique comme traitement de la dépression chez les adultes et qui avaient un bon niveau méthodologique.

Des données surprenantes


Au total, les auteurs ont inclus 39 études colligeant les données de 2326 participants.

Les 35 essais (1356 participants) qui comparent l'activité physique à l'absence de traitement ou à une intervention de contrôle montrent que l'effet clinique de l'exercice est modéré : la différence moyenne standardisée (DSM) entre les deux groupes est de -0,62 (IC : -0,81 à -0,42).

Aussi, lorsque seuls les 8 essais avec un suivi à long terme sur l'humeur sont inclus dans l'analyse, l'activité physique apporte un léger plus (DSM : -0,33, IC -63 à -0,03).

En revanche, lorsque seuls les six essais (464 participants) avec la meilleure méthodologie sont inclus dans l'analyse, les résultats ne sont pas statistiquement significatifs.

En parallèle, un essai (n=18) montre que l'activité physique est plus efficace que la luminothérapie (DS -6,4, IC -10,2 à -2,6).

Enfin, sept essais comparent l'exercice et la psychothérapie (189 participants) et ne trouvent pas de différence significative. De la même façon, 4 essais (n=300) montrent une efficacité similaire entre l'activité physique et les traitements pharmacologiques.

Les auteurs précisent, toutefois que ces résultats « s'appuient sur un petit nombre de petites d'études. »

Au final, les auteurs indiquent que leur analyse ne permet pas de conclure avec certitude au bénéfice de l'activité physique sur la qualité de vie des patients dépressifs.

Ils appellent à ce que de nouvelles recherches étudient quels types d'activités pourraient bénéficier au mieux aux patients dépressifs et soulignent que des essais de plus grande taille sont nécessaires pour savoir si l'activité physique est « aussi efficace que les antidépresseurs ou les psychothérapies » !

Les auteurs n'ont pas déclaré de liens d'intérêt en rapport avec le sujet.

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